Cet été, choisissez l'indolence et la paresse.

Publié le 26/06/2010 à 18:53

Cet été, choisissez l'indolence et la paresse.

Publié le 26/06/2010 à 18:53

BLOGUE. On dit que l’ardeur au travail est éventuellement récompensée. Par contre, il faut savoir que l’indolence et la paresse récompensent toujours immédiatement…

L’urgence, l’immédiateté, l’instantanéité et la vitesse semblent être aujourd’hui les seuls critères organisationnels dignes de mention ou de mérite.

On crie que tout est urgent, que tout doit être fait immédiatement et rapidement et que rien n’est jamais assez vite. Pourtant, l’urgence n’est que le jugement que l’on porte dans un certain milieu sur une situation donnée; subjective, l’urgence peut être qu’illusoire. L’immédiateté, elle, est le lot de la machine et la rapidité, de son côté, n’est qu’un critère d’évaluation parmi d’autres qui considère que « vite, c’est mieux ». D’ailleurs, posons la question : « est-il possible, ou même souhaitable, d’être « Bon » rapidement »? Poser la question, c’est un peu y répondre… Rappelons enfin l’adage qui disait « vite et bien ne vont pas ensemble ». Dans une logique d’immédiateté, d’instantanéité et de rapidité, l’accessoire recouvre souvent l’essentiel; le choix du moyen masque la finalité au nom de l’urgence, de l’immédiateté et de la rapidité. En faisant tout dans l’urgence et dans la vitesse, on manque fréquemment le but.

Il peut être étonnant d’apprendre en consultant les statistiques sportives que depuis les 100 dernières années le temps requis pour courir l’épreuve du 100 mètres aux Jeux Olympiques n’a diminué que de quelques secondes. Pendant ce temps, l’arrivée des nouvelles technologies a bouleversé l’environnement de l’humain en réduisant par milliers le temps nécessaire à une machine pour faire certaines tâches autrefois impossibles à faire ou accomplies par l’humain. Depuis ce temps, l’humain tente de rattraper la machine, rêvant de la dépasser. Peine perdue. La lutte est inégale. Dans ce match de la rapidité, de l’instantanéité et de l’urgence, c’est la machine qui gagnera. L’humain évolue moins vite que la machine.

Par contre, doit-on pour autant abandonner tout espoir? Où réside cet espoir?

Là où la machine ne peut choisir de prendre le temps, l’humain, lui, le peut encore. L’indolence et la paresse sont des composantes essentielles au repos de l’esprit. Il faut en faire le choix. C’est d’ailleurs une réflexion sur ce choix, celui de l’indolence et de la paresse, que nous vous proposons dans ce bloque d’avant les vacances.

 * * *

Très tôt dans notre vie nous avons appris de nos parents à mesurer et à avoir peur de ce que la paresse pourrait nous fait perdre. Avons-nous déjà pensé à ce que la paresse pourrait nous faire gagner?

D’entrée de jeu, il faut savoir que pour paresser sérieusement, il faut autant de vertus que le travail : il faut de la culture, de l’ouverture d’esprit, puis le goût de la méditation et du rêve. Des éléments bien rares aujourd’hui.

Parfois, pour éviter de paresser ou de paraître paresseux, on bouge, on s’agite et, quelque fois, on voyage. En théorie, voyager ouvre l’esprit. Cependant et tristement, de nos jours, on peut remarquer que plusieurs voyagent pour avoir vu quelque chose ou un lieu plutôt que pour voir cette chose ou ce lieu. Soit que l’on veut simplement oublier et l’on choisit de déplacer notre point de vue; soit que l’on veut voir si les Pyramides d’Égypte ressemblent bien à celles promises dans la brochure. Combien de gens disent avoir vu le Colisée de Rome? Combien peuvent vous en parler au-delà du fait qu’ils l’ont vu?

Avant de voyager, on n’a souvent que peu lu sur la destination à visiter. On n’en a pas le temps. On a consulté le web, ça va plus vite… Sur les lieux, on a pris une photo que l’on montrera aux amis pour certifier que l’on a bien vu le Colisée (regarde : il est derrière moi). Le Colisée a été vu. Allez, prochaine étape…

Il faut aussi savoir que ce n’est pas parce que l’on change de place, que l’on change d’endroit que notre vie se portera mieux, que nous serons soulagés. Il faut apprendre à voyager vers nulle part, à voyager vers soi. Il ne faut pas chercher à se fuir.

Souvent, en s’étourdissant, on veut échapper à la mélancolie, au spleen, on cherche à se fuir soi-même alors que la réponse est justement : nous-mêmes.

La vitesse tue, dit-on sur les routes. Mais, que reste-t-il d’une vie vécue à 150km/heure? Rien. Rien du tout. Pas même une parcelle d’étincelle. Vivre à ce rythme ne permet pas d’apprécier l’existence. On n’en voit que le défilement. Nous sommes alors comme un obus lancé vers le ciel. Vers l’infini du rien. Il en résulte que dans la vie, rien n’a de sens, à moins que nous choisissions de lui en donner. Et pour ce faire, il faut du temps. La vie ne devrait pas être vécue derrière les fenêtres d’un autobus.

Paresser, c’est être infidèle. Soyez-le sans remords; oubliez vos amis avec des inconnus; oubliez votre travail en regardant les étoiles. Oubliez vos problèmes en lisant un livre. Désertez volontairement. Apprivoisez le temps.

Connaissant déjà l’extérieur des choses, paressez un peu et apprenez à connaître l’intérieur de l’Humain.

Les occupations bousculeront toujours la vie; les loisirs ne se présenteront jamais, on les désirera toujours. C’est pourquoi il faut savoir que le temps n’est pas quelque chose qu’on a, c’est quelque chose que l’on prend. Tout passe, tout change, tout disparaît, sauf le temps. C’est pourquoi il faut savoir le saisir.

La chenille ne peut se transformer en papillon plus rapidement parce qu’on lui crie de le faire plus vite. La Nature a son propre rythme; elle prend quelques semaines pour faire un papillon, une vie pour faire un adulte. Tant pour le papillon que pour l’humain, on ne peut pas aller plus vite que la Nature.

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De cette manière, à force de vivre dans l’illusion de l’instantanéité, on oublie qu’il faut du temps pour se faire une tête. Il faut plus de temps pour lire un livre que pour consulter un résumé sur Internet.

Il faut du temps pour se cultiver, pour se faire une opinion, pour être en mesure de penser par soi-même. Il faut aussi du temps pour ne rien faire, pour s’ennuyer, pour paresser. C’est ce temps de paresse qui nous ramène à notre essence, qui nous permet de nous reconnaître. C’est la paresse qui, en nous présentant à nous-mêmes, nous permet de devenir ce que nous sommes réellement.

Paresser, c’est vivre un peu plus. Et vivre, il faut l’apprendre toute sa vie.

Dans notre rapport au temps, ce n’est pas le temps qui passe, c’est nous qui passons. Le vrai luxe est celui de prendre du temps. Le vrai repos vient de nous. Pas des autres.

Toute paresse est bonne, excepté celle du cœur.

En ces mois d’été, choisissons la paresse.

* * *

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