Nouvelles règles pour les dérivés … mais pas pour Wall Street

Publié le 15/03/2010 à 21:47

Nouvelles règles pour les dérivés … mais pas pour Wall Street

Publié le 15/03/2010 à 21:47

Par Paul Dontigny Jr

Il y a beaucoup de propositions pour règlementer les 600$ billions (Trillion en Anglais) de produits dérivés qui existent. 

 

                      600 000   

Milles

               600 000 000   

Millions

         600 000 000 000   

Milliards

   600 000 000 000 000   

Billions

 

600 Billions, pour mettre en perspective, c’est équivalent à 1,8$ millions pour chacun des 330 millions d’Américains. 

Mais attention, cela signifie que quelqu’un doit acheter quelque chose pour 600$ billions à une date prédéterminée, et que quelqu’un d’autre doit livrer quelque chose pour 600$ billions.

Le quelque chose ?  Actions, obligations, indices, or, monnaies, autres produits dérivés, hypothèques, garanties, … aussi nombre de pouces de neige, une fluctuation de différentiel de taux d’intérêts, assurances, etc.  En fait n’importe quoi sur lequel on peu « gager » selon une fluctuation de prix futur, ou un évènement quelconque.

La majorité de ces contrats ont été créés depuis 1999 et étaient des contrats privés entre deux institutions, avec un texte écrit décrivant les règles du contrat.

Quand Warren Buffett a acheté une compagnie d’assurance au dé.but des années 2000, ça lui a pris 5 ans pour vendre la majorité. Des produits dérivés qu’il aurait voulu liquider en un jour.  Et il vendait dans le meilleur des marchés.

Maintenant, les tentatives de « deleveraging » de l’économie incluent ;a réduction des dérivés et il y en a beaucoup à vendre … dans le pire des marchés (à part fin 2008 et début 2009).

C’est dans ce contexte que les autorités règlementaires et le gouvernement américain (Congrès, Maison-Blanche, Secrétaire du trésor, Fed, etc) ainsi que ses divers organismes, dont aucun n’a vu venir la crise des produits dérivés, qui était pourtant annoncée par plusieurs depuis aussi loin que 2003, veulent maintenant règlementer et standardiser les produits dérivés. 

Mieux vaut tard que jamais …

On apprend, alors que les règles proposées ne sont même pas publiques et loin d’être adoptées, que Wall Street tente d’exclure de ces règles futures plus de 300$ Billions de produits dérivés qu’ils ont sur leurs livres ou sous leur garantie.

Pour toute réponse, le gouvernement a annoncé cette semaine qu’elle blâmait Wall Street et ses banques pour les excès causés par ces dérivés.  

Je l’ai dit et je vais continuer à le répéter : Ce sont les produits dérivés et la dette reliée qui font que la crise actuelle pourra difficilement se terminer autrement que par une grande dépression comme celle des années 30, ou une dépression style Japon.  Le gouvernement le sait, la Fed le sait et Wall Street le sait.  Et ce ne sont certainement pas eux qui vous le diront.

Le message officiel doit se baser sur le principe « donnez-leur du pain et des jeux ».  Occuper la population pendant qu’on continue à ne pas faire les véritables ménages, qu’on continue à protéger ceux qui nous ont appauvris de plusieurs décennies de dur travail et d’épargne, que l’on continue à dilapider les biens public et à augmenter les taxes.

Il est certain que nous allons payer.

Il est certain que les conséquences de la crise se feront sentir pendant plusieurs années.  Je parle de conséquences mais la crise elle-même n’a même pas fini de se produire.  Je considère qu’elle n’est encore que dans sa première moitié. 

Il est très probable que la croissance à long terme à partir d’aujourd’hui pour l’Amérique sera plus basse que les moyennes de croissance que nous avons connues après 1945. 

Les évaluations boursières devraient donc être en-dessous des moyennes alors qu’elles sont loin au-dessus.

C’est pourquoi je continue de croire que le niveau d’équilibre de l’indice Dow Jones est autour de 5 000 (ce que je crois depuis l’an 2000 et je l’ai reconfirmé régulièrement depuis ce temps).  L’équilibre pour les autres indices sont à des niveaux semblables selon leur risque.  Pour les plus risqués par exemple, une baisse de plus de 50%.

Il est fort probable que les taux d’intérêts seront bas pour les gouvernements centraux des ays industrialisés et plus hauts pour tous les autres émetteurs d’obligations.

Le dollar américain sera un refuge parce que les autres refuges potentiels sont en aussi mauvaise posture que les américains.  La Chine n’a pas la structure légale ni politique pour être un refuge, pas plus que le Brésil, l’Inde ou la Russie.

Alors n’oubliez pas que le centre de cette crise n’est pas l’hypothèque, ni l’immobilier et même pas la bulle boursière.  Le centre de cette crise est l’effet de levier monstre créé avec des produits dérivés qui ne peuvent pas être liquidés, réparés et redémarrés comme on l’avait fait pour les Savings & Loans des années 90, ou comme on le fait pour une compagnie comme Air Canada.

Les dérivés sont plus gros que le gouvernement.

C’est pourquoi je persiste à croire que ceux qui se fient aux promesses des gouvernements de « s’occuper des pertes reliées aux dérivés » (CDO’s SIV, PCAA, Credit default swaps et autres) n’agissent pas avec prudence.  Il y a beaucoup de raisons pour que le gouvernement ne puisse pas régler le tout en douceur et en cachette.

Nous ne parlons pas ici du 400$ milliards de pertes totales qui ont été cachées dans « resolution trust corporation » au début des années 90.  Le public a payé sans jamais le savoir.

Et cette fois nous avons commencé à payer et nous avons dépassé de loin le 400$ milliards, sans trop le savoir.

Il reste probablement plus de 2 000$ milliards de pertes et la facture estimée augmentera à mesure que les cachettes seront mises au grand jour…

Paul Dontigny Jr, M.Sc., CFA

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