Chronique d'une démission annoncée

Publié le 06/04/2012 à 18:12, mis à jour le 12/04/2012 à 14:34

Chronique d'une démission annoncée

Publié le 06/04/2012 à 18:12, mis à jour le 12/04/2012 à 14:34

Par Nathalie Francisci

BLOGUE. Il y a trois types de démissions. Celle qui nous prend par surprise (on est jamais à l’abri d’une opportunité extraordinaire), celle que l’on sentait venir depuis quelques temps (la routine qui s’est installée, l’atteinte du seuil d’incompétence) et celle qui était écrite dans le ciel dès le premier jour : la démission annoncée.

Une erreur de recrutement coute très cher, non seulement à l’entreprise mais aussi à l’individu qui quitte. C’est un gâchis de temps et d’argent qui aurait pu être évité dans bien des cas si l’on n’avait pas cédé tantôt à la facilité, tantôt à l’aveuglement volontaire de part et d’autres, trop pressés de « faire un bon coup » et annoncer la nouvelle sur les marchés ou à son réseau. Mais bon, soyons réalistes, les êtres humains n’étant pas des machines, il faut savoir vivre avec l’imprévisible parfois.

Naissance d’une « démission annoncée ».

La démission annoncée se déclare bien avant les irritants et les frustrations qui conduiront un individu à quitter. Elle est née lors de la première entrevue d’embauche et le premier jour au moment même de franchir le seuil du bureau. Très rapidement, un certain malaise comme un inconfort s’infiltre dans la tête de la nouvelle recrue. La couleur du tapis ou des murs paraissent plus fades que lors des premières visites, la taille du bureau a rétrécie et elle est beaucoup plus petite que ce que l’on avait promis (ou imaginé), le regard en coin du collègue qui en dit long sur ses intentions de vouloir faire la peau de ce nouvel intrus.

La démission prend sa source dans les silences et les non-dits, les poignées de mains qui s’offrent le luxe de se passer d’explications et de détails pourtant mérités, les programmes de rémunérations trop complexes pour oser poser des questions et les bonis garantis qui n’en sont pas. Sans compter la culture de l’entreprise dont les valeurs si fièrement arborées ne dépassent pas le cadre duquel elles sont accrochées (généralement à la réception ou dans les salles du Conseil).

Miroir, miroir, dis-moi ce que je veux entendre….

Le candidat, une fois embauché, son annonce clamée haut et fort sur les réseaux sociaux et les prestigieux avis de nominations a tendance à ignorer ces petites voix intérieures, intuitions pernicieuses, pour mieux se lancer dans sa nouvelle job et prouver au monde qu’il méritait ce poste tant convoité. Normal après tout puisqu’il a passé avec succès toutes les étapes d’un long processus de sélection infaillible, tests et références à l’appui. Pourtant, au fil des mois, sa petite voix intérieure lui a rappelé que certains signes ne trompent pas. La couleur du tapis est effectivement insipide, le bureau a bien rétréci au lavage et le collègue veut clairement sa peau : il aurait du se méfier. Quant à son patron, la lune de miel consommée, sa vraie nature a repris le dessus. Tout est une question de temps avant que les premières conversations stimulantes prennent le virage de visions divergentes.

Une fois que toutes les bonnes raisons de rester seront épuisées, chacun s’attaquera à tous les motifs pour mettre un terme à une relation qui n’aurait jamais du commencer.

Lorsqu’un recrutement est mis en échec dans les mois suivent l’embauche (jusqu’à 12 ou 24 mois selon le niveau de l’individu), rien ne sert de chercher le coupable, tous sont fautifs dans l’affaire. Ni l’individu ni l’entreprise n’ont jamais vraiment mis les cartes sur table, chacun trop occupé à jouer le jeu de la séduction. Le recrutement est tout sauf un jeu de rôle qui a tout intérêt à mettre les cartes sur table et jouer celle de la transparence. La prochaine fois que vous vous lancerez dans un processus de sélection, soyez attentifs et restez à l’écoute de vos intuitions.

A propos de ce blogue.

Nathalie Francisci a œuvré en recrutement de cadres pendant près de 20 ans. Entrepreneure, experte en gestion des talents, elle est reconnue comme l’une des références au Québec. Femme d’affaires engagée, elle siège sur plusieurs Conseils d’Administration dont l’Institut des Administrateurs de sociétés dont elle assume la Présidence depuis 2011. Conférencière et chroniqueuse, ses interventions font la différence par l’énergie et style direct qui s’en dégagent. Passionnée par nature, elle n’oublie jamais qu’elle travaille avec des gens, pour des gens. Le « Journal d’un Ex Chasseur de têtes » partagera avec vous ses réflexions et expériences sur l’univers du recrutement et de la gestion des talents pour faire réfléchir autant les individus que les organisations.

Nathalie Francisci a été Finaliste au Concours des Mercuriades en 2001, elle a reçu le Prix «Nouvelle Entrepreneure du Québec » en 2001 et « Entrepreneure – petite entreprise » en 2007 décerné par le RFAQ et elle a remporté le Prix Arista en 2008. Elle porte les titres de CRHA et de IAS.A.

Consultez son site Internet www.nathaliefrancisci.com ou écrivez-lui à nathalie@francisci.com .

 

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