Répartition de l'actif à la retraite

Publié le 29/10/2012 à 10:22, mis à jour le 30/10/2012 à 10:09

Répartition de l'actif à la retraite

Publié le 29/10/2012 à 10:22, mis à jour le 30/10/2012 à 10:09

Par Michel Marcoux

BLOGUE. Tout d’abord, détruisons le mythe qui veut que, plus on vieillit, plus on devrait privilégier les obligations ou les produits générant un revenu fixe au détriment des actions.

Évidemment, quand on constitue un portefeuille, on ne veut pas passer des nuits blanches à s’en inquiéter. Mais, tout aussi important, on veut s’assurer de ne pas épuiser tout son avoir (autrement dit, son capital) avant de mourir. Dans cette perspective, on doit apprendre à s’accommoder, sa vie durant, d’un portefeuille beaucoup plus volatile que par les décennies passées. La raison? On a aujourd’hui une espérance de vie beaucoup plus élevée que par le passé.

Il y a quelques décennies à peine, on pouvait travailler jusqu’à 62 ou 63 ans, et l’espérance de vie se situait à environ 65 ans. La durée de financement de la retraite dépassait à peine trois à cinq ans. Aujourd’hui, chacun espère prendre sa retraite à 60 ans, alors que l’espérance de vie dépasse les 83 ans, femmes et hommes confondus. Notre plan de retraite doit donc s’appliquer à une période de vingt-trois à vingt-cinq ans, soit une période quatre à huit fois plus longue que par le passé.

Adapter la formule à la nouvelle réalité

Auparavant, plusieurs utilisaient la formule « 100 moins l’âge de l’individu» pour établir le pourcentage maximal d’actions devant être détenu par un investisseur.

Par exemple, pour une personne de 60 ans, on utilisait la formule 100 – 60 (âge de l’individu). En conséquence, le portefeuille de cet individu devait contenir 40 % d’actions. Étant donné que quelque vingt ans se sont ajoutés à l’espérance de vie, nous devrions aujourd’hui utiliser la formule suivante : 120 moins l’âge de l’investisseur. Pour une personne de 60 ans, les actions devraient donc constituer 60 % du portefeuille, plutôt que le 40 % obtenu selon l’ancien calcul.

Évidemment, plus la pondération en actions sera forte, plus le risque associé (autrement dit, la volatilité) sera élevé. Mais il faudra peut-être s’y résigner. En forçant un peu la note, on pourrait dire qu’on a le choix suivant : mourir de faim ou de stress.

Et on peut maîtriser le stress. Pour ce qui est de volatilité des marchés, on finit par s’y habituer. De plus, on peut gérer le risque. Mais apprendre à vivre avec la faim… personne ne veut s’y résoudre.

L’arrivée de la retraite ne signifie plus qu’un épargnant doive automatiquement se réfugier dans les certificats de placement garanti (CPG) ou dans les fonds du marché monétaire.

Le professeur Moshe Milevsky en vient à la même conclusion en s’appuyant sur une méthode statistique qu’il expose dans un de ses livres, Investir en toute logique (Éditions Transcontinental).

Pour en arriver à ces résultats, M. Milevsky s’est basé sur des simulations Monte Carlo. La simulation Monte Carlo est un modèle qui permet d’effectuer des prédictions à partir de variables multiples. L’objectif est de créer un modèle similaire à la réalité. On utilise la simulation Monte Carlo dans des domaines aussi divers que la physique et l’économie. Cette méthode est même utilisée pour optimiser la gestion du trafic routier. Les simulations élaborées par M. Milevsky tiennent donc compte d’une multitude de variables touchant aux marchés financiers et aux statistiques sur la mortalité.

Pour les actions, il a supposé un rendement réel moyen de 7,5 % combiné à une volatilité de 20 %. Pour les CPG, le taux de rendement réel moyen a été établi à 1,5 %. En ce qui concerne la mortalité, le professeur s’est basé sur les tables de mortalité publiées en 1996 par Statistique Canada. Divers scénarios ont été générés à partir de toutes ces données. Et les résultats sont très surprenants... M. Milevsky prend l’exemple d’une femme de 65 ans disposant d’un capital initial de 200 000 $ et désirant en tirer un rendement réel de 15 000 $ par année.

Si elle place tout son capital dans des CPG, la probabilité qu’elle manque d’argent avant sa mort est de 71 %. Par contre, si elle décide d’investir 100 % de son capital dans des actions, cette probabilité tombe à 32 %.

Pour les hommes, dont l’espérance de vie est plus courte, les probabilités sont quelque peu différentes. Ainsi, pour un homme de 65 ans engageant tout son argent, soit 200 000 $, dans des CPG, la probabilité d’épuiser complètement ce capital n’est plus que de 47 %. Et cette probabilité tombe à 22 % pour l’investisseur de sexe masculin qui consacre 100 % de son avoir aux actions. La probabilité d’épuiser son capital avant sa mort est donc plus faible pour les hommes que pour les femmes – un constat qui nous permet de penser que les hommes peuvent se permettre de dépenser davantage que les femmes...

Même à un âge plus avancé, l’exposition aux actions demeure tout à fait légitime. Pour un homme de 75 ans, l’investissement de l’intégralité du portefeuille dans des actions entraîne une probabilité de manquer d’argent de 9 %, par rapport à 15 % pour une femme.

L’accroissement du capital

Milevsky conclut donc qu’il est avantageux de détenir une partie de son avoir en actions. Qu’il soit fait à l’âge de 65 ou de 75 ans, l’investissement dans les actions assure un accroissement du capital qui permettra à l’épargnant de subvenir à ses besoins durant ses vieux jours. Cette conclusion va donc à l’encontre de la croyance populaire selon laquelle les retraités ne peuvent pas se permettre de courir un risque financier et ne doivent pas, par conséquent, toucher au secteur des actions. Mais lorsqu’on souligne l’intérêt du secteur des actions pour les retraités, cela

ne signifie surtout pas que ceux-ci devraient acheter n’importe quel titre. Les fonds de dividendes, par exemple, sont des produits qui permettent d’accroître son capital sans s’exposer à des risques trop élevés.

Quant aux CPG et aux fonds du marché monétaire, on ne saurait trop le répéter : leur trop forte présence peut augmenter pour les retraités la probabilité de « mourir de faim ». En effet, le rendement de ces produits est toujours anémique quand les taux d’intérêt sont bas, comme c’est présentement le cas.

Évidemment, les calculs de M. Milevsky sont basés sur des hypothèses bien précises et ne tiennent pas compte d’une multitude d’autres facteurs qu’il faut prendre en considération si l’on veut répartir adéquatement son avoir à la retraite, facteurs tels que l’impôt, la succession, les dettes et la pension. C’est à ce stade que l’apport d’un planificateur ou d’un conseiller financier peut constituer un atout important pour l’épargnant.

Michel Marcoux est conseiller financier spécialisé en fonds communs de placement et mandat privée et auteur de nombreux guides sur les finances personnelles.

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