La majorité des entreprises croient que la refonte de leur site Web ressemble à un coup de peinture sur un mur défraîchi. Mais, pour rester dans les analogies domestiques, il s'agit plutôt d'un véritable déménagement, dit Stéphanie Baron, directrice du développement des affaires chez Jezam, une firme montréalaise de communication numérique, qui conçoit des applications pour les tablettes.

«Comme lors d'un déménagement, on doit empaqueter, étiqueter, inventorier, classer et archiver notre contenu si on veut éviter d'en perdre. Et surtout, il faut faire les bons changements d'adresse !» explique Mme Baron.

Tout cela se prévoit des mois d'avance. «Et dans tous les cas, l'opération de refonte d'un site Web génère le même stress qu'un vrai déménagement», ajoute Mme Baron, qui est aussi rédactrice en chef du webzine Atypique.ca qui, comme le site de Jezam, a subi des métamorphoses ces derniers mois.

Plusieurs bonnes raisons

Pourquoi modifier son site Internet ? Tout simplement parce que les sites vieillissent, se démodent ou deviennent moins efficaces compte tenu de l'évolution des besoins.

«La première raison qu'invoquent nos clients, c'est qu'ils n'aiment plus l'image que leur renvoie leur site. Elle ne colle plus à la réalité de leur entreprise», explique Stéphanie Kennan, présidente de Bang Marketing. Sa firme est l'une des 200 agences de Montréal qui offrent un service de conception et de production de sites Web clés en main pour les entreprises.

Autre raison : des sites conçus il y a quatre ou cinq ans ne sont pas adaptés aux téléphones intelligents ou aux tablettes. Ce sont des sites très «pages jaunes, avec un style brochure, où il ne se passe rien», indique Mme Kennan, auteure de Mon site Web chez le psy.

La stratégie avant le design

Selon elle, la première étape d'une refonte passe par «la» question : qu'est-ce que je veux faire de mon site ? Vendre ? Me faire connaître ? Informer ?

«La stratégie passe avant le design et la maquette, dit Mme Kennan. Une firme de chasseurs de têtes aura des besoins bien différents de ceux d'une PME qui vend des vis. Le nouveau site devra intégrer les médias sociaux et les infolettres, et non les plaquer, comme on l'a fait trop souvent dans le passé.»

Quant au nouveau design du site, plusieurs options se présentent : il y a sur le marché quantité de modèles gratuits et dans l'air du temps, notamment chez Wordpress ou Blogspot. On peut aussi en créer un à la carte. Mais quoi qu'on choisisse, Stéphanie Baron suggère de faire appel, en cours de processus, à des designers Web, des experts qui sauront optimiser l'ergonomie du nouveau site, c'est-à-dire faire en sorte que la navigation soit naturelle et intuitive. «C'est ce que j'appelle le capital érotique de ton entreprise, dit-elle. Est-ce que c'est agréable à regarder, à utiliser ?»

Cela dit, elle croit qu'il vaut mieux investir davantage d'argent dans le marketing et la création de contenu que dans le design ou l'encodage.

Ne rien oublier

Une fois la stratégie et le design établis, il faut commencer à faire ses boîtes, comme le dit Mme Baron, c'est-à-dire vérifier que tout le contenu du site migrera d'une plateforme à l'autre.

Mieux vaut avoir une sauvegarde de ses données, bien sûr, mais surtout, une sauvegarde récupérable ! «J'ai vu des entreprises qui étaient certaines qu'elles avaient un back-up, mais celui-ci était inutilisable ou incomplet.»

Et encore plus incroyable, dit-elle : la majorité des entreprises n'ont tout simplement pas de sauvegarde. Lors d'une refonte, elles s'exposent au risque de perdre leur contenu.

Référencer pour continuer d'exister

Au moment de la refonte, il faut veiller à ce que tous les hyperliens soient encore valides et effectuer les bons changements d'adresse, le cas échéant.

«Je vois trop souvent, après une refonte de sites, des messages d'erreurs 404», dit Stéphanie Baron. Ainsi, avec de nouvelles URL mal codifiées, les anciens liens ne mèneront nulle part. «L'entreprise perd rapidement une crédibilité chèrement acquise, souligne Stéphanie Kennan. Elle redevient une pure inconnue.»

Plus fondamental, ajoute-t-elle, il faut s'assurer de garder un aussi bon référencement qu'avant la refonte. «Le ranking Google est la chose la plus importante.»

Et plus le site est gros, plus c'est compliqué.

Par la suite, il faut se donner du temps pour faire le rodage et vérifier que les fureteurs supportent le nouveau site. «La phase de test est longue mais essentielle, dit Mme Kennan. Le contrôle de qualité est important. Il faut compter deux semaines.» Et jusqu'à trois mois pour l'ensemble de cette refonte, des premières idées à la mise en ligne. «La plupart des clients veulent leur nouveau site en cinq semaines, ajoute-t-elle. C'est irréaliste.»

À quel rythme doit-on répéter l'exercice ? Sans nécessairement tout chambarder, «il faut mettre son site sur le divan du psy tous les ans, dit Mme Baron. On apporte bien sa voiture au garage deux fois par année pour la faire vérifier ?» Il faut régulièrement veiller à ce que son site Web soit toujours efficace et adapté à ses besoins, dit-elle.