Profitez de la crise pour revoir vos fonds

Publié le 17/01/2009 à 00:00

Profitez de la crise pour revoir vos fonds

Publié le 17/01/2009 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

L'occasion est belle de réexaminer son portefeuille de fonds communs.

Non seulement l'effondrement des cours peut avoir révélé des failles dans la répartition du portefeuille ou dans le choix des fonds, mais il peut aussi aider les épargnants à tester leur tolérance réelle au risque, et à réagir en conséquence.

La saison des cotisations au régime enregistré d'épargne-retraite (REER) est aussi un excellent moment pour revoir l'ensemble de son portefeuille, car l'argent frais qu'on y cotise aide à rééquilibrer son portefeuille de fonds communs.

Voici les six conseils et quelques choix de fonds de sept experts pour vous aider à effectuer une mise au point de votre portefeuille après la tourmente boursière des derniers mois.

1 Valider les fondations de son portefeuille

La dégringolade des Bourses est une occasion idéale pour revoir l'ensemble de son portefeuille de fonds pour s'assurer qu'il convient toujours, indique Dan Hallett, président de Dan Hallett & Associates.

Certains investisseurs ont peut-être découvert qu'ils supportaient mal d'avoir à subir de lourdes pertes en capital.

"Les investisseurs ont la mauvaise habitude de régler leur stratégie de placement sur le climat qui règne sur les marchés. Par exemple, ils achètent des parts quand les Bourses montent depuis un bon moment déjà. Ils devraient plutôt arrimer leur répartition à leur malaise devant une baisse des marchés", explique Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuilles chez PWL Capital.

Elle conseille de décortiquer froidement le contenu de son portefeuille afin de voir si la place qu'occupent les actions par rapport aux obligations est encore appropriée et si les types de fonds choisis conviennent toujours.

Dès cette étape, l'investisseur peut éliminer du bois mort de son portefeuille, tels que des fonds spécialisés ou spéculatifs. Si le portefeuille est trop concentré dans une Bourse ou dans un secteur, comme les ressources et les marchés émergents, il y a lieu de vendre les fonds en question, souligne Mme Gagné.

2 Rééquilibrer en douceur

Étant donné la conjoncture incertaine, mieux vaut ne pas chambouler son portefeuille. Les conseillers recommandent plutôt de le remanier en douceur, en fonction de ses objectifs personnels.

Si l'appréciation des fonds d'obligations en 2008 fait en sorte que leur part du portefeuille dépasse les balises d'origine de l'investisseur, il convient de les ramener à leur pondération d'origine, dit John De Goey, conseiller financier principal, Burgeonvest Securities.

L'indice de référence canadien des obligations, le DEX Univers, a affiché un rendement de 6,4 % en 2008. Un indice comparable aux États-Unis s'est apprécié de 14 %.

Mais attention ! La plupart des investisseurs ne devraient pas consacrer plus de 65 % de leur portefeuille aux fonds d'actions, dit Guy Daigneault, gestionnaire adjoint à la Banque Nationale Financière Everest.

"Les études démontrent qu'au-delà du seuil de 65 %, l'investisseur n'obtient pas un rendement supérieur pour le risque élevé qu'il assume", explique-t-il.

Dans les circonstances actuelles, M. Daigneault préfère répartir également dans le portefeuille les fonds d'actions et les fonds d'obligations.

"Le pire est probablement passé pour la Bourse, mais compte tenu qu'il y a autant un risque de déflation que d'inflation, il est sage actuellement de viser l'équilibre", dit-il.

3 Favoriser les fonds d'actions

Toutefois, plusieurs experts sont convaincus que la chute des Bourses en 2008 fait des actions le placement le plus attrayant pour ceux qui ont un horizon de placement de plus de trois ans.

"La cotisation REER pour 2008 devrait être investie dans les fonds d'actions", affirme M. De Goey.

"Pour ceux qui ont des liquidités, l'occasion est exceptionnelle d'acheter des fonds d'actions. Il est logique d'investir dans la classe d'actif qui a le plus baissé", fait aussi valoir Michel Boutin, président de Mérici Services financiers.

La chute des Bourses a rabaissé à 50 % la part des actions dans un portefeuille composé originalement à 60 % d'actions et à 40 % d'obligations. Il est approprié de ramener la part des actions à 60 %, précise M. De Goey.

M. Boutin suggère à ses clients d'investir au maximum de leur pondération personnelle dans les fonds d'actions, qu'elle soit de 30, 40, 50 ou 70 %. Et à ceux que 2008 a rendus frileux, il suggère d'attendre avant de réduire la place qu'ils accordent aux fonds d'actions afin de ne pas subir de pertes trop importantes. "Ce sera le temps quand le marché aura rebondi", dit-il.

4 Acheter de la qualité

La crise du crédit a rappelé l'importance d'investir dans les grandes entreprises solides, les plus aptes à braver une récession, souligne Philip Lee, analyste principal chez Morningstar Canada.

Pour ce faire, l'investisseur peut cibler des fonds communs dont les gestionnaires favorisent les titres de premier ordre.

Parmi les fonds préférés des analystes de Morningstar, M. Lee suggère le Fonds Mackenzie Ivy actions étrangères, le Fonds CI Signature revenu élevé, le Fonds Trimark et le Fonds Mawer placement international. "Tous ces fonds ont une approche qui a fait ses preuves à long terme et comptent sur les services de gestionnaires chevronnés", dit-il.

5 Investir progressivement

Instaurer un plan d'achat régulier par lequel on investit tous les mois un montant fixe dans les fonds, tout en respectant la répartition du portefeuille qu'on s'est fixée, devrait être la résolution annuelle des investisseurs, dit M. De Goey.

De cette façon, l'épargnant qui dispose de peu de liquidités peut revenir progressivement aux actions sans se soucier de savoir quand la Bourse prendra une trajectoire haussière durable.

Augmenter la taille des achats mensuels pendant la chute des Bourses rend cette discipline de placement encore plus rentable à long terme, précise M. Daigneault.

6 Diversifier son portefeuille d'obligations

Si les obligations gouvernementales sont peu attrayantes actuellement, en raison de leurs faibles rendements et de la possibilité que leur valeur baisse si l'inflation et les taux remontent, d'autres segments des obligations sont intéressants.

L'investisseur peut envisager d'ajouter à un portefeuille déjà bien diversifié des fonds d'obligations de sociétés. La crise du crédit a plombé la valeur de ces obligations et fait grimper leur rendement.

Tous jugent que le rendement élevé de ces obligations compense pour l'investisseur le risque que les entreprises ne puissent pas verser les intérêts et rembourser le capital en période de récession.

M. Hallett rappelle que les obligations d'entreprises se comportent davantage comme des actions que des obligations gouvernementales à cause du risque de crédit propre à chaque entreprise. L'épargnant devrait limiter ses placements dans de tels fonds à moins de 15 % de son portefeuille.

Pour sa part, M. de Goey n'hésiterait pas à y réserver le tiers de la partie obligations du portefeuille. "Ils ont subi une dégelée en 2008. De plus, ils ajoutent un élément de diversification au portefeuille."

Plusieurs fonds sont spécialisés dans de telles obligations. Le Fonds CI Signature revenu élevé que recommande M. Lee divise ses placements entre les actions et les obligations d'entreprises dotées d'une cote de crédit supérieure à BB+.

Barclays Investors Canada offre un fonds négocié en Bourse, iShares CDN Corporate Bond Index, qui reproduit l'indice canadien DEX des obligations d'entreprises.

Par ailleurs, les obligations gouvernementales à rendement réel retiennent aussi l'attention des experts. Elles constituent un bon moyen de se protéger contre une éventuelle reprise de l'inflation, puisque leurs porteurs récupèrent leur capital initial et reçoivent à l'échéance une somme qui correspond au taux d'inflation moyen durant la période de détention.

Or, ces obligations ont connu en 2008 leur pire année depuis 1994 parce que la baisse du taux d'inflation a fait chuter leur rendement. "Leur valeur déprimée en fait des aubaines", dit M. Hallett.

Dans cette catégorie, Michel Marcoux, président d'Avantages Services financiers, suggère le Fonds TD obligations à rendement réel.

M. Hallett recommande pour sa part les fonds négociés en Bourse, soit le iShares CDN Real Return Bond Index (Tor., XRB), au Canada, et le iShares TIPS Bond ETF (NY, TIP), aux États-Unis, en raison de leurs faibles frais de gestion.

dominique.beauchamp@transcontinental.ca

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