"Nous serons prêts pour attaquer le marché lors de la reprise, à la mi-2010"

Publié le 02/05/2009 à 00:00

"Nous serons prêts pour attaquer le marché lors de la reprise, à la mi-2010"

Publié le 02/05/2009 à 00:00

Récession et forte concurrence obligent, Transat A.T. tâche de réduire ses dépenses et d'accroître sa compétitivité pour traverser la crise sans dommages. Le voyagiste se dit aussi intéressé à réaliser, à moyen terme, des acquisitions au Mexique ainsi qu'aux États-Unis. Reste à voir si l'apparition de la grippe porcine (qui a forcé le report des vols vers le Mexique jusqu'au 1er juin), l'amènera à réviser ses plans.

Journal Les Affaires - L'industrie touristique traverse une période difficile. Qu'en est-il pour Transat ?

Jean-Marc Eustache - Selon nos analyses, l'année 2009 va être difficile, et il devrait en être ainsi au moins jusqu'au début de 2010. La reprise est attendue vers la mi-2010. Pour Transat, ce qui est clair, c'est que nous avons accordé nos flûtes pour traverser cette période difficile. Et nous serons prêts pour attaquer le marché au moment de la reprise.

JLA - Vous avez récemment annoncé des mises à pied. Est-ce qu'il s'agissait de la dernière vague ?

J.-M.E. - Il faut être prudent. On parle de 83 mises à pied et d'une création de 30 postes à Toronto et Montréal : donc, au total, il y a seulement 53 pertes d'emploi sur plus de 6 500 employés.

Ces mesures d'intégration de nos entreprises n'ont rien à voir avec la situation actuelle; elles ont cours depuis 2003.

Ces mises à pied ne sont donc pas faites dans le cadre d'une restructuration, mais font plutôt partie d'un effort d'intégration de nos services à la suite de nos acquisitions des dernières années. Mais je vous rassure : nous ne prévoyons actuellement aucune autre mise à pied.

JLA - Vous avez déjà annoncé une entente de nolisement avec CanJet, le report de certains projets hôteliers et la suspension du dividende. Quelles autres mesures mettez-vous en place pour traverser la crise ?

J.-M.E. - Actuellement, nous regardons de près le dossier des blocs de chambres d'hôtel qu'on achète dans les Caraïbes et au Mexique.

On est en train de terminer nos achats pour l'hiver 2009-2010. Il s'agit de s'assurer d'avoir le bon type d'hôtels et la bonne destination. C'est important parce qu'on sait qu'en période de récession, les gens continuent de voyager. Mais beaucoup de personnes réduisent leurs exigences d'hébergement. Alors qu'auparavant elles voulaient un hôtel quatre étoiles, elles optent pour trois étoiles, par exemple. Nous devons donc nous assurer d'avoir suffisamment de chambres trois étoiles pour répondre à la demande des clients l'hiver prochain.

JLA - Est-ce à dire que vous vous détournez de votre objectif de croissance des dernières années pour accroître votre compétitivité ?

J.-M.E. - Nous tentons de nous adapter à notre clientèle qui, en période de récession, cherche à réduire ses dépenses. Étant donné la surcapacité qu'on observe dans les destinations du Sud, nos marges souffrent forcément.

Nous avons donc mis un peu la pédale douce sur la croissance. Mais cela ne nous empêche pas de chercher de belles occasions de croissance. En particulier, nous sommes extrêmement intéressés par un pays comme le Mexique.

JLA - Pourquoi le Mexique ?

J.-M.E. - Pour deux raisons. D'abord, nous possédons des hôtels au Mexique que nous devons remplir durant la saison chaude, et ce, surtout par des touristes mexicains. Devenir propriétaire d'un voyagiste au Mexique, une entreprise qui, comme Vacances Transat, conçoit et vend des voyages, nous faciliterait la tâche. Deuxièmement, parce que nous aimerions profiter de l'afflux de Mexicains, qui sont de plus en plus nombreux à visiter le Canada. Quelque 250 000 touristes mexicains viennent ici chaque année. Nous croyons certainement pouvoir jouer un rôle accru dans ce marché.

JLA - L'assouplissement de la politique américaine à l'égard de Cuba risque-t-elle de nuire à vos activités dans ce pays ?

J.-M.E. - Pour l'instant, ça ne nous touche pas du tout. Soyons clairs : nous sommes le premier voyagiste au monde pour Cuba. Avec tous les Français et Canadiens que nous amenons là-bas, nous sommes même plus importants que les organisateurs de voyages cubains.

Ensuite, n'oublions pas que les Américains concernés par l'ouverture manifestée par l'administration Obama sont des ressortissants cubains qui iront d'abord et avant tout visiter leur famille, et certainement plus à La Havane que dans les complexes hôteliers.Éventuellement, il est vrai, ça pourrait nous toucher si l'administration américaine venait à ouvrir la porte à tous. Mais encore là, il n'est pas certain que les Américains en profiteraient. Leurs exigences sont supérieures à ce qu'offrent les hôteliers cubains. Je crois que cela pourrait freiner passablement le tourisme américain à Cuba.

JLA - Cuba n'offre que 40 000 chambres. Ne craignez-vous pas quand même une surenchère sur le prix des chambres ?

J.-M.E. - Nous ne vivons pas de pression en ce sens. Aucun hôtel n'a encore demandé de renégocier nos ententes.

Mais si le pire arrivait, et que des entreprises américaines parvenaient à nous supplanter à Cuba, nous pourrions toujours nous tourner vers les chambres laissées vacantes par les Américains dans d'autres pays, au Mexique ou ailleurs. Donc, pour être franc, je ne suis pas inquiet.

JLA - Est-ce que le marché américain vous intéresse toujours ? Et, si oui, pourquoi ?

J.-M.E. - Oui, et pour plusieurs raisons.

D'abord, les Américains représentent une clientèle importante pour notre offre hôtelière.

Ensuite, si nous étions propriétaire d'un grand voyagiste aux États-Unis, notre poids serait plus important lorsque viendrait le temps de négocier nos blocs de chambres avec les grands hôtels. C'est certain. Nous aurions accès à plus de chambres et pourrions négocier de meilleurs prix.

Voilà pourquoi nous nous intéressons autant au marché américain depuis des années. Si nous n'avons pas réalisé de transaction, c'est parce que nous n'avons pas encore trouvé exactement ce que nous recherchons.

JLA - En période de récession, de belles occasions se présentent parfois. Est-ce que votre situation financière est trop difficile actuellement pour que vous puissiez en profiter ?

J.-M.E. - Non. Si demain une entreprise dans le tourisme devenait intéressante pour Transat, nous aurions la capacité d'aller de l'avant.

Nous avons quand même certaines liquidités. Et si nous n'avions pas toutes les liquidités nécessaires, je suis convaincu que nous trouverions des partenaires financiers. Mais il faut que l'occasion soit parfaite.

Jean-Marc Eustache, président et chef de la direction de Transat A.T., était le conférencier du Rendez-vous financier Les Affaires du 23 avril dernier, à Montréal.

martin.jolicoeur@transcontinental.ca

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