Myca crée un "Facebook" de la santé

Publié le 16/04/2011 à 00:00, mis à jour le 26/04/2011 à 16:36

Myca crée un "Facebook" de la santé

Publié le 16/04/2011 à 00:00, mis à jour le 26/04/2011 à 16:36

Par Suzanne Dansereau

Le Québec résiste aux soins de santé prodigués de façon virtuelle. Pendant ce temps, aux États-Unis, la pratique se répand, et pas seulement pour des consultations de dépannage. Et devinez quoi ? C'est une société de Québec, appelée Myca Santé, qui est à l'avant-scène de cette révolution, en Californie. Comme dit l'adage, nul n'est prophète en son pays....

Voilà quelques semaines, la révélation de l'existence d'un service montréalais de consultations médicales par téléphone a suscité un malaise dans le système de santé québécois. DocTel - c'est son nom - n'est là que pour dépanner les gens qui ne veulent pas attendre de voir leur médecin, a plaidé son fondateur.

Or, en Californie, les multinationales Apple et Qualcomm ont récemment testé une plateforme technologique beaucoup plus intelligente que DocTel dans leurs cliniques médicales.

Appelée " Hello Health ", cette technologie permet au patient de consulter non pas un médecin, mais son médecin quand il le veut, où qu'il soit. Inutile de perdre une demi-journée dans une salle d'attente : le patient peut joindre son médecin à partir de son ordinateur ou de son téléphone portable, en accédant à un réseau Web conçu à cet effet. Il peut consulter son médecin par vidéoconférence ou, s'il ne s'agit que de lui transmettre un message, par courriel ou message texte. Lorsque c'est urgent, il peut obtenir un rendez-vous pour une consultation en personne la journée même.

Hello Health fait aussi des merveilles pour le médecin. Depuis son portable ou son ordinateur de bureau, ce dernier a accès au dossier médical complet de ses patients. Il n'a plus de dossiers papier à gérer, car tous ses documents sont numérisés. Hello Health s'occupe aussi de la gestion de toutes ses affaires : prise de rendez-vous, facturation, test de laboratoire, ordonnance, profil du patient, raison et nombre des visites, tout est mis à jour. Hello Health fonctionne comme un média social : un abonné (patient) donne accès à son profil à un autre abonné (médecin) qui peut transmettre de l'information à d'autres abonnés (laboratoire, spécialiste, thérapeutes), etc.

Des gains de productivité

C'est une petite société du parc technologique de Québec, Myca Santé, qui a conçu Hello Health.

Les deux actionnaires principaux de l'entreprise sont Nat Findlay, un entrepreneur en série de Québec (Aerobic Technologies, Xystos, Gutsgym), et Leonard Schlemm, un investisseur montréalais qui a fait fortune avec des centres de conditionnement physique.

" Hello Health correspond totalement à notre vision des soins de santé de l'avenir, explique Donald Jones, vice-président, développement d'affaires, santé et sciences de la vie chez Qualcomm. La technologie représente une économie de temps pour les médecins et les patients. Pour un employeur, cela veut dire des gains de productivité, notables d'après le projet-pilote que nous venons de finir. "

La beauté du projet, c'est que Hello Health permet au médecin de recevoir des revenus supplémentaires : grâce à la technologie, il peut traiter plus de patients et perdre moins de temps. À combien se chiffre ce surplus monétaire ? Myca fait miroiter aux médecins une hausse des revenus de 75 %. Le système est gratuit pour le médecin. Le patient, lui, verse 3 $ par mois pour être abonné au réseau et paie ses consultations en sus. Aux États-Unis, le patient devra acquitter seul la facture d'une consultation virtuelle, mais son coût sera moins élevé que celui d'une consultation en personne, où sa compagnie d'assurance le défraiera de la moitié de sa facture. BlueCross Blueshield (Croix Bleue - 100 millions de clients) a d'ailleurs investi 9 millions de dollars (M$) dans Myca en 2010, y voyant une façon de réduire ses coûts.

Le marché québécois fermé

Au début de mai, Myca saura si Apple l'a retenue comme fournisseur permanent à sa clinique de 12 000 employés, au terme d'un appel d'offres où elle faisait partie d'une liste restreinte de deux soumissionnaires. Quant à Qualcomm, elle rendra sa décision plus tard. Mais Myca vise clairement les États-Unis, où le président Obama a promis 50 milliards de dollars (G$) pour numériser les pratiques médicales. Myca y a ouvert deux bureaux. " Notre premier jalon sera atteint lorsque nous aurons une clientèle de 1 000 médecins, soit des revenus de 40 M$ ", relate M. Findlay. Elle en a présentement 40 et prévoit un chiffre d'affaires de 3 M$ en 2011.

Mais pas question de lorgner le Québec, où la société a pourtant grandi, bénéficiant de capital de risque, de crédits d'impôts et d'excellents programmeurs. Depuis sa création, Myca a tenté de démarrer deux projets, mais elle s'est heurtée à une " bureaucratie décourageante ", d'une part, et à un refus catégorique du Collège des médecins, d'autre part. L'un des projet était en télémédecine avec le Centre universitaire de santé McGill, " mais le ministère nous a imposé tellement de contraintes que le projet a été abandonné ", dit M. Schlemm. Puis, le Collège a bloqué un projet similaire à celui de DocTel à Québec, refusant d'endosser les diagnostics faits sans examen physique. " Pourtant, en ce qui concerne 80 % des consultations, le médecin ne touche pas à son patient pour le soigner, dit Nat Findlay. Évidemment, il a vu le patient avant. "

" Notre marché est aux États-Unis. L'adoption des nouvelles technologies y est plus rapide, et nous avons accès à 300 000 médecins, ceux qui travaillent en clinique. Nous espérons que le Canada emboîtera le pas aux États-Unis lorsque la technologie aura fait ses preuves. "

- Nat Findlay, Myca Santé

PROFIL

Nom : Myca Santé

Siège social : Québec

Nombre d'employés : 35

Marché : Amérique du Nord

Actionnaires principaux : Nat Findlay, Leonard Schlemm, Sandbox Industries Venture Fund

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