La vigueur du secteur du jeu vidéo n'a rien de virtuel

Publié le 14/11/2009 à 00:00

La vigueur du secteur du jeu vidéo n'a rien de virtuel

Publié le 14/11/2009 à 00:00

C'est l'un des secteurs d'activité qui ont été le moins secoués par la récession à Montréal, au point où il a continué à embaucher. Son effectif total s'élève maintenant à 7 000 personnes dans la métropole - des jeunes pour la plupart -, qui travaillent actuellement à une douzaine de projets d'importance. Et ce n'est certes pas la faute de ce secteur si le taux d'inoccupation reste élevé dans l'immobilier commercial, puisque les grandes entreprises du milieu sont en expansion.

Ce secteur-vedette, qui continue à confondre les sceptiques, c'est celui du jeu vidéo. Et sa diversité confirme le caractère international de Montréal.

Récemment, un nouveau studio - les termes de ce métier s'apparentent à ceux du cinéma - a annoncé son implantation prochaine en ville : la norvégienne Funcom, qui s'ajoute à la française Ubisoft, aux américaines VMC (de Microsoft) et Electronic Arts, à la britannique Eidos, à la québécoise A2M, et à une myriade d'autres acteurs qui produisent des jeux ou les testent pour en vérifier la qualité.

Et le monde entier attend la production d'ici. Le siège social parisien d'Ubisoft vient d'annoncer des résultats financiers en forte baisse. Pour un deuxième trimestre consécutif, ses ventes ont chuté de moitié. Mais l'espoir vient de Montréal : dans quelques jours, le 17 novembre, Ubisoft lancera Assassin's Creed 2, le nouvel épisode de ce qui a été un immense succès mondial et qui est déjà présenté par le site spécialisé Gamalive.com comme l'un des " hits de l'année ".

Stéphane D'Astous connaît bien tout cet univers fantasmagorique et virtuel. Cet ancien employé d'Ubisoft a reçu le mandat de mettre sur pied le studio montréalais d'Eidos, un des grands producteurs mondiaux qui vient d'être acquis par la japonaise Square Enix. Entré en poste le 1er février 2007, le directeur général d'Eidos s'est d'abord attelé à une tâche primordiale dans ce milieu : trouver les bonnes ressources ! Il a dû se démener, mais l'effectif d'Eidos atteint maintenant 277 personnes, sans qu'un seul produit né ici n'ait encore été commercialisé. C'est dire combien il faut de temps et d'argent pour fignoler des jeux de classe mondiale.

" En tout, plus de 10 millions de dollars sont actuellement consacrés à la conception et au développement de produits de pointe par les studios montréalais, dit M. D'Astous. C'est l'équivalent du plus gros budget de production jamais consenti pour un film québécois. Dans notre secteur, il n'y a pas de ralentissement dans les tournages... "

Montréal et Vancouver se sont imposés comme des centres clés à l'échelle internationale. Parmi les 100 jeux les plus vendus dans le monde, 25 sont issus des studios de ces deux villes (les studios de Vancouver se spécialisent dans le sport, toujours populaire).

Chez Eidos, on travaille sur deux importantes productions : Deus Ex 3, qui pourrait arriver sur le marché en 2010, et Thief 4, qui paraîtra plus tard. Pas moyen d'être plus précis, car il reste beaucoup à faire. Au bout du compte, la mise au point de Deus Ex 3 aura exigé l'équivalent de 100 personnes travaillant pendant 30 mois. Pour un jeu vidéo ? Comme ces jeux sont de plus en plus sophistiqués, il faut multiplier les scénarios, offrir aux joueurs mille possibilités d'interaction, peaufiner le design, vérifier et contre-vérifier les enchaînements... La tâche est colossale, mais pour des mordus, c'est un job de rêve.

" L'âge moyen, ici, est de 33 ans, un peu plus que ce qu'on trouve dans l'industrie ", précise M. D'Astous. Certains redoutent une pénurie de talents, mais nous n'en sommes pas encore là : en trois ans, M. D'Astous a reçu environ 12 000 candidatures ! Les postulants n'étaient pas tous qualifiés, bien sûr, de sorte qu'Eidos Montréal a quand même dû recruter à l'extérieur du pays. Résultat ? Des gens de 19 nationalités, parlant 17 langues, s'y côtoient tous les jours. On se croirait aux Nations Unies.

La ville de Québec n'est pas en reste; elle voit aussi croître un milieu de créateurs regroupés autour de l'antenne locale d'Ubisoft, de Sarbakan, de Beenox, de Frima et d'autres qui ont la planète dans leur mire. L'ancien quartier déshérité de Saint-Roch, dans la basse-ville, sert de point de ralliement. Le jeu vidéo comme moteur de réhabilitation urbaine ? Et pourquoi pas ?

Il faudra bien un jour renoncer à notre incrédulité et admettre cette plaisante réalité : le Québec est devenu une puissance dans le grouillant monde du jeu vidéo. Des jeunes sont en train de s'y tailler une belle carrière. Nous pouvons en être fiers.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Des emplois en quantité, mais de faible qualité

Un rapport de la CIBC met un bémol sur ce qui demeure un exploit au sortir d'une des pires crises qu'ait vécue l'économie planétaire. Le Canada a maintenu une grande quantité d'emplois durant la récession, mais la qualité des emplois s'est dégradée.

Vos réactions

" Maintenant, qu'on m'explique comment des gens dont les revenus baissent au lieu d'augmenter, dont le portefeuille de placements a fondu comme neige au soleil, qui sont endettés jusqu'au trognon, etc., vont aider à relancer une économie moribonde ? "

- Dencour

" Sans vouloir dénigrer aucune région, je vous dirais que je suis heureux de demeurer à Québec en ces temps de crise, car nous avons été beaucoup moins touchés que d'autres villes. "

- Benoît Laroche

" Je connais beaucoup de personnes ayant un diplôme d'études supérieures qui travaillent au salaire minimum. C'est honteux ! "

- klettre

rene.vezina@transcontinental.ca

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