La nouvelle dimension de Wrebbit

Publié le 27/10/2012 à 00:00

La nouvelle dimension de Wrebbit

Publié le 27/10/2012 à 00:00

Les casse-tête en trois dimensions inventés par Paul Gallant reviennent sur le marché. Ce sont d'anciens collaborateurs du fondateur de Wrebbit, décédé l'an dernier d'un cancer, qui ont décidé de faire revivre la populaire grenouille verte.

«On a tous une grenouille tatouée sur le coeur !» s'amuse à répéter le président, Jean Théberge, tandis qu'il nous fait visiter les locaux du nouveau Wrebbit situés dans le parc industriel d'Anjou, dans l'est de l'île de Montréal.

La production des casse-tête revus et grandement améliorés, grâce aux nouvelles techniques de conception sur ordinateur, a débuté en août. «On a déjà expédié trois conteneurs de nos nouveaux casse-tête en Australie, en Allemagne et en Angleterre. C'est tout un début !» résume Jean Théberge. Il s'étonne déjà de l'accueil chaleureux des acheteurs commerciaux et du grand public. «On nous dit : "enfin ! Wrebbit va recommencer à faire du 3D." Nous avons visé juste», analyse l'avocat de formation, âgé de 58 ans.

Visiblement, il est emballé de pouvoir participer à cette nouvelle aventure qui est tout sauf banale. Il concède qu'il a dû faire preuve de beaucoup d'imagination, et d'un certain pouvoir de persuasion, afin de redonner vie à l'entreprise de Paul Gallant. Précisons que Wrebbit avait perdu son identité québécoise en 2005, après avoir été absorbée par le géant américain Hasbro. Cette transaction avait marqué la fin d'une belle association entre les employés de l'entreprise et la haute direction. Hasbro avait fermé l'usine montréalaise.

«On n'avait jamais cessé d'y croire. Chaque année, on organisait le 5 à 7 des grenouilles avec une soixantaine d'anciens employés, et tous étaient nostalgiques. L'aventure Wrebbit nous avait tous marqués», se souvient Jean Théberge sous l'oeil approbateur d'Éric Gallant, fils de Paul Gallant et actionnaire de contrôle à ses côtés dans cette nouvelle aventure.

Il n'avait pas dit son dernier mot. Et c'est après avoir fait des démarches auprès de la multinationale du divertissement qu'il a réussi à ramener Wrebbit dans le giron québécois, avec une poignée de collaborateurs tout aussi convaincus et passionnés que lui. «Les brevets étaient expirés, la marque de commerce était disponible et nous l'avons tout simplement enregistrée», explique-t-il.

Une croissance mesurée

Cette étape franchie, Jean Théberge reconnaît que la jeune entreprise se doit de séduire une clientèle qui aime se casser la tête... pour les bonnes raisons. À l'ère des tablettes intelligentes et de tous ces «instruments» qui nous lient d'un seul clic avec la planète satellitaire, Wrebbit propose ses casse-tête comme un outil de divertissement qui n'a rien à voir avec les jeux vidéo interactifs.

Mais pas question d'adopter une stratégie débridée pour faire gonfler le chiffre d'affaires trop rapidement en inondant le marché de casse-tête 3D Wrebbit dans les magasins à grande surface. «Nous visons plutôt des marchés de niche pour rejoindre une clientèle qui aime faire des casse-tête présentant un certain niveau de difficulté. Le marché de masse ne nous intéresse pas», annonce le président, fier d'ajouter qu'en août dernier, la chaîne de libraires Barnes&Noble a passé une commande à Wrebbit pour la livraison de 10 000 casse-tête.

Jean Théberge mise sur une croissance soutenue, mais contrôlée. Cela passera par une gestion rigoureuse des coûts de production. Wrebbit ne lancera pas 35 modèles par an comme à l'époque où Paul Gallant en était le propriétaire. «Nous avons sept modèles en lancement, et ça nous suffit amplement», fait valoir le président de la nouvelle entreprise.

Rigueur et innovation font partie de son vocabulaire. Et on se passe le mot au sein de la petite entreprise de moins de 10 employés qui a démarré sur des bases financières solides avec des investissements privés de 1 M$ et des prêts bancaires de 350 000 $. La production pourrait atteindre 120 000 unités au cours de la première année de production.

Les ventes vont se faire au Québec et au Canada (25 %), aux États-Unis (25 %) et ailleurs dans le monde, notamment en Allemagne, où la pénétration sera forte.

Et pour vendre le génie de la grenouille québécoise aux acheteurs, une tournée des grandes expositions commerciales est prévue à compter de l'hiver 2013, dans les villes de Toronto, New York et Nuremberg, qui attire 5 000 exposants pour la plus grosse foire de jouets du monde.

Jean Théberge est en mission. L'ex-bras droit de Paul Gallant a les deux pieds sur terre, mais il a du mal à cacher son enthousiasme. «On se pince chaque jour. On revit les débuts de Wrebbit 20 ans plus tard !»

Sur les traces de son père

Éric Gallant ne s'en cache pas. Il marche sur les traces de son père. Avec modestie et animé de la même passion que Paul Gallant quand il mettait en place tous les morceaux du casse-tête.

Son père est parti trop vite, à 66 ans. Lui, il en a 41. Son regard s'illumine quand il parle de celui qui a assemblé, littéralement, toutes les pièces du casse-tête Wrebbit.

Il était lui-même un rouage important, au cours des années 1990, lorsque Wrebbit s'élevait au-dessus de la mêlée et faisait l'objet de critiques élogieuses.

Éric Gallant a connu l'ivresse de la croissance et de la réussite. Puis il a dû s'adapter quand son père a vendu l'entreprise. Il travaillait pour Wrebbit en 2005, au moment où Hasbro a absorbé la grenouille. Il s'est retrouvé du jour au lendemain dans un environnement qui ne lui était pas familier.

C'est du passé. Il ne regarde plus dans le rétroviseur. Il a aujourd'hui le sentiment de «revivre les belles années» qui ont marqué le Wrebbit québécois. Il dit ressentir une émotion intense depuis qu'il a sauté à pieds joints dans ce projet stimulant.

«Mon père était un passionné», se souvient le responsable du design et du développement des produits. Éric Gallant se penche sur les moindres détails. Il est fier du nouveau Big Ben de 890 pièces que plusieurs fins observateurs qualifient de casse-tête en haute définition !

Il aime aussi parler de la philosophie qui anime les employés du nouveau Wrebbit. «Nous avons du plaisir à travailler ensemble. Il y a une belle chimie entre nous», dit-il avant de marquer une pause. Il réalise qu'il vient de prendre la relève de son père et que ce dernier n'aura pas la chance de le voir progresser dans le monde des affaires.

Vendue deux fois

La PME a connu ses heures de gloire dans les années 1990. En 1997, à son apogée, elle a réalisé des ventes en gros de 75 M$, et de 150 M$ au détail, avec ses casse-tête en 3D. L'entreprise employait alors 400 personnes. Paul Gallant a vendu son entreprise une première fois en 2001, au géant canadien Irwin Toy, sans se douter qu'un an plus tard il allait en reprendre le contrôle à la suite de la faillite de l'acquéreur. Trois ans plus tard, le fondateur vendait de nouveau son entreprise, cette fois à Hasbro.

7

Nombre de modèles de casse-tête qui seront mis sur le marché cet automne. Parmi ceux-là, le Taj Mahal, le Château de Newschwanstein, la Citadelle de Minas Tirith et Hobbiton, le village du nouveau film Le Hobbit.

30 millions Nombre de casse-tête 3D qui ont été vendus par Wrebbit dans le monde de 1991 à 2004.

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