BLOGUE. L'organigramme de l'éditeur Electronic Arts change presque au rythme des saisons mais cette fois, l'entreprise est convaincue d'avoir trouvé la bonne formule, en particulier pour la plus importante de ses unités dédiées aux jeux mobiles, celle de Montréal.

L'encre n'a pas souvent eu le temps de sécher sur les cartes d'affaires des employés des différentes unités d'Electronic Arts à Montréal, rassemblées sous la bannière d'EA Montréal.

Cette fois, par contre, ceux qui se consacrent aux jeux mobiles (autrefois EA Mobile) voudront que ce soit la bonne, ne serait-ce que parce qu'ils ont eux-mêmes choisi le logo et le nom de leur nouvelle division : Playing Mantis. Il s'agit d'un jeu de mots basé sur le nom anglais de la mante religieuse (praying mantis). Leur studio évoluera sous l'étiquette All Play, d'EA, qui regroupera tous les studios ainsi dédiés au marché des jeux mobiles, sociaux et en ligne.

Il y a plus qu'un changement de nom derrière cette énième transition. Il y a une réorientation qui traduit l'importance grandissante que prend ce marché dans l'univers du jeu vidéo.

Ainsi, les studios de la bannière All Play, comme Playing Mantis, cesseront d'être au service des autres unités d'EA. Ils deviendront plutôt propriétaires de leurs propres produits.

« Avant, nous produisions beaucoup de titres pour beaucoup d'appareils, comme une ligne de production, résume Chris Gibbs, directeur général de Playing Mantis. Dorénavant, nous aurons nos propres franchises. »

Concrètement, cela signifie par exemple que si l'étiquette EA Sports veut produire une version mobile du très populaire jeu de soccer FIFA, elle la développera elle-même, plutôt que de la confier à EA Montréal dans une sorte sous-traitance interne. Et qu'à l'inverse, si jamais on voulait produire une version pour consoles ou PC issu d'une franchise née sur mobile et gérée par Playing Mantis, ce serait à eux de la produire.

Il y a déjà un moment que les jeux nés sur mobiles ont commencé à être considérés comme des franchises « de plein droit » au sein d'autres entreprises. Disney parlait déjà de la sorte de sa franchise « Where's My Water? » lors d'une discussion en juin dernier, au E3. L'exemple de Rovio et d'Angry Birds se passe évidemment de commentaires, avec toute la gamme de produits dérivés qui en a été tirée. Chez nous, l'éditeur Gamerizon tente de transformer son jeu Chop Chop Ninja, dont une nouvelle édition doit voir le jour sous peu, en série télévisée.  

« Ça donne plus d'autonomie aux studios et aux équipes et ça crée de meilleures opportunités de carrière à l'intérieur de l'entreprise, explique M. Gibbs. C'est plus intéressant pour les gens de travailler de cette façon. »

« Au fond, chacun des titres roule comme une petite start-up au sein de l'entreprise », résume Jimmy Gendron, gestionnaire de la franchise Scrabble. 

Outre Scrabble, Playing Mantis mène les destinées de World Series of Poker, lancé cet été et qui était numéro 1 en Chine la semaine dernière. Il y a aussi World Series of Yahtzee et Word Smack, un tout nouveau jeu de lettres inspiré du jeu de table Mastermind.

Combien de temps durera cette nouvelle structure chez EA? M. Gibbs est convaincu que, cette fois, c'est la bonne. 

« Je crois que là ça va marcher, parce qu'on adopte le même modèle qui a fait le succès des autres divisions d'EA, celle des sports par exemple. C'est un modèle éprouvé qui résiste à l'épreuve du temps. »