Apple: magasiner avec 100 G$ en poches

Publié le 25/01/2012 à 17:29, mis à jour le 26/01/2012 à 01:17

Apple: magasiner avec 100 G$ en poches

Publié le 25/01/2012 à 17:29, mis à jour le 26/01/2012 à 01:17

BLOGUE. Que faire avec 100 milliards de dollars? Tout un problème!

Apple a surpris tout le monde mardi soir en dévoilant des résultats financiers absolument hors de l'ordinaire (mon collègue Bernard Mooney est sidéré).

Parmi ces résultats se trouve une donnée qui m'intéresse particulièrement. Apple est présentement assise sur près de 100 G$ (97,6 G$ pour être exact) en liquidités. C'est un chiffre tellement immense qu'il est difficile à mettre en contexte pour l'esprit humain.

Ainsi, près du quart de la valeur totale de l'entreprise est constituée de bon vieux cash.

Pour donner un peu de concret à cette donnée abstraite, je me suis mis à faire de la « finance-fiction » et à imaginer divers scénarios d'emplettes. Comment Apple pourrait-elle dépenser cette somme (outre verser un dividende substantiel, ce qui semble une avenue incontournable à moyen terme)?

Commençons par quelques évidences. Il est beaucoup question de Research in motion (RIM) et de ses difficultés. Des rumeurs ou des spéculations d'achat circulent régulièrement. La valeur boursière actuelle de RIM est de 8,42 G$. Apple pourrait se l'approprier sans sourciller, comme vous le faites avec votre café le matin.

L'utilité d'une telle acquisition resterait limitée pour Apple. Pensons à des développements plus stratégiques. Apple est le plus gros acheteur de semi-conducteurs au monde, a révélé cette semaine Gartner.

Peut-être économiserait-elle en achetant le fabricant de puces AMD (4,69 G$) ou l'assembleur asiatique Foxconn, l'un de ses plus gros fournisseurs (4 G$)? Même le géant Intel est à la portée d'Apple, avec une valeur de 136,31 G$, surtout si on considère qu'Apple a ajouté 17 G$ à ses réserves au cours des trois derniers mois seulement. Nul doute, l'acquisition d'Intel créerait une onde de choc incroyable dans le secteur.

Et que dire d'une acquisition de Samsung, qui est à la fois son plus grand concurrent pour ce qui est des appareils iPhone et iPad et son plus grand fournisseur de composantes électroniques? La pilule serait plus grosse, à 146,1 G$, mais quand on peut mettre plus de la moitié au comptant…

Diversification

Il serait étonnant qu'Apple se jette bien loin des domaines qui lui sont chers, mais supposons qu'elle veuille étendre davantage son intégration verticale.

Compte tenu de l'importance des appareils et des réseaux mobiles, pourquoi ne pas se porter acquéreur d'un opérateur de réseaux sans fil américain? Ces achats sont dispendieux, mais ils pourraient valoir le coup. Le plus gros, Verizon, coûterait 107 G$. Être encore plus gourmand, Apple pourrait viser AT&T (179 G$) et ramasser au passage ses millions d'abonnés à l'accès Internet, à la télévision et au téléphone par fil.

Une tendance peut-être plus naturelle serait de se procurer des fournisseurs de contenu. Les films, les séries télé, la musique et l'information constituent de plus en plus le nerf de la guerre dans l'industrie technologique. Et les bouchées sont moins grosses à avaler dans ce secteur.

Si j'étais Tim Cook, le PDG d'Apple, je regarderais probablement du côté de Time Warner inc. (38,24 G$), Vivendi (19,75 G$) ou même Disney (71,12 G$).

Time Warner inc., c'est d'abord et avant tout les films et les séries télé de Warner Brothers, sans oublier les jeux vidéo. C'est aussi Time, CNN, People et Sports Illustrated. Et HBO.

Vivendi, c'est la plus grande étiquette de disques (Universal Music) et le plus grand éditeur indépendant de jeux vidéo (Activision Blizzard), un important opérateur de télécoms en Europe (SFR), deux autres au Brésil et au Maroc, ains que les chaînes télé du groupe Canal+.

Il y a aussi un achat intéressant qui pourrait regrouper tout cela: Comcast. À 71 G$, Comcast vient avec des millions d'abonnés au câble et NBCUniversal, une filiale qui regroupe elle-même le réseau de télévision NBC et le studio de cinéma/télévision Universal Pictures. En bonus, on vous donne les Flyers et les 76ers de Philadelphie.

D'ailleurs, si ce sont les contenus sportifs qui vous intéressent — et ils sont très populaires ces temps-ci —, Apple pourrait devenir le numéro 1 mondial du jour au lendemain pour une « poignée de change ».

Pour moins de 5 G$, Apple pourrait devenir propriétaire de l'équipe américaine la plus chère des quatre sports majeurs nord-américains: les Cowboys de Dallas (1,85 G$), les Yankees de New York (1,7 G$), les Lakers de Los Angeles (900 M$) et les Rangers de New York (507 M$).

Au Canada, elle pourrait reprendre MLSE (Maple Leafs, Raptors, Toronto FC) des mains de Bell et Rogers pour environ 1,1 G$. Et ajouter le club de soccer le plus cher au monde, Manchester United, pour 1,87 G$.

Si elle le voulait, Apple pourrait même devenir l'un des plus importants banquiers des États-Unis, et du monde, en achetant Citigroup pour 88 G$. Parions qu'on pourrait payer quelques trucs directement depuis notre iPhone…

Le meilleur scénario

Parmi toutes ces possibilités, quel serait l'assemblage idéal? Si j'étais Tim Cook, que j'étais soudainement pris d'une folie dépensière et que les autorités antimonopoles n'existaient pas, voici quelle serait ma liste d'épicerie, basée simplement sur la nature des actifs de ces entreprises, sans tenir compte de leur niveau de rentabilité :

• Sony : 18,73 G$

• Time Warner: 38,24 G$

• Foxconn : 4 G$

• Netflix: 4,99 G$

• Ensemble des équipes de sport : 8 G$

• Sprint Nextel (réseau sans fil et filaire) : 6,59 G$

Total: 77,55 G$

Tout ça et je n'aurais même pas encore eu besoin d'emprunter ou d'émettre d'actions. Il resterait même environ 17 G$ pour continuer la stratégie de contrôle de l'approvisionnement à long terme de composantes qui semble si bien rapporter et verser un petit dividende...

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