Une seconde vie pour le bois de flottage

Publié le 05/10/2013 à 00:00, mis à jour le 03/10/2013 à 11:35

Une seconde vie pour le bois de flottage

Publié le 05/10/2013 à 00:00, mis à jour le 03/10/2013 à 11:35

À bord de son embarcation, Jonathan St-Amand Lusignan sillonne les cours d'eau du Québec à la recherche de trésors engloutis. Mais il n'a que faire des épaves et de leur cargaison : ce qui l'intéresse, ce sont les billots de bois qui ont coulé à l'époque de la drave.

«Il m'arrivait souvent de plonger, que ce soit pour le travail ou pour le plaisir, et je voyais beaucoup de bois submergé», raconte le biologiste de formation. Intrigué par tous ces troncs gisant sous l'eau, il s'est mis à effectuer des recherches sur leur provenance et leur potentiel.

«J'ai mis la main sur une vidéo dans laquelle le célèbre écologiste David Suzuki disait qu'au Canada, nous retrouvons tellement de bois sous l'eau que nous pourrions, en l'exploitant, subvenir à nos besoins en matière ligneuse pendant une centaine d'années», explique M. St-Amand Lusignan.

Au Québec, par exemple, on estime que 20 % des billes dravées ont sombré au fond des lacs et des rivières. Comme elles gisent à l'abri de l'oxygène, elles sont étonnamment bien conservées.

La valeur du bois sacré

En 2011, las d'être enfermé dans son laboratoire, le jeune homme s'est mis en tête de valoriser cette abondante ressource. Grâce au soutien du SAJE - un organisme qui a pour mission d'accompagner les nouveaux entrepreneurs -, il a alors fondé Lucus Environnement.

«En latin, lucus signifie "bois sacré". Pour moi, ces billots oubliés ont une grande valeur patrimoniale. Nos ancêtres ont sué sang et eau dans les camps de bûcherons et sur les embâcles. Certains y ont même laissé leur vie», rappelle-t-il.

Le bois submergé possède une valeur marchande tout aussi considérable. Plus dense - à l'époque où il se pratiquait beaucoup de drave, les hivers étaient plus rigoureux, de sorte que les anneaux de croissance des arbres étaient beaucoup plus rapprochés -, totalement dépourvu de sève du fait de son immersion prolongée et parfois issu d'arbres âgés de plus de 350 ans, il fait autant l'envie des entrepreneurs en construction que des ébénistes et des luthiers. Ceux-ci n'hésitent pas à payer de 10 à 15 $ du pied mesure de planche, sinon plus, en fonction bien sûr de l'âge et de l'essence des billots.

«L'érable et le bouleau jaune sont particulièrement recherchés», souligne l'entrepreneur montréalais, qui tire l'essentiel de ses revenus au Québec et en Ontario.

Apprendre «sur le tas»

Pour l'aider à repérer les territoires où il avait le plus de chances de trouver ces précieuses essences, il a notamment fait appel à un historien des forêts. Après quelques récoltes «artisanales», il s'est également doté d'équipements plus perfectionnés, dont un sonar. «Je l'ai un peu trafiqué pour qu'il puisse calculer la densité du bois qui se trouve au fond de l'eau. Avec cette information, je peux déterminer presque sans me tromper de quelle essence il s'agit, puisque chacune d'elles a une densité différente», explique-t-il.

Si repérer les billots et les retirer de l'eau demandent une certaine expertise, le véritable défi consiste toutefois à les sécher.

«Comme le bois submergé est une ressource non renouvelable, les entrepreneurs qui font la même chose que moi voient la concurrence d'un mauvais oeil et conservent jalousement leurs trucs. J'ai donc dû apprendre sur le tas, ce qui a entraîné beaucoup de perte», dit M. St-Amand Lusignan.

Bien qu'il refuse d'avancer des chiffres précis, l'entrepreneur affirme que ses ventes suffisent amplement à couvrir ses frais d'exploitation et à leur assurer, ses quatre employés et lui-même, un salaire décent. «Au-delà des chiffres, ce qui compte, c'est que je n'ai pas l'impression de travailler !»

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