Une baisse des coûts, cruciale tant pour Aveos que pour Air Canada

Publié le 28/04/2012 à 00:00

Une baisse des coûts, cruciale tant pour Aveos que pour Air Canada

Publié le 28/04/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Même si le gouvernement du Québec a intenté une poursuite contre Air Canada et qu'il promet d'aider un éventuel repreneur de l'atelier montréalais d'Aveos, rien ne permet de croire que celui-ci rouvrira finalement ses portes comme si rien ne s'était passé depuis sa fermeture le 19 mars.

Celle-ci a été faite de façon sauvage, les employés n'ayant pas encore reçu les 5,8 millions de dollars en salaire qui leur sont dus depuis que la filiale canadienne d'Aveos s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Aveos employait 2 600 salariés, dont 1 800 à Montréal.

L'entreprise a justifié sa décision par le fait qu'Air Canada lui confiait moins d'avions à entretenir. Quant à Air Canada, elle a expliqué que les coûts d'Aveos étaient trop élevés. La filiale canadienne d'Aveos n'avait plus qu'Air Canada comme client et travaillait à perte.

Pour les salariés d'Aveos, la situation est compliquée, même si la Loi sur la privatisation d'Air Canada stipule que celle-ci doit faire entretenir ses avions par les employés de ses services techniques. Or, ceux-ci ont été incorporés dans une société (ACTS), qui est devenue une filiale d'ACE Aviation Holdings, société formée en 2004 à la suite d'une restructuration financière d'Air Canada.

En 2007, ACTS a été vendue aux fonds privés américains KKR et Sageview Capital, qui l'ont réorganisée, rebaptisée Aveos, puis revendue à d'autres fonds et à des banques qui étaient ses créanciers. Aveos, maintenant incorporée aux îles Caïmans, a son siège social au Salvador, où elle se prépare à ajouter 200 techniciens à un effectif de 1 800 salariés. L'entité salvadorienne d'Aveos, qui a de nombreux clients, dont Southwest et United Airlines, n'est pas touchée par le recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers de la filiale canadienne.

Il appartiendra aux tribunaux de déterminer si les transactions, réorganisations et refinancements vécus par Aveos depuis la privatisation d'Air Canada ont soustrait le transporteur de son obligation de confier l'entretien de ses avions aux employés de ses ex-ateliers. Cependant, la voie juridique n'est pas une panacée face à la fermeture des ateliers d'Aveos.

Le véritable enjeu, c'est la préservation du plus grand nombre d'emplois dans les ex-ateliers d'ACTS. C'est une très bonne nouvelle d'apprendre que 23 sociétés, dont Lufthansa Technik, s'intéressent aux ateliers canadiens d'Aveos ; mais ne rêvons pas en couleur. Une reprise des activités se fera à condition d'y obtenir une productivité accrue. Autrement dit, ses coûts devront baisser, notamment en réduisant ses effectifs et les salaires payés, sans quoi le repreneur éventuel ne pourra ni satisfaire Air Canada, ni attirer les nouveaux clients qui lui permettront de rentabiliser ses activités, ce qu'Aveos s'est révélée incapable de faire.

Vulnérabilité d'Air Canada

L'autre réalité qui représente un défi pour la reprise des activités canadiennes d'Aveos est la fragilité financière de plus en plus grande d'Air Canada. Quelques chiffres suffisent à en faire la démonstration : Air Canada a subi l'an dernier une perte de 249 M$. En fin de journée, le 20 avril, ses actions (émises à 21 $ en 2007) se négociaient à 0,85 $, ce qui lui donnait une capitalisation boursière de seulement 235 M$. Elle avait, au 31 décembre 2011, un actif de 9,6 milliards de dollars, mais des dettes de 13,6 G$, d'où un avoir propre négatif de 4 G$. Son encaisse était de 848 M$. Toutefois, la société fera face à des engagements importants en 2014, quand débutera la livraison de ses nouveaux Boeing 787 et que se terminera le moratoire sur ses contributions aux caisses de retraite des employés. Celles-ci affichent en effet un déficit de solvabilité de 4,5 G$.

On peut se demander si Air Canada n'aura pas bientôt besoin d'une autre restructuration financière. Mais contrairement à 2004, Air Canada n'a plus de filiales (Aeroplan, Jazz, ACTS) à vendre, et ACE est elle-même appelée à se liquider. Comme pour ACTS, la revente de Jazz Air (devenue Chorus Aviation) avait été accompagnée d'un contrat à long terme beaucoup trop généreux.

Air Canada demande de nouveau à ses salariés d'autres concessions, mais ceux-ci se souviennent avec amertume des 5 G$ redistribués aux actionnaires et aux créanciers d'ACE. Il sera très difficile de trouver ces nouvelles économies, mais les parties doivent comprendre que c'est dans le dialogue que se trouvent les solutions optimales.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Signe des temps dans l'empire financier américain, source des pires abus, 55 % des actionnaires de Citigroup (notre photo) ont rejeté le plan de rémunération des cinq principaux dirigeants de ce groupe financier. Ce vote ne lie pas le conseil d'administration, mais son président a dit que celui-ci ne pouvait pas ignorer le point de vue des actionnaires. Reste à espérer que les conseils d'administration des autres sociétés en prendront bonne note.

Je n'aime pas

Montréal est devenue un haut lieu de défoulement collectif, toutes les causes servant de prétexte pour s'opposer à quelque chose, tels le dégel des droits de scolarité, le Plan Nord, le gaz de schiste, le gouvernement Charest, etc. Pas étonnant que ça dégénère quand des étudiants réticents à dénoncer la violence, des activistes de tout acabit et des casseurs se retrouvent sur les mêmes lieux. C'est arrivé le 20 avril, quand ils ont saccagé le Palais des congrès où se tenait un salon sur le Plan Nord. On a même intimidé des travailleurs qui voulaient y entrer pour présenter leur curriculum vitæ. Manifestement, certains ignorent qu'ils vivent dans un des meilleurs pays du monde.

jean-paul.gagne@tc.tc

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