Les programmes de MBA jouent la carte de l'international : séjours, échanges, missions internationales, programmes délocalisés... Tout est conçu pour apporter une expérience toujours plus riche aux étudiants.
C'est le cas de Jacques- Damien Cangelosi. À 27 ans, l'étudiant est bien outillé : son cursus de MBA en gestion internationale trilingue offert par l'Université Laval lui a permis d'effectuer deux missions commerciales de trois semaines en Inde et un échange d'un mois et demi en Corée du Sud. Il devrait terminer ce cursus par un échange de quatre mois au Mexique pour parfaire son espagnol cet été. «En développant un nouveau réseau de fournisseurs pour deux compagnies québécoises en Inde, je me suis forgé ma propre expérience sur le terrain, et non dans les livres. Je suis désormais capable d'assister une société dans tout son processus de développement à l'international. C'est une expérience très appréciée par les dirigeants québécois.»
Les voyages d'études
La plupart des facultés offrent de plus en plus de programmes d'échanges avec des universités étrangères. Elles s'adaptent aussi en suggérant des séjours plus courts aux étudiants en poste. «Comme il leur est difficile de partir six mois à l'étranger, nous proposons un séjour de dix jours en Chine à la fin de l'année aux étudiants du MBA pour cadres», affirme Benoît Bazoge, vice-doyen aux études de l'ESG UQAM. Ce séjour permet aux étudiants de rencontrer des professeurs, des entreprises et des administrations locales, et de revenir au pays avec des projets d'affaires. «Ils peuvent par exemple décider de se lancer dans la vente de produits chinois au Québec ou de produits québécois en Chine», résume M. Bazoge.
Depuis l'an dernier, l'école de gestion John-Molson de l'Université Concordia remporte elle aussi du succès avec son échange d'été qui permet aux étudiants de suivre l'équivalent de deux cours au Levin Institute de New York. Pour les cadres en exercice, un voyage obligatoire de 12 jours a été mis sur pied à l'EMBA. «En 2012, les étudiants iront visiter trois pays d'Amérique du Sud pour y rencontrer les décideurs et approfondir une thématique étudiée dans les cours», explique Marie-Claude Lyster, responsable des programmes d'études supérieures. Ces séjours ne génèrent pas de frais de scolarité supplémentaires.
Les doubles diplômes
Le double diplôme permet à l'étudiant de recevoir deux diplômes à moindre coût, puisqu'il ne paie les frais de scolarité que dans son établissement d'origine et bénéficie souvent d'un séjour à l'étranger dans l'université partenaire. «Les partenariats avec la France sont faciles à bâtir, car les étudiants français paient les mêmes droits de scolarité que les étudiants du Québec, grâce à une entente entre nos deux pays», résume André Gascon, vice-doyen à la formation de la Faculté des sciences de l'administration (FSA) de l'Université Laval, qui devrait proposer un cinquième double diplôme avec la France dès la rentrée 2012, avec l'EDHEC de Lille.
L'UQAM offre quant à elle un double diplôme (Executive MBA) avec l'Université Paris-Dauphine, où les cours sont assurés par les professeurs des deux universités, ce qui permet aux étudiants de bénéficier des forces de chacune des deux écoles.
Enfin, HEC Montréal pourrait elle aussi lancer 5 à 10 doubles diplômes d'ici 2013 ou 2014. Ses terres de prédilection ? L'Europe, mais aussi l'Asie et les États-Unis.
Missions et campus internationaux
Lors de ces séjours, les étudiants ont la possibilité de se forger une expérience internationale en choisissant d'effectuer des missions commerciales à l'étranger pour des entreprises. «C'est par exemple l'occasion, pour un fabricant québécois, de bénéficier de l'expertise de l'étudiant pour exporter ses produits en Angleterre», met en avant André Gascon de l'Université Laval. «Même chose pour une entreprise qui souhaite acheter des matières premières en Inde, ou qui recherche des distributeurs outre-Atlantique».
Autre option : la session d'été intensive à l'étranger, baptisée Campus FSA International. «Les étudiants sont envoyés en immersion durant huit semaines en Chine ou au Mexique, ce qui leur permet de mieux parler la langue et de suivre un cours», affirme M. Gascon. Aucuns frais additionnels ne sont appliqués pour cette option.
À HEC Montréal, l'option Campus International permet de passer trois ou quatre semaines à l'étranger. Un voyage dense et ponctué de visites, de déplacements, de conférences et de séminaires.
La délocalisation
Certains étudiants peuvent commencer leur formation à Montréal, puis la finir ailleurs en optant pour un programme délocalisé. L'ESG UQAM propose ainsi ses MBA dans près de 14 pays ! «Cela procure une souplesse appréciable pour les professionnels qui sont amenés à se déplacer», rappelle M. Bazoge. Pour l'instant, le seul programme délocalisé est le MBA pour cadres. «Notre étudiant type est un v.-p. de 35-40 ans, provenant d'une grande entreprise du domaine des services [télécoms, santé, finance] et qui a été muté dans un autre pays comme la France, le Maroc, la Tunisie ou la Pologne», affirme M. Bazoge. «Mais notre vivier de professeurs n'est pas extensible : on fait le point chaque année pour savoir si l'on renouvelle certaines destinations», explique-t-il. Face à un programme en perte de vitesse en République dominicaine par exemple, l'ESG UQAM devrait se recentrer sur la Tunisie pour le MBA en services financiers et la Russie pour le MBA général.
L'Université de Sherbrooke s'est aussi associée à des écoles et à des organismes pour offrir ses programmes au Maghreb, en France et à la Martinique. Pour garantir la qualité de l'enseignement, au moins 60 % des cours doivent être donnés par un professeur de l'Université de Sherbrooke. «Notre évaluation et notre plan de cours doivent être les mêmes partout», note Alain R. Tremblay, responsable des programmes d'EMBA.