«L'augmentation de l'espérance de vie et l'arrivée massive des baby-boomers à la retraite vont ouvrir un énorme marché aux entreprises qui sauront s'adapter», explique Renée Dubé, associée de Zins Beauchesne et associés, une firme d'experts-conseils en marketing, développement et innovation. Il y a bien sûr le cliché des marchettes et du «manger mou», mais la plupart des baby-boomers ne se rueront pas dessus avant d'avoir atteint 80 ans. D'ici là, ils auront bien d'autres attentes.
La simplicité
Une catégorie de produits que Mme Dubé trouve très prometteuse est basée sur la simplification. On pourrait la décrire en disant qu'elle est constituée des mêmes appareils que pour les jeunes, mais avec seulement trois ou quatre fonctions plutôt qu'une centaine.
«Aux États-Unis, on commence à voir des tablettes tactiles qui offrent seulement le service de courriel pour les personnes qui veulent rester en contact avec des parents ou des amis sans avoir accès à Internet», dit-elle.
Il existe déjà des tablettes de lecture qui permettent d'adapter la taille des caractères pour les personnes (âgées) qui ont une vue plus faible. On peut s'attendre à voir arriver sur le marché des iPhone et des iPad à utilisation simplifiée. «Plusieurs personnes de plus de 65 ans utilisent déjà Facebook. Mais attendez-vous à ce que de nombreux réseaux sociaux spécialisés pour cette clientèle apparaissent avant longtemps», dit Mme Dubé.
La sécurité et la santé
Il existe déjà des bracelets que l'on porte au poignet et qui permettent de communiquer avec une centrale de surveillance si, par exemple, une personne tombe et est incapable de se relever. Ce type de produits va sans doute devenir très populaire.
Ce genre de bidule fait partie d'un autre segment au formidable potentiel lui aussi, celui du maintien à domicile. Et dans ce domaine, la seule limite est l'imagination. La japonaise Toto a déjà conçu une toilette qui analyse les selles et qui envoie les informations par Internet au médecin de famille. On peut aussi penser à un cadre de porte doté de capteurs qui prendrait un grand nombre de mesures (analyse sanguine, presse de pression, température, etc.) et qui enverrait les résultats à une infirmière.
Comme les Japonais perfectionnent leurs robots depuis des décennies, ils ont atteint une dextérité et une habilité étonnantes. Ils sont encore inabordables, mais il est certain qu'ils joueront un rôle important dans le maintien à domicile des personnes âgées.
Les activités culturelles
Les baby-boomers sont plus instruits que leurs parents et ont toujours été de bons consommateurs de spectacles, de théâtre, de concerts et d'autres activités culturelles. Et à la retraite, ils auront plus de temps.
«La dernière fois que je suis allée à une représentation des Grands Explorateurs, les 55 ans et plus étaient majoritaires», raconte Mme Dubé.
15 Avec un âge médian de 41,4 ans, si le Québec était un pays, il se classerait au 15e rang des plus vieux pays du monde. L'âge médian au Canada est de 41 ans et de 36,9 ans aux États-Unis. Celui de la population mondiale était de 28,4 ans en 2011. | Source : Statistiques mondiales
3,7 %
La majorité des aînés, soit 96,3 %, vivent à domicile ; 87,6 % dans un domicile classique et 8,7 % en résidence privée. Par conséquent, une très faible proportion d'aînés, soit 3,7 %, se retrouve en ressources intermédiaires ou en centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).
Source : Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec
TROIS ENTREPRISES QUI EN PROFITENT
Maetta Sciences
Fondée en 2003, Maetta Sciences, de Boucherville, se spécialise dans l'injection de poudre métallique. Elle a commencé dans l'industrie aéronautique, mais a découvert un marché plus prometteur, celui des appareils orthopédiques. Un marché propulsé par le vieillissement de la population et la croissance galopante de l'obésité. Maetta a développé un procédé qui rend l'injection de poudre métallique plus rentable pour la production à petits volumes. Ses clients sont de grands fabricants d'appareils d'orthopédie, comme des hanches et des genoux. «Ça leur coûte de 30 à 40 % moins cher grâce à notre technologie», soutient Charles Dupuy, vice-président, finances.
Ergolab
Ergolab, de Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec, conçoit des équipements pour les personnes en perte d'autonomie. Comme ce siège élévateur pour aider les personnes à entrer et à sortir du bain. «À cause du vieillissement de la population, la demande est en croissance constante», dit Christine Emond, propriétaire d'Ergolab avec son mari Paulo Ouellet, celui qui conçoit les produits. Ergolab fabrique aussi une table ajustable pour fauteuils roulants et une autre pour le lit.
NeuroActive
Brain Center International, ça ne vous dit probablement rien, mais vous avez peut-être vu l'annonce de NeuroActive à la télévision. Créée en 2007, NeuroActive est une suite de logiciels qui permettent de «muscler» le cerveau. «Avec le vieillissement de la population, beaucoup de gens ont peur de la maladie d'Alzheimer», explique Jérôme Guimont, directeur du développement des affaires. NeuroActive, de Québec, a conçu plusieurs jeux avec des spécialistes : Cerveau complet, Mémoire et même un mental game pour le golf, en collaboration avec la PGA américaine.
