Shebrooke s'inspire du programme Air Miles

Publié le 16/04/2011 à 00:00, mis à jour le 26/04/2011 à 16:31

Shebrooke s'inspire du programme Air Miles

Publié le 16/04/2011 à 00:00, mis à jour le 26/04/2011 à 16:31

Par Marie-Eve Fournier

Elle est grise et turquoise, elle permet d'accumuler de l'argent et 10 000 Sherbrookois l'ont dans leur portefeuille. De quoi s'agit-il ? D'une nouvelle carte de fidélité dont l'objectif est d'encourager l'achat local. Une première au Québec qui pourrait faire des petits.

" Je cherchais un moyen de contrer la fuite commerciale. Mon rêve était de créer un Air Miles local ", raconte Serge Audet, président de la Chambre de commerce de Sherbrooke. Depuis la construction du Quartier DIX30, à Brossard, il n'est pas rare que des Sherbrookois y fassent l'aller-retour pour magasiner. Les " factory outlet " de Bromont attirent aussi leur lot de consommateurs.

Baptisée Priorité Sherbrooke, la carte avec bande magnétique permet à ses détenteurs d'accumuler de vrais dollars en faisant des achats dans les 90 commerces participants. Le programme, lancé officiellement en décembre, a été publicisé pour la première fois en mars. Les consommateurs peuvent utiliser les dollars accumulés pour payer des achats effectués chez l'un ou l'autre des marchands participants. Pour une question de " crédibilité ", les sommes amassées par les détenteurs de la carte sont conservées dans un compte de banque géré par la Chambre de commerce.

Défi technologique

" On vient de démocratiser les programmes de fidélisation pour les petits commerces qui ne peuvent pas se payer Aéroplan ou Air Miles [ni un programme propre, comme le font Metro et Pharmaprix] ", fait valoir Daleyne Guay, président de l'entreprise " technologies relationnelles " Fanbox. Spécialiste de la création de programmes de fidélisation, cette PME de Boucherville a travaillé plus de 18 mois pour relever " les défis technologiques majeurs " que représentait l'implantation du programme, raconte M. Audet.

Il fallait en effet trouver un moyen pour que les systèmes de caisse de tous les marchands puissent accorder des remises et avoir accès aux données du fichier central. Fanbox s'est aussi assurée qu'aucun commerce n'ait à payer pour changer son terminal de paiement, grâce à la participation de CT Paiement et de Global Payment, deux sociétés spécialisées dans le traitement des paiements électroniques.

" La bonne nouvelle, c'est que ça va être plus facile pour les autres villes ! " s'exclame Serge Audet. Fanbox calcule que les prochaines implantations devraient prendre de 3 à 6 mois. Des discussions ont été entamées avec sept villes, dont une en Ontario. " Nous sommes en train d'évaluer ça. Mais la décision n'est pas encore prise ", dit Martin Dupont, directeur général de la Société de développement économique de Drummondville.

Entre-temps, Serge Audet espère convaincre 150 autres marchands sherbrookois de se joindre au programme. Pour ce faire, il prépare une " campagne d'éducation " dans laquelle il leur donnera quelques trucs de marketing. Les marchands peuvent par exemple aller sur le site Web du programme, tripler le pourcentage de remise, le temps d'une fin de semaine, et en faire la promotion dans les journaux. Ils ont aussi la possibilité de demander à la Chambre de commerce d'envoyer une publicité par courriel à tous les détenteurs de la carte Priorité Sherbrooke. Le service est gratuit.

DES COMMERÇANTS OPTIMISTES

Jimmy Therrien, propriétaire de la boutique de vêtements pour hommes Réjan Mode, espère que la nouvelle carte fera diminuer l'exode des consommateurs. " Parfois, des gens vont au Quartier DIX30 acheter la même chose qu'on offre ici ", dit-il.

Sa boutique offre une ristourne de 2 %. Le programme ne stimule pas encore les ventes, mais l'entrepreneur croit que les choses vont changer " une fois que les gens auront utilisé l'argent accumulé sur leur carte une première fois. Car ils verront que ça vaut la peine. "

Au magasin La Clef de Sol, on offre un taux de remise de seulement 0,5 %. " En électronique, les marges de profit ne sont pas hautes ", explique le gérant du commerce, Louis Roy. Mais on croit néanmoins que le programme peut fidéliser les clients, étant donné qu'il est simple d'utilisation.

L'homme d'affaires Daniel Schoolcraft, propriétaire d'une école de conduite de motos et de huit restaurants (sept franchises Subway et l'italien Da Toni), accepte la carte dans tous ses établissements. " C'est un très, très petit investissement par rapport à ce que ça peut rapporter à long terme. "

25 000

La Chambre de commerce de Sherbrooke espère que 25 000 cartes seront en circulation à la prochaine rentrée des classes. L'organisme a investi jusqu'à présent 25 000 $ dans l'opération.

CE QUE LE PROGRAMME COÛTE AUX COMMERÇANTS

=

300 $ frais d'adhésion (en échange, les commerces obtiendront des études de marché)

+

0,08 $ frais fixe par transaction (versé au gestionnaire technologique, Fanbox)

+

Escompte au choix du commerce (minimum de 0,5 %)

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