Se remettre de placements casse-cou

Publié le 01/11/2009 à 00:00

Se remettre de placements casse-cou

Publié le 01/11/2009 à 00:00

Les placements agressifs d'une lectrice dans la cinquantaine pourraient faire dérailler sa retraite. Un virage s'impose.

Avant d'aller vivre avec celui qui est maintenant son ex-conjoint, en 2007, Manon Tremblay* a vendu sa maison, ses meubles et sa voiture, et placé l'argent dans un compte hors REER afin d'avoir un bon coussin de sécurité. Aujourd'hui séparée, cette professionnelle de la vente vient de comprendre à quel point sa situation financière s'est détériorée.

Des placements trop risqués lui ont fait perdre ces dernières années plus de la moitié des 100 000 dollars tirés de la vente de ses actifs.

De plus, pour s'adapter au train de vie extravagant de son ex-conjoint, la quinquagénaire a accumulé une dette de 21 000 dollars, à un taux d'intérêt de 18 %. "Je paie 300 dollars d'intérêts par mois, dit-elle, dépitée. Je cherche à consolider mes dettes, mais ma banque me demande des garanties."

Sa situation financière soulève de nombreuses questions. Pourra-t-elle récupérer ses pertes ? Comment s'achètera-t-elle une maison et des meubles (elle a loué une voiture 405 dollars par mois) ? À quoi ressemblera sa retraite ?

Cette mère de famille (ses deux enfants sont dans la vingtaine et autonomes) gagne 40 000 dollars par an. Outre son capital hors REER, elle n'a que 24 000 dollars d'épargne-retraite éparpillés dans un compte de retraite immobilisé (CRI) et dans trois REER auxquels elle contribue 25 dollars par mois. Elle aimerait épargner davantage, mais ses revenus mensuels nets de 2 310 dollars et ses dépenses essentielles de 2 124,45 dollars par mois ne lui laissent qu'un maigre surplus de 43 dollars par semaine.

"Ma seule solution, c'est de trouver un emploi plus payant", dit-elle, résolue. Comme Manon a déjà réussi en affaires, elle aimerait se lancer à son compte pour augmenter ses revenus.

Où en est-elle ?

Manon a commis l'erreur d'écouter son ex-conjoint aveuglément. Ce dernier l'a poussée à investir dans des placements qu'elle ne comprenait pas. Manon est allée de l'avant sans réfléchir à son profil d'investisseur, sans établir d'objectifs financiers précis et sans avoir une vision globale de ses placements.

Des 100 000 dollars récoltés grâce à la vente de ses biens personnels, 10 000 dollars ont été placés en 2007 chez iTrade. "Mon ex-conjoint gérait ce portefeuille, dit-elle en tendant le relevé. La valeur marchande des placements n'est plus que de 677 dollars."

Le reste, soit 90 000 dollars, a été placé dans un Fonds de ressources canadiennes Mackenzie commercialisé par Canada-Vie. Toutefois, la seule chose qu'elle sait de ce produit, c'est que, depuis 2007, il lui a fait perdre beaucoup d'argent.

Martin Lecavalier, planificateur financier chez Planifax à qui nous avons confié le cas, signale qu'il s'agit d'un fonds distinct qui garantit 75 % du capital à échéance (28 août 2017). À cette date, elle touchera au moins 67 500 dollars. Actuellement, la valeur de ce placement s'élève à 46 030 dollars.

Étant un contrat d'assurance, le fonds distinct de Canada-Vie ne lui permet pas d'émettre les certificats de titres exigés par sa banque pour refinancer ses dettes, et ce, même s'il s'agit d'un placement hors REER.

Ce fonds lui permet de retirer sans frais. 10 % du capital par an. Mais si elle retire davantage, des frais de sortie de 4 % s'appliqueront. En 2014, ces frais dégressifs seront nuls.

Des parts du Fonds de ressources canadiennes Mackenzie ont également été achetées en 2003 chez London Life et placées dans son compte de retraite immobilisé (CRI). Pour ces parts, la date d'échéance est celle de son 71e anniversaire. La même règle s'applique au Fonds métaux précieux Mackenzie, placé en 2006 dans un REER chez London Life, qui lui a fait perdre environ 13 % du montant initial investi. Dans les deux cas, il y a des frais de sortie : 1,10 % pour le CRI et 4 % pour le REER. Toutefois, ces frais sont dégressifs et s'annuleront avec les années.

Que devrait-elle faire ?

"Mme Tremblay est un cas rare, dit Martin Lecavalier. Elle est un investisseur de type conservateur dont le portefeuille correspond à un profil "croissance maximale"."

Il est clair que certains changements s'imposent. Il faut réduire le poids des actions de 90 à 50 %, et augmenter le poids des titres à revenu fixe. "Elle a besoin d'un portefeuille qui lui donne un peu de croissance tout en la protégeant des tumultes boursiers", explique l'expert financier.

Même si Manon est aigrie par sa mauvaise expérience, Martin Lecavalier lui déconseille de changer de fournisseurs. "Il serait préférable de demander aux sociétés de lui assigner un nouveau conseiller et de transférer ses avoirs, sans frais, dans des fonds de la même famille, dit-il. Comme elle a une faible compréhension des placements, elle devrait simplement sélectionner un bon fonds équilibré et effectuer le transfert."

En faisant ces changements, Manon devrait chercher à diminuer le contenu étranger à 25 %. En effet, 42,5 % du portefeuille est actuellement placé à l'extérieur du Canada, et ce, même s'il s'agit de fonds canadiens - cette aberration tient au fait que plusieurs gestionnaires se réservent le droit de saisir des occasions à l'étranger.

Par ailleurs, cette femme de 50 ans doit garder à l'esprit qu'elle pourrait être obligée de puiser de l'argent dans son compte non enregistré Canada-Vie si elle ne réussit pas à consolider sa dette de 21 000 dollars. Cela la forcera à cristalliser une perte en capital, à renoncer à la garantie sur cette portion et, possiblement, à payer des frais de sortie.

Mais une fois la dette remboursée, elle pourra épargner à nouveau. "L'épargne est une priorité, insiste le conseiller financier. Pour avoir une retraite confortable, Mme Tremblay devra faire des sacrifices, soit renoncer à certains plaisirs pour épargner davantage."

Par ailleurs, Manon Tremblay sait qu'il lui faudra des liquidités pour se lancer en affaires. "Cela sous-entend d'injecter de l'argent dans le démarrage de mon entreprise et d'avoir un coussin de sécurité si les revenus tardent à rentrer", dit-elle.

Certains choix s'imposeront donc au cours des prochaines années. "Une chose est sûre : Mme Tremblay devra attendre au moins trois ans avant de songer à acheter une maison. À court terme, elle doit se concentrer sur la modification de la composition de son portefeuille, sur le paiement de ses dettes, sur son repositionnement professionnel et sur l'épargne", rappelle Martin Lecavalier. En suivant ce plan, elle redressera ses finances en quelques années.

*Nous avons changé le nom de notre lectrice pour protéger son anonymat.

FONDS DISTINCTS : UNE GARANTIE, MAIS À QUEL PRIX ?

Ils garantissent le capital, mais au prix de frais de gestion élevés. Et souvent, cette protection est inutile.

Semblable au fonds commun de placement, le fonds distinct est un portefeuille diversifié de titres géré par un gestionnaire professionnel. La différence principale est que le fonds distinct offre une garantie du capital à long terme, souvent sur une période de dix ans. Cette protection du capital est normalement de 75 ou 100 %. Le montant protégé est défini comme suit : les montants investis moins les sommes retirées.

En contrepartie de cette protection, le fonds distinct exige des frais. Son ratio de frais de gestion est donc supérieur à celui d'un fonds commun de placement de même catégorie. L'écart fluctue entre 0,25 et 1 % par an.

Les fonds distincts comprennent normalement des frais d'entrée ou des frais de sortie régressifs, dont le but est de retenir les actifs dans le fonds. Cependant, ces frais se négocient. Comme les caractéristiques de ces fonds varient d'une société à l'autre, il est important de toujours lire le prospectus.

Garantie du fonds distinct

La garantie du capital doit faire partie de la stratégie du détenteur. Par conséquent, il est essentiel de vérifier le niveau et la durée de la couverture. Plus la durée de la garantie sera longue, moins celle-ci sera utile, puisqu'elle a pour conséquence de réduire la liquidité. En effet, pour que la garantie prévale, vous devez détenir le placement à échéance. De plus, à très long terme, vous risquez moins de perdre à la Bourse, ce qui rend la protection moins valable. À cause de ces particularités, une garantie du capital à 100 % sur deux ans est plus intéressante qu'une garantie de 75 % sur dix ans.

aplus@transcontinental.ca

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