Scolarisation universitaire : le Québec en retard depuis 50 ans

Publié le 16/02/2013 à 00:00

Scolarisation universitaire : le Québec en retard depuis 50 ans

Publié le 16/02/2013 à 00:00

Bien que le Québec ait réalisé d'importants progrès en matière de scolarisation au niveau secondaire, il souffre d'un retard depuis 50 ans sur le plan de la scolarisation universitaire. Ce décalage s'observe par rapport au reste du Canada et à plusieurs pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui ont connu une croissance soutenue de leur productivité et de leur niveau de vie depuis trente ans.

Il s'agit d'un handicap certain pour le Québec, car l'éducation constitue un puissant levier économique. Plus que jamais, nous vivons dans une «société du savoir», la scolarisation universitaire favorise les innovations et contribue aussi à accroître la productivité. C'est pourquoi il nous semble si essentiel que les décideurs gouvernementaux prennent les mesures qui s'imposent pour encourager les jeunes Québécois à poursuivre des études supérieures.

Un retard à géométrie variable

Plus spécifiquement, l'étude montre qu'au début des années l960, la proportion de la population de 15 ans ou plus titulaire d'un diplôme d'études secondaires était plus faible au Québec (18,2 %) qu'en Ontario (21,5 %) et qu'en Colombie-Britannique (30,1 %), alors que le pourcentage de la population titulaire d'un diplôme universitaire était très similaire dans les trois provinces (autour de 3 %).

Près de 50 ans plus tard, un constat s'impose : la modernisation du système d'éducation québécois a porté ses fruits. En 2006, le Québec avait presque comblé le retard de scolarisation qu'il accusait au niveau secondaire. Près des trois quarts (74,9 %) de sa population de 15 ans ou plus possédaient un diplôme d'études secondaires (77,8 % en Ontario, 80,1 % en Colombie-Britannique). Un écart important s'était par contre creusé au niveau universitaire, puisque 16,5 % des Québécois de 15 ans ou plus étaient diplômés d'une université (20,5 % en Ontario, 19,3 % en Colombie-Britannique).

Si on élargit le cadre de comparaison à l'échelle internationale, les conclusions demeurent préoccupantes : non seulement le Québec affiche-t-il des résultats inférieurs à ceux du Canada (qui sont, eux-mêmes, loin d'être remarquables sur le plan mondial) mais, de manière générale, cette province se classe assez loin derrière plusieurs pays de l'OCDE.

Une plus lente progression des hommes

Comment expliquer un tel retard ? La détérioration relative du taux de diplomation universitaire au Québec est essentiellement due à une plus lente progression de la scolarisation des hommes. Est-ce une conséquence du fort taux de décrochage chez les jeunes garçons ? Nous l'ignorons. Chose certaine, les femmes ont mis les bouchées doubles en matière d'éducation. En 35 ans, la proportion de Québécoises de 15 ans ou plus titulaires d'un grade universitaire a plus que quintuplé : en 2006, c'était le cas de 16,4 % d'entre elles, une performance identique à celle observée chez les hommes (16,6 %).

Toutefois, on ne doit pas pour autant conclure que le taux de scolarisation universitaire des femmes québécoises est maintenant satisfaisant, car l'écart existant à cet égard entre les Ontariennes et les Québécoises est demeuré stable de 1971 à 2006. Or, au départ, la situation de ces dernières était loin d'être exceptionnelle et, dans ces conditions, reste donc peu reluisante.

À l'instar de plusieurs autres sociétés, le Québec a tout de même fait des progrès importants en matière de scolarisation depuis cinquante ans. Toutefois, malgré un système d'enseignement universitaire parmi les plus accessibles en Occident, la province peine encore à augmenter son taux de fréquentation. Sur le plan géographique, plusieurs régions ont des universités, et sur le plan financier, les étudiants du Québec profitent à la fois de droits de scolarité relativement bas et d'un régime d'aide financière assez généreux. Les causes du manque d'intérêt des Québécois pour les études universitaires sont donc très certainement ailleurs, et il nous semble urgent de chercher à les découvrir.

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