Savoir récolter les «fruits de la passion»

Publié le 18/02/2012 à 00:00

Savoir récolter les «fruits de la passion»

Publié le 18/02/2012 à 00:00

En entreprise, la passion peut agir comme un véritable moteur... à condition qu'elle ne s'emballe pas. Voici quelques recommandations d'experts pour extraire au mieux les fruits de cette passion, tout en s'en méfiant, car c'est une arme à double tranchant.

Réinstaurer

En théorie, la passion devrait se placer au coeur de toute entreprise : il s'agit d'une ressource dont les effets dépassent ceux de la simple motivation ; tout homme d'affaires (et son équipe) peut y puiser une grande énergie pour atteindre ses objectifs. «Quand il y a passion, il y a amour de l'activité. Cette dernière devient alors partie intégrante de notre identité», souligne Marylène Gagné, professeure RBC en motivation au travail à l'École de gestion John-Molson (Université de Concordia). Or, se définir par son activité est source de bien-être... et donc de performance. Même dans le secteur manufacturier, on a pu observer qu'un chef d'équipe passionné obtient plus de rendement que ses homologues.

Cependant, la plupart des experts interrogés indiquent que la culture du résultat à très court terme écrase ce facteur. «On a perdu le focus sur la gestion», estime Catherine Privé, présidente d'Alia-Conseil, un cabinet de consultants en développement organisationnel. «Ce qu'on voit, ce sont des politiques, des programmes de gestion. On parle d'engagement. Alors que les gestionnaires qui se démarquent sont les plus passionnés.» Il semble essentiel de réhabiliter et de nourrir cette valeur.

Alimenter

«Pour nourrir la passion, c'est comme en sport : il faut constamment chercher des tâches ou des activités légèrement plus difficiles», conseille Marylène Gagné. Ces tâches devraient être toujours plus variées et l'élément d'apprentissage, constamment présent : la routine tue la passion. «Un gestionnaire peut mettre en place de nouveaux projets, s'impliquer dans des comités spéciaux. S'il a fait le tour des défis, il peut aussi demander à travailler dans une autre équipe, échanger son poste contre un autre de niveau équivalent», suggère Mme Gagné.

Si son propre travail, ou celui de ses employés, se révèle ennuyeux et qu'aucune marge de manoeuvre n'existe, d'autres paramètres doivent être modifiés. «Quand on ne peut pas travailler sur le contenu du travail, il faut travailler sur le contenant, c'est-à-dire au contexte : qualité des lieux, hygiène, par exemple. Les activités en dehors du cadre professionnel sont également essentielles», indique Gérard Ouimet, professeur de psychologie organisationnelle à HEC Montréal.

Transmettre

L'un des bénéfices majeurs d'une passion bien cultivée par un gestionnaire est son effet viral. Pour cela, il faut laisser cette passion s'exprimer au grand jour.

«Les valeurs humaines d'une entreprise ne doivent pas rester écrites sur les murs. Elles doivent être vécues à tous les niveaux, en commençant par les dirigeants», souligne Catherine Privé. Elle recommande avant tout de faire primer la gestion du personnel sur la gestion administrative ; c'est-à-dire d'aller au-delà des rencontres individuelles et des évaluations régulières. «C'est davantage la qualité du savoir-être, plus que les mesures ou les pratiques, qui fait la différence. Il faut que la passion du gestionnaire paraisse.»

En guise d'exemple, Mme Privé évoque le directeur général du Carnaval de Québec, Jean Pelletier, capable de transmettre sa passion et sa qualité d'être à toute l'organisation. Résultat : peu de roulement de personnel, malgré la présence de nombreux bénévoles.

Juguler

Gérard Ouimet se souvient d'un homme d'affaires qui attribuait son succès à sa «loi des trois 7» : 7 heures du matin, 7 heures du soir, 7 jours par semaine. Il tenait tellement à son travail... qu'il fut victime d'un infarctus. L'excès peut brûler : c'est la passion obsessive, qui déborde et contamine tout.

Comment esquiver ce burn-out passionnel ? L'«homme réseau» doit absolument se débrancher. «Aujourd'hui, cellulaires, ordinateurs et autres iPad se connectent en permanence au lieu de travail. Les consignes doivent être claires : il faut couper toute communication et respecter l'espace privé», diagnostique M. Ouimet, qui déplore que ces mesures soient insuffisamment appliquées dans les entreprises québécoises.

Par ailleurs, les recherches de Marylène Gagné démontrent que le niveau d'intensité est aussi élevé dans le cas de la passion harmonieuse que dans celui de la passion obsessive. L'efficacité d'un gestionnaire ou d'un employé reste optimale lorsqu'on «évite tout conflit avec les autres sphères de sa vie».

Cette semaine, le thème en vedette à La Franchise est la passion, dont l'équipe du Carnaval de Québec semble avoir trouvé la bonne recette.

Série 3 de 10

Cette série s'inspire des défis que relèveront 12 entrepreneurs dans le cadre de l'émission La Franchise, diffusée le mercredi soir à 21 h sur les ondes de V et sur vtele.ca. Les candidats, qui participent pour gagner une franchise St-Hubert Express, s'affronteront pendant 10 semaines lors d'épreuves élaborées autour de thèmes majeurs de la gestion et de l'entrepreneuriat, et que Les Affaires décortiquent pour vous.

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