Québec a l'ambition du monde

Publié le 11/05/2013 à 00:00

Québec a l'ambition du monde

Publié le 11/05/2013 à 00:00

Québec est choisie par des multinationales dans la haute technologie, ses jeunes entrepreneurs embrassent le monde dès leurs débuts en affaires et des immigrants de plus en plus nombreux habitent la capitale : le visage de l'économie de Québec a bien changé depuis 15 ans. Même que, selon fDi, une publication du Financial Times, Québec fait partie du top 5 des villes d'avenir des Amériques.

À Québec, à la fin du dernier millénaire, il y avait peu de jeunes entrepreneurs qui, comme Dominic Gagnon, trouvaient le Canada trop petit. La vingtaine à peine entamée, il fondait, il y a cinq ans, Piranha, son agence de marketing spécialisée en pub mobile. Deux ans et demi plus tard, il ouvrait un bureau à Paris et attirait des clients comme Orange, Microsoft et Citroën.

«On se donne encore 18 mois pour ouvrir un bureau à San Francisco, ce qui sera notre deuxième pas pour aller partout dans le monde. Au Québec, on a vite fait le tour», dit celui qui ne réalise que 10 % de son chiffre d'affaires dans la province, notamment avec Bell et Desjardins.

«Dès le début, mes modèles étaient internationaux. À 14 ans, je voulais être Steve Jobs ou Bill Gates, tandis que mes amis voulaient être pompiers !»

En allant vers les États-Unis, Dominic Gagnon cherche moins à recruter une masse de clients qu'à gagner les plus gros, comme Coke ou Disney.

«San Francisco sera une vitrine pour amener du travail à Québec, où les salaires sont moins élevés. On peut devenir un centre de production intéressant tout en offrant une grande qualité. De plus, être aux États-Unis rehaussera notre image de marque.»

Piranha, qui a aussi un oeil sur le Brésil, ne mise toutefois pas seulement sur des coûts de production avantageux pour se démarquer à l'international. L'agence investit beaucoup en R-D : 500 000 $ en 2012 sur un chiffre d'affaires de 2,4 millions de dollars (20,8 %). Elle mise sur une technologie à puces qui fait le lien avec les données personnelles, à l'instar d'une poignée d'entreprises à l'échelle mondiale qui possèdent ce type d'expertise.

«En développant des niches pointues à Québec, ça a aidé à se connecter à la planète», remarque Carl Viel, président de Québec International (QI), un organisme de développement économique qui offre formation et soutien aux entrepreneurs de la région.

«On était centrés sur nous-mêmes il y a quelques années et, en plus, on perdait des emplois dans la fonction publique. Comme région, il ne fallait pas s'apitoyer sur notre sort, mais se prendre en main», dit-il.

L'avantage d'être petit : la cohésion

Les acteurs de l'économie de Québec travaillent ensemble. Toutes les six semaines, la Ville, les Centres locaux de développement, QI, le bureau de la Capitale-Nationale et le ministère des Finances et de l'Économie se réunissent pour faire avancer des projets et concrétiser la vision d'une ville qui se veut innovante.

«Notre plus petite taille est un avantage dans certains cas. La concertation est plus facile, le suivi des dossiers et la pénétration des réseaux aussi», remarque M. Viel.

Cette cohésion a été un élément clé quand Christian Giroux, premier vice-président, Est du Canada, de Fujitsu, a convaincu la société japonaise d'ouvrir à Québec un centre d'innovation ouverte en 2011. Quand il a présenté son idée au Japon, M. Giroux avait en mains des lettres d'appui du maire, du recteur de l'Université Laval et de QI.

«J'ai utilisé Québec comme argument de vente, et ma prétention est que ça a permis de se démarquer. Les Japonais croient beaucoup à la force de la communauté, et l'unité de base qui est au coeur des décisions est davantage la ville que l'État», raconte-t-il.

Comme la plupart des entrepreneurs de Québec qui font des affaires ailleurs dans le monde, M. Giroux a dû utiliser une carte géographique pour situer la capitale, qui n'a pas la réputation de Toronto ou de New York. Mais les indicateurs économiques positifs ont donné confiance, tout comme la force de la place d'affaires de Fujitsu à Québec, qui est la plus grande au Canada

Croissance accélérée grâce aux multinationales

La capacité d'innovation de Québec, qui s'est solidifiée grâce à sa diversification économique, au succès du Parc technologique du Québec métropolitain et à la présence de 6 000 chercheurs dans la région, a permis d'attirer des sociétés d'envergure comme les européennes ABB (technologie de l'énergie) et GlaxoSmithKline (pharmaceutique) ou l'américaine BD Diagnostics (biotechnologies). Cette dernière a investi 34 M$ dans une usine de fabrication de tests diagnostiques moléculaires et 21 M$ dans un centre R-D depuis l'acquisition de GeneOhm en 2006. Cette dernière avait acheté Infectio Diagnostic, fondée par Michel Bergeron, un éminent chercheur de l'Université Laval qui a mis au point des tests de détection rapide des bactéries.

«On voulait que la fabrication se fasse au même endroit que la R-D dans ce secteur, parce qu'il y a beaucoup de synergies possibles. De plus, il y avait chez GeneOhm une forte expertise scientifique que nous voulions garder, tout comme la main-d'oeuvre qualifiée», explique Nancy De Sesa, directrice des opérations et chef de site, de BD.

Depuis son arrivée, BD a doublé le nombre de ses employés à Québec, avec 125 postes créés. Le nombre de produits est passé de 5 à 20, le réseau de distribution de la multinationale a ouvert les marchés mondiaux. «Ça a permis d'accélérer notre croissance. Il faut des sous pour aller loin et, sans un gros partenaire, ça aurait été très dur», constate Julie Bégin, contrôleuse de l'entreprise.

Entrepreneuriat local

L'arrivée de multinationales stimule aussi l'entrepreneuriat local. Dans le jeu vidéo par exemple, l'ouverture d'Ubisoft, dans Saint-Roch en 2005, a fait naître des PME, dont Squeeze Studio, entreprise d'animation numérique fondée l'an dernier par des ex-employés.

«Ubisoft est un gros atout pour le coeur de Québec, tout comme Activision [qui a racheté Beenox] et Frima, qui ont créé beaucoup d'emplois. Autour de ça, des gens de 35-40 ans ont fondé d'autres entreprises qui vont au deuxième niveau. Le noyau continuera de se bonifier. La diversité se fera. Nous, on ne veut pas devenir ceux qui font de tout, mais être très spécialisés», explique le cofondateur de Squeeze Studio, Denis Doré.

Un premier contrat avec Ubisoft, un autre avec Marvel, une pub avec une agence de Los Angeles, une création IMAX et bientôt un grand projet avec le magasin de jouets Benjo : Squeeze connaît un démarrage fulgurant.

«Dans l'animation de haute qualité, les choses se passent surtout à l'international. Et le gros avantage d'être à Québec [plutôt qu'à Montréal], c'est de pouvoir se démarquer plus facilement, car on obtient vite beaucoup de visibilité. De plus, les réseaux sont plus faciles à percer», constate Denis Doré.

Le défi de la main-d'oeuvre spécialisée ? Il est là, mais il le serait aussi à Montréal. Et Squeeze Studio a décidé de prendre le taureau par les cornes en investissant dans la formation avec son école privée Les Popettes, un bootcamp en animation 3D.

«On veut que Québec devienne une des meilleures villes du monde en animation», rêve Denis Doré.

152 filiales de sociétés étrangères sont présentes à Québec, dont 33 % dans les TIC.

73 300 Il s'est créé 73 300 emplois dans la région métropolitaine de Québec, de 2002 à 2012.

+ 21,3 % Taux de croissance des emplois de 2002 à 2012, le plus élevé de la province

«Le réflexe des investisseurs est d'aller vers les grandes métropoles, alors il faut développer des créneaux.»

- Carl Viel, président de Québec International

35,2 G $

PIB 2012 de la région de Québec

Source : Québec International

valerie.lesage@tc.tc

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