«On a besoin de comprendre ce qui se passe lorsqu'on réalise des investissements responsables» - Rosalie Vendette, Mouvement Desjardins

Publié le 27/10/2012 à 00:00

«On a besoin de comprendre ce qui se passe lorsqu'on réalise des investissements responsables» - Rosalie Vendette, Mouvement Desjardins

Publié le 27/10/2012 à 00:00

Pour Desjardins, l'investissement responsable doit faire partie intégrante des objectifs d'un fonds commun de placement. Le mouvement coopératif adhère au principe selon lequel investir de manière responsable permet de s'acquitter du devoir fiduciaire qui lui incombe, c'est-à-dire prendre en compte les risques parfois négligés par les fonds traditionnels.

Avec des fonds dont l'actif sous gestion dépasse les 774 millions de dollars, Desjardins est un acteur incontournable dans le secteur au Québec. Elle possède de plus la masse critique pour se faire écouter des entreprises dans lesquelles elle veut investir. «On a besoin de comprendre ce qui se passe lorsqu'on réalise des investissements responsables», explique Rosalie Vendette, conseillère principale en investissement socialement responsable du Mouvement Desjardins. Cette dernière a une double mission : transmettre les vues de Desjardins aux dirigeants des sociétés dans lesquelles la coopérative investit. Elle a aussi pour tâche d'expliquer les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (les ESG) à ses collègues. Il s'agit d'un exercice bidirectionnel de transmission de l'information.

Si les entreprises détenues en portefeuille s'écartent des comportements attendus, Mme Vendette amorce un dialogue avec les dirigeants fautifs.

Le dialogue pour faire pression

Moyen de pression par excellence des investisseurs responsables, le dialogue est le principal levier de «l'actionnariat engagé» prôné par Desjardins. Ce militantisme financier exige des entreprises dans lesquelles la coopérative investit d'être transparentes et de répondre aux critères de ESG.

Desjardins détient une participation de 50 % de Placements NEI, une firme de Toronto qui commercialise les Fonds éthiques, la pierre angulaire des portefeuilles SociéTerre du Mouvement. Avec ce partenaire, Rosalie Vendette favorise une évolution des mentalités d'entreprise, qui coïncident avec les valeurs des porteurs de parts de ses fonds.

L'exclusion d'un secteur jugé nuisible ne suffit plus pour déterminer si une entreprise répond ou non aux critères de l'investissement responsable : selon la philosophie à laquelle adhère Desjardins, l'investisseur doit aussi être un vecteur de changements.

Pourquoi des pollueurs passent le test

Les fonds de Desjardins appliquent des filtres négatifs pour exclure d'emblée les entreprises actives dans le tabac, les armes et l'énergie nucléaire. En revanche, Desjardins accepte d'acheter les actions d'entreprises actives dans des industries reconnues pour être très polluantes, comme les producteurs de sables bitumineux.

«Le filtre que nous appliquons [au moment de la sélection des entreprises] concerne des activités nuisibles à l'être humain, et pour lequel le modèle d'entreprise ne peut être changé. Dans le secteur énergétique, Desjardins pense, à terme, pouvoir contribuer à assainir les pratiques et à réduire les impacts négatifs», explique Rosalie Vendette.

Évidemment, les gestionnaires visent aussi l'atteinte d'un bon rendement pour les investisseurs. Pas question donc de se retirer de secteurs fondamentaux de l'économie au risque de compromettre le rendement des fonds. Ce ne serait pas acceptable dans le cadre de cette philosophie de placement.

Desjardins a comparé les rendements d'un portefeuille avec et sans titres énergétiques. Elle a noté une différence : 50 % du rendement des 10 dernières années était attribuable à ce seul secteur, souligne Mme Vendette. «Il y a des conséquences négatives à l'exploitation des sables bitumineux, mais si on réussit à faire en sorte que les pratiques s'améliorent, on gagne sur le double plan du portefeuille et de l'industrie.»

L'Institut Pembina, un groupe environnemental qui surveille de près l'industrie des sables bitumineux, adhère complètement à l'approche de Desjardins.

Des cibles plus précises

L'investissement responsable a connu une nouvelle impulsion en 2006, après que l'ONU a publié un rapport soulignant que l'investissement responsable n'entrait pas en contradiction avec le devoir fiduciaire de l'investisseur, dit Mme Vendette.

Depuis, le domaine est un vecteur de l'innovation financière. Au cours des prochaines années, il faut s'attendre à voir émerger des fonds responsables thématiques, prévoit la conseillère de Desjardins. Ainsi, la gestion de l'eau, les technologies propres et la microfinance seront quelques-unes des cibles privilégiées par les sociétés qui commercialisent des fonds, croit-elle. B.L.

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