Michael Roach voit encore beaucoup de potentiel pour CGI aux États-Unis

Publié le 04/04/2009 à 00:00

Michael Roach voit encore beaucoup de potentiel pour CGI aux États-Unis

Publié le 04/04/2009 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

[Photo : Gilles Delisle]

Ne comptez par sur Michael Roach pour faire des déclarations enflammées. Ce n'est pas son genre.

Mais le président et chef de la direction du Groupe CGI a des objectifs très ambitieux : il compte doubler la taille de l'entreprise montréalaise d'ici trois à cinq ans. Il veut réussir, entre autres, grâce à une offensive aux États-Unis.

Aspirer à une telle croissance semble optimiste de la part du fournisseur de services en technologies de l'information et en gestion des processus d'affaires, puisque l'économie est secouée par sa pire crise en 80 ans.

"Notre lecture du marché et notre mode de fonctionnement à la fois local et outre-mer rendent cet objectif encore atteignable", a dit avec son habituel enthousiasme M. Roach, lors de l'entrevue qu'il nous a accordée au siège social de CGI, au centre-ville de Montréal.

L'approche de M. Roach n'a rien d'exotique, mais mise plutôt sur des valeurs qui ont fait le succès de CGI. Le bon vieux démarchage sur le terrain, un souci pour l'excellence dans la réalisation des mandats et une culture d'entrepreneuriat sont ses principales armes.

Comme par le passé, c'est un mélange de nouveaux contrats et d'éventuelles acquisitions qui permettra d'atteindre le but : des revenus de 7,5 à 8 milliards de dollars (G$) et quelque 50 000 employés d'ici 2013.

Ce ne sera pas une mince tâche, car son carnet de commandes de 11,4 G$ est inférieur à ce qu'il était en 2005 (13,3 G$) et son action est encore bien loin des 35 $ atteints en 2000.

Offensive auprès des clients

Depuis le début de l'année, CGI a décroché six nouveaux contrats, d'une valeur totale de 725 millions de dollars (M$).

C'est un bel exploit dans le contexte actuel. Cette manne ne tombe pas du ciel. Elle résulte d'une offensive systématique des cadres de l'entreprise, dont Serge Godin, fondateur et président exécutif du conseil de CGI.

Entre 2006 et 2008, les cadres de CGI ont rencontré leurs 400 plus gros clients pour leur faire valoir les solutions et l'approche mondiale et locale adoptée par CGI.

"En période de prospérité économique, ils faisaient la sourde oreille. Maintenant que la récession les oblige à revoir leur mode de fonctionnement, ils nous écoutent davantage quand on leur parle de réduire leurs coûts, d'améliorer leur productivité et de maintenir la qualité de leurs services", dit M. Roach.

"CGI est bien placée pour décrocher des contrats aux États-Unis. Ses services sont concurrentiels par rapport à ceux des fournisseurs indiens, si l'on tient compte des 20 à 30 différents coûts cachés de l'impartition à distance. En plus, le taux de change lui donne actuellement un avantage de coût de 25 %", explique Peter Kuske, analyste chez la firme-conseil en technologies Branham, à Ottawa.

CGI récolte ce qu'elle a semé, puisqu'il faut de 18 à 24 mois entre un premier contact et la signature d'un contrat ferme d'impartition.

L'arrivée d'Obama crée plusieurs belles occasions d'affaires

CGI entend exploiter la conjoncture propice que crée aux États-Unis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, qui annonce une nouvelle ère de "Big Government" et de réformes.

CGI tire presque le tiers de ses revenus des contrats gouvernementaux. Aux États-Unis, sa filiale sert 44 États. La présidente, États-Unis et Inde, de CGI, Donna Morea, rencontre régulièrement les gouverneurs de plusieurs États afin de mieux connaître leurs besoins.

Plusieurs États et municipalités sentent actuellement l'urgence de mettre à jour leurs systèmes administratifs, car le gouvernement d'Obama exige un suivi rigoureux des dépenses avant de verser les subventions promises en vertu de l'American Recovery and Reinvestment Act. En décembre 2008, la Ville de Cleveland, appauvrie par la récession, a choisi le progiciel AMS Avantage pour remplacer ses systèmes de gestion financière.

La crise hypothécaire est aussi une source de contrats potentiels, dit M. Roach. C'est pourquoi CGI vient de recruter Roy Bernardi, ancien secrétaire adjoint du département américain de l'Habitation et du développement urbain, à titre de vice-président, services-conseils. Environ le quart des programmes d'accès au logement social aux États-Unis sont déjà gérés par les systèmes de CGI, précise M. Roach.

La réforme du système de santé est un autre territoire que CGI entend occuper davantage, bien qu'elle y affronte plusieurs rivales.

Le premier budget Obama prévoit 634 G$ US sur une décennie afin d'élargir la couverture de santé des Américains et d'en réduire les coûts. En février, Centers for Medicare & Medicaid Services a confié à CGI l'entretien et la mise à jour des systèmes utilisés par les régimes d'assurance maladie et médicaments Medicare Advantage. Le contrat de cinq ans et demi est évalué à 135 M$ US, si toutes les options sont exercées.

"CGI est avantagée dans ces deux spécialités puisque les gouvernements achètent leurs services localement. Ce créneau ne subit pas la concurrence de fournisseurs indiens, par exemple", indique Richard Tse, analyste à la Financière Banque Nationale.

Malgré ses 26 500 employés dans 16 pays, CGI n'a pas perdu sa fibre entrepreneuriale, affirme M. Roach. L'entreprise ne laisse passer aucune occasion, si petite soit-elle.

Ainsi, CGI cherche à tirer profit de l'entente cadre sur la mobilité des professionnels, signée en octobre entre la France et le Québec. Le groupe conseil veut convaincre les entreprises françaises qu'il est aussi avantageux d'impartir des services au Québec que dans les marchés francophones du Vietnam et du Maroc.

CGI et un client français non identifié ont mis sur pied un projet pilote qui emploie huit professionnels français. CGI a dépêché deux de ses employés chez le client en France.

Une possible acquisition en Europe

CGI affirme depuis longtemps qu'elle a les moyens de conclure une acquisition majeure en Europe ou aux États-Unis. M. Roach répète qu'il n'est pas pressé d'agir, car il cherche encore la perle rare au bon prix.

Toutefois, la nomination au conseil de CGI de l'ex-président du fournisseur de services en technologies Atos Origin, Bernard Bourigeaud, laisse croire que l'Europe est son principal terrain de chasse, selon Gabriel Leung, de Paradigm Capital. "Il ne faut pas sauter aux conclusions, dit M. Roach. M. Bourigeaud est une éminence grise dans le domaine. Il nous apporte ses vastes connaissances de ce marché."

CGI a les moyens de réaliser une transaction majeure, puisque 20 banques lui ont prêté 1,5 G$ jusqu'en 2012.

Des employés attentifs à leurs affaires

M. Roach, un ancien cadre de Bell Canada, pense pouvoir se frayer un chemin entre les géants IBM, EDS, Accenture et Computer Sciences, et gruger des parts de marché grâce à l'agilité et à la flexibilité de CGI.

"Nos employés pensent en propriétaires puisque 87 % d'entre eux possèdent des actions. Les propriétaires sont toujours plus attentifs à leurs affaires", explique M. Roach.

CGI dit réaliser 95 % de ses mandats dans l'échéancier et le budget prévus, alors qu'en moyenne, dans l'industrie, 60 % des projets de technologies connaissent des retards ou dépassent les budgets. M. Roach attribue cette agilité à la structure de gestion allégée de CGI. Trente unités d'affaires se rapportent à M. Roach et un seul degré de hiérarchie le sépare du président ou du vice-président de ces unités.

Projeter une image de croissance

Le pdg est par ailleurs convaincu que, en se fixant d'ambiteux objectifs, CGI projette une image de croissance à laquelle adhèrent les clients, employés et investisseurs.

"Les objectifs sont un engagement à long terme. Les clients veulent faire affaire avec un fournisseur qui étend la portée de son réseau et accroît ses services. Les travailleurs veulent aussi se joindre à nous, car ils voient des possibilités d'avancement. Les investisseurs aussi suivent le succès", explique M. Roach.

"Michael Roach aime servir, dit Serge Godin. C'est une qualité essentielle dans notre domaine, qu'il sait transmettre autour de lui. Il est très polyvalent. Il est aussi à l'aise à discuter de stratégie avec le président d'une entreprise cliente que de systèmes avec leur chef des technologies."

dominique.beauchamp@transcontinental.ca

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