Maudit courriel

Publié le 24/11/2012 à 00:00

Maudit courriel

Publié le 24/11/2012 à 00:00

Adieu courriel, bonjour réseau social

Consécutivement à sa décision d'éliminer les courriels internes, Atos a étudié un grand nombre de réseaux sociaux d'entreprises.

«Nous avons accueilli de nouveaux employés qui utilisaient un logiciel de messagerie pour la première fois de leur vie, mais qui étaient des utilisateurs expérimentés des médias sociaux, indique Robert Shaw. L'un de nos objectifs, c'était de comprendre comment cette nouvelle génération communique et d'innover en mariant les pratiques les plus efficaces des différentes générations.»

Compte tenu de son objectif ambitieux, l'entreprise cherchait un outil qu'elle puisse adapter à ses besoins : «Après avoir évalué quelque 200 réseaux sociaux pour entreprises, nous en avons retenu deux, dit Robert Shaw, blueKiwi était l'un deux... et nous avons fini par acheter l'entreprise.»

Comme c'est le cas de ses nombreux concurrents, dont IBM Connections, Yammer et Chatter, l'interface de blueKiwi rappelle celle de Facebook. Ce choix généralisé est tout sauf un hasard. «Dès 2007, les utilisateurs des réseaux sociaux ont dépassé en nombre ceux des courriels, et aujourd'hui, Facebook a un milliard d'utilisateurs actifs, fait valoir Renny Monaghan, vice-président du marketing de Salesforce, à qui appartient Chatter. Internet nous montre comment les gens veulent communiquer, et la réalité, c'est qu'ils abandonnent le courriel !»

L'implantation du réseau social de Salesforce dans une entreprise causerait une diminution moyenne du volume de courriels de 26 % : «L'arrivée de Chatter signe l'arrêt de mort des listes de courriels, explique Renny Monaghan. Les employés peuvent ainsi choisir de quels groupes et de quels collègues ils veulent recevoir de l'information.» Au sein même de Salesforce, l'implantation de Chatter a eu pour résultat une diminution de 35 à 40 % du volume de courriels.

Dans les faits, les entreprises souhaitent avant tout que leurs employés communiquent entre eux le plus efficacement possible. Par conséquent, c'est parce qu'ils permettent de mieux échanger que les réseaux sociaux d'entreprises sont populaires. CGI, qui n'a aucune intention de limiter l'utilisation du courriel, a néanmoins déployé le réseau social d'entreprises Tibbr en octobre 2011 : «On a évalué que le courriel n'était pas le médium le plus efficace pour créer des occasions de collaboration», explique simplement Éric Lebel, vice-président, gestion des connaissances, chez CGI.

Tibbr s'est révélé tout particulièrement utile lors de l'intégration des employés de Logica, dont CGI a finalisé l'acquisition en août dernier : «Dès le premier jour, notre réseau social a accueilli 41 000 nouveaux membres, pour lesquels on avait créé plusieurs sujets d'accueil, afin de faciliter leur intégration à l'entreprise, relate Éric Lebel. Ce jour-là, un employé issu de Logica a utilisé l'outil afin de trouver un logiciel très spécialisé pour un client. On lui a rapidement proposé six produits susceptibles de répondre à ses critères, et cet employé s'est fait 14 nouveaux contacts au sein de l'entreprise.»

Malgré l'engouement des entreprises pour les réseaux sociaux, Saul Carliner de l'Université Concordia ne croit pas que le courriel soit appelé à disparaître de la boîte à outils des entreprises, même à l'interne : «Je ne pense pas que le courriel va disparaître, mais il deviendra un canal de communication destiné à un usage très spécifique, notamment les communications formelles.»

Robert Shaw, pour sa part, croit que l'objectif qu'Atos s'est fixé est réaliste, quoiqu'il n'ait pas la prétention de tout savoir : «Peu importe ce qui arrive au bout du compte, cette aventure nous aura permis d'en apprendre beaucoup à propos de la collaboration et de la communication en milieu de travail.»

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