Les villes intelligentes, l'un des enjeux des élections municipales

Publié le 08/06/2013 à 00:00

Les villes intelligentes, l'un des enjeux des élections municipales

Publié le 08/06/2013 à 00:00

«Ville intelligente». Préparez-vous à entendre ces deux mots sur toutes les tribunes à l'approche des élections municipales du 3 novembre. De Québec à Montréal en passant par Magog, le concept s'imposera sûrement comme l'un des principaux thèmes de la campagne. Pour certaines entreprises, ils sont synonymes d'occasions d'affaires ou de nouvelle concurrence.

Le concept de ville intelligente gagne en popularité dans les hôtels de ville du Québec. Ses adeptes pensent qu'une meilleure utilisation des données numériques favorisera le développement économique, l'efficacité des services publics et le démarrage d'entreprises.

«Lorsqu'on parle de villes intelligentes, on parle entre autres de municipalités qui gèrent leurs données numériques pour être plus efficientes; pour mieux coordonner la réparation des infrastructures, accroître la fluidité du transport ou surveiller la qualité de l'environnement, entre autres», explique Jean-François Barsoum, conseiller délégué principal, villes plus intelligentes, chez IBM.

M. Barsoum cite l'exemple de Montréal, critiquée par son vérificateur général à la fin de mai en raison des travaux d'entretien des infrastructures désordonnés. S'il y avait eu une meilleure gestion des données sur l'entretien effectué durant les 30 dernières années (données qu'elle possède), l'administration municipale aurait pu mieux coordonner ses travaux, selon lui. «Grâce à un système que nous avons conçu, la Ville de Washington profite de l'exécution de travaux urgents pour effectuer les travaux mineurs dans le même secteur», illustre-t-il.

La gouvernance diffuse de Montréal peut rendre difficile l'adoption de solution intelligente, poursuit M. Barsoum. «Par exemple, pour le transport public à Montréal, les intervenants sont nombreux : il y a la Ville, les arrondissements, la STM [Société de transport de Montréal], l'AMT [Agence métropolitaine de transport], le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire. Une solution à ce problème passe par les données ouvertes. En donnant l'accès à ses données, chaque administration verra ce que font les autres autorités, et les citoyens pourront développer leur propre application.»

Entrepreneuriat

Les projets intelligents ouvrent de nombreuses portes aux entreprises Internet en démarrage. Par exemple, une entreprise de Boston a développé une application pour détecter les nids-de-poule.

À Gatineau, Développement économique - Centre local de développement fréquente les hackathons (concours de programmeurs) à la recherche des «champions». L'organisme veut collaborer à la rédaction du plan d'affaires de jeunes entreprises afin de développer des applications rentables, raconte son directeur, Michel Plouffe.

Magog, en Estrie, s'est inspirée elle aussi du concept de ville intelligente pour favoriser son développement économique. La ville de 25 000 habitants, qui a perdu 4 000 emplois industriels en cinq ans, veut déployer un réseau de fibres optiques sur son territoire pour attirer les entreprises technologiques et encourager l'entrepreneuriat. Aussi à Montréal, le candidat à la mairie Denis Coderre envisage un réseau Wi-Fi sur l'ensemble du territoire.

Or, l'intervention des municipalités soulève certaines inquiétudes dans le milieu des affaires. Cogeco, par exemple, a craint que le projet de Magog ne constitue une «concurrence déloyale» et a songé à faire du lobbying à Québec sur ce sujet, a révélé LesAffaires.com à la mi-mai. Le câblodistributeur s'est dit rassuré depuis et ne demande que de connaître les politiques du gouvernement provincial au sujet des villes intelligentes.

Bell affirme collaborer avec les élus afin de déployer des réseaux à large bande passante là où il ne serait pas rentable de le faire. La société s'interroge toutefois sur la pertinence d'investir l'argent des contribuables dans des réseaux «qui sont déjà en cours de construction par des entreprises». «La grande majorité des gens au Québec ont accès à de multiples câbles et réseaux sans fil à haut débit, y compris le très répandu Wi-Fi gratuit», commente la porte-parole, Véronique Arsenault.

Chez Telus, on affirme être toujours disposé à participer à des partenariats avec la municipalité. Québecor n'a pas répondu à notre demande d'entrevue.

Vicki May Hamm, mairesse de Magog, n'est pas surprise que le projet de sa municipalité ait pu inquiéter des entreprises comme Cogeco. Après consultations, les acteurs de l'industrie comprendront que la tendance mène inévitablement au développement selon les principes de ville intelligente, croit-elle. Les télécoms et les câblodistributeurs y verront même des occasions d'affaires, tandis que la municipalité se cherche des partenaires, selon elle.

Les projets à Gatineau offrent aussi des occasions pour les grandes télécoms. Les résidents ont accès à Internet haute vitesse, mais ils n'ont pas nécessairement le choix du fournisseur, constate Michel Plouffe, du Centre local de développement. «On tente d'attirer un autre joueur pour qu'il y ait davantage de concurrence, ajoute-t-il. On présente nos projets aux grands joueurs pour leur montrer qu'ils peuvent avoir un bon plan d'affaires.»

André Boisvert, directeur général d'Île sans fil, voit aussi des occasions pour son entreprise sans but lucratif qui installe du Wi-Fi dans les bâtiments publics et commerciaux montréalais. Ses projets : offrir le Web dans les bibliothèques de la ville et à l'extérieur des stations de métro (près des édicules) et lancer une carte numérique recensant les endroits où l'on peut accéder gratuitement au Wi-Fi.

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