Les firmes de traduction misent sur les services-conseils

Publié le 11/05/2013 à 00:00

Les firmes de traduction misent sur les services-conseils

Publié le 11/05/2013 à 00:00

Le Canada ne représente que 0,5 % de la population planétaire. Pourtant, il détient 10 % du marché mondial de la traduction professionnelle, estimé à 31 milliards de dollars en 2012. Et où s'effectue la majorité de ces contrats ? Ici même, au Québec.

«Le leadership du Québec dans l'industrie de la traduction mondiale est pas mal plus grand qu'on ne le pense», signale Benoît Le Blanc, président et fondateur du cabinet de traduction montréalais Versacom, la plus importante firme de traduction à propriété canadienne, avec une clientèle de plus de 1 200 entreprises.

Il estime que la grande majorité des documents traduits professionnellement au Canada le sont par des cabinets québécois. «Cela confère au Québec une représentation professionnelle par personne extrêmement importante dans le domaine de la traduction», ajoute M. Le Blanc. Ce rôle de leader s'explique en grande partie par la loi canadienne sur le bilinguisme officiel.

Cela ne met pas les cabinets québécois à l'abri des nouvelles réalités de l'industrie, à commencer par la mondialisation des marchés, qui fait pression sur la tarification au mot.

Un rôle-conseil toujours plus fort

Dans ce contexte, les firmes québécoises réussissent à maintenir leurs tarifs à 0,25 $ du mot en misant largement sur la plus-value des services-conseils. «Le traducteur fait plus que traduire mot à mot, c'est un communicateur qui traduit un message. C'est un expert qui conseille les clients sur la meilleure façon de traduire leur document. Il peut se permettre un regard critique sur les textes d'origine pour mieux guider le client», soutient Réal Paquette, président de l'Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ).

Depuis trois ans, M. Paquette presse les six universités québécoises qui offrent le baccalauréat en traduction d'intégrer la notion de services-conseils dans leur programme. «C'est ce qui permet déjà aux cabinets québécois de se distinguer face à la concurrence mondiale. Et c'est ce qui leur permettra de continuer à le faire», ajoute-t-il.

Service de premier choix

Versacom a amorcé le virage services-conseils il y a 10 ans. Face à l'explosion des besoins en traduction, qui vont bien au-delà du français et de l'anglais, l'entreprise montréalaise a développé de multiples services, dont celui qu'elle appelle «premier pré-choix».

«Cela consiste à offrir au client un résumé sommaire d'un éventuel document à traduire. Ce résumé permet de mieux évaluer la pertinence de faire traduire ou non le document dans sa totalité. Ce service, très apprécié par la clientèle, permet d'épargner des montants importants», explique M. Le Blanc. Il cite le cas d'une entreprise canadienne qui se demandait si elle devait traduire un volumineux texte du japonais vers l'anglais. Un simple résumé a révélé que ce texte ne comportait pas d'informations capitales.

Gestion de projet

Autre avantage majeur : la gestion de projet s'est invitée dans les cabinets québécois. Avec l'arrivée des technologies et des logiciels d'aide à la traduction, des mémoires et des lexiques, les projets complexes et volumineux ont commencé à affluer. Ces projets ont des délais serrés et sont souvent commandés à la dernière minute par le client.

Le personnel affecté aux tâches liées à la gestion de projet dans les cabinets de traduction représente désormais de 15 à 20 % des effectifs. «La gestion de projet monopolise jusqu'au tiers de nos effectifs», signale Michèle Lamarche, directrice de la production et des technologies chez BG Communications, qui emploie une douzaine de personnes.

Couleur locale

La grande sensibilité de la qualité des documents traduits est un élément qui différencie aussi les cabinets québécois de la concurrence. «Évoluer sur un territoire où deux grandes langues occidentales se côtoient depuis 300 ans a largement contribué à développer cet avantage», soutient M. Le Blanc. La stratégie qui consiste à respecter rigoureusement la couleur locale ainsi que la culture du public à qui s'adresse le document porte ses fruits et plaît aux entreprises multinationales soucieuses de leur image... et de leur chiffre d'affaires.

Flexibilité et confidentialité

Si Versacom réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires annuel de 25 millions de dollars, l'entreprise montréalaise le doit à plusieurs éléments distinctifs, à commencer par la flexibilité de ses horaires.

«Chez nous, le 9 à 5 n'existe pas. Il y a 24 fuseaux horaires sur la planète, donc autant d'heures de travail par jour chez Versacom», indique Benoît Le Blanc. Il gère 200 employés au siège social de Montréal, 300 personnes réparties dans tout le Canada et près de 200 collaborateurs sur le globe. Ce sont en partie des travailleurs autonomes ainsi que des micro-cabinets.

À ce propos, chez Versacom, le terme de «pigiste» n'existe plus. On préfère parler de collaborateurs et de contractuels. En vertu de la sécurité et de la confidentialité qu'exigent les clients pour la traduction de leurs documents, le plus important cabinet montréalais de traduction fait signer des contrats à tous ses travailleurs autonomes.

«Nous offrons des mesures de protection blindée exceptionnelles à nos clients que je préfère ne pas partager avec mes compétiteurs», signale M. Le Blanc.

Le cabinet détient également les deux plus exigeantes normes (Canada et Europe) commerciales spécifiques à l'industrie de la traduction. Il dispose en outre d'une équipe dédiée à la recherche et développement, «ce qui est une rareté dans notre secteur.»

L'INDUSTRIE DANS LE MONDE...

31

Les recettes des quelque 25 000 entreprises de services langagiers de la planète atteignent 31 milliards de dollars américains.

Source : PwC

4

Les 50 plus grandes organisations offrant des services langagiers génèrent à elles seules 4 G$ US.

7,41 %

Le marché des organisations offrant des services langagiers croît selon un taux annuel de 7,41 % et devrait atteindre les 38,9 G$ US en 2014. La plupart des recettes continuent d'être associées aux services de traduction.

... ET AU CANADA

15 000

L'industrie des services langagiers au Canada emploie 15 000 traducteurs, interprètes, terminologues et localisateurs.

2 000

L'Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec compte 2 000 membres.

Source : OTTIAQ

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