Les Affaires, un voyage inoubliable

Publié le 23/02/2013 à 00:00

Les Affaires, un voyage inoubliable

Publié le 23/02/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Quand je suis arrivé au journal Les Affaires en décembre 1980, j'avais déjà décidé de consacrer ma carrière à l'information économique et financière.

J'avais étudié en économie et en administration, j'avais goûté au journalisme politique, ce qui ne m'avait pas emballé. Quant au journalisme économique et financier, il était très peu développé dans les médias francophones. La Presse et Le Soleil avaient accru leur effectif de journalistes économiques et financiers, mais leur contenu n'était aucunement comparable à celui des quotidiens et des hebdomadaires spécialisés anglophones.

C'est pourquoi, quand Claude Beauchamp m'a offert de devenir rédacteur en chef de Les Affaires, j'y ai vu une occasion de contribuer davantage à l'information ainsi qu'à l'éducation économique et financière des Québécois. Claude venait de s'associer à Transcontinental, qui avait acquis, l'année précédente, des éléments d'actif de la société qui publiait Les Affaires.

Transcontinental n'avait que quelques années d'existence, mais j'avais senti chez Rémi Marcoux, son cofondateur et président, et chez Claude Beauchamp, qui avait été mon rédacteur en chef au Soleil, une volonté réelle de faire de Les Affaires la principale publication économique et financière du Québec. Il y avait donc une parfaite adéquation entre mes ambitions et la mission du journal.

À mon arrivée, Les Affaires publiait généralement 28 ou 32 pages par semaine, et le nombre de ses abonnés qui payaient leur abonnement était de l'ordre de 25 000. Il n'était pas offert en kiosque. Sa présentation était terne. En moins d'un mois, nous avions recruté un chroniqueur financier, ajouté les cotes de la Bourse de Montréal et de Toronto (celles de la Bourse de New York ont été intégrées plus tard), mis de la couleur à la une et vendu le journal en kiosque.

L'avènement du REA

Outre le renforcement des équipes rédactionnelle, publicitaire et de diffusion, qui ont contribué rapidement et de façon marquée à la relance du journal, nous avons bénéficié d'un levier inespéré par le lancement du Régime d'épargne-actions du Québec, communément appelé le REA. Mis en place en 1979 par le ministre des Finances, Jacques Parizeau, ce régime accordait des déductions fiscales pour les investissements faits dans des actions d'entreprises québécoises inscrites à une Bourse. Ce régime, qui a pris son envol en 1983, après que Cascades eut fait un premier appel public à l'épargne de 5 M$, a encouragé en quelques années des dizaines d'émissions d'actions et l'inscription en Bourse de titres d'autant de sociétés, ce qui a créé un engouement spectaculaire des petits épargnants pour le marché boursier. Cet intérêt a duré jusqu'au krach d'octobre 1987, qui a été malheureusement catastrophique pour les petits épargnants. Peu au courant des risques associés au marché boursier, des dizaines de milliers d'investisseurs, qui avaient fait des gains facilement en raison de la forte appréciation des cours boursiers après la récession de 1981-1982, ont encaissé de lourdes pertes.

Aucun journal n'a couvert les sociétés nouvellement inscrites en Bourse comme Les Affaires. Nous avons publié chaque semaine pendant quelques années non seulement des profils sur les sociétés qui avaient émis des actions, mais surtout des pages entières de données sur celles-ci.

Nous avons même poussé l'audace jusqu'à publier un indicateur du risque associé aux titres émis. Notre objectif n'était pas de recommander ou de condamner des émissions, mais d'aider les épargnants à analyser la valeur intrinsèque des actions offertes et le risque associé à ces titres. Bien conscients des risques que prenaient les épargnants, nous cherchions à les aider dans leur apprentissage de l'investissement boursier. Cet accompagnement a été éminemment favorable à la croissance de notre tirage qui, certaines années, a augmenté de l'ordre de 10 000 exemplaires. Les revenus publicitaires ont connu la même effervescence, ce qui nous a permis de renforcer nos équipes et de constituer une base pour l'investissement dans d'autres publications.

Liberté absolue

Fondé à Québec en 1928, Les Affaires a été un témoin clé de l'évolution économique du Québec pendant 85 ans et il en a connu les hauts et les bas. S'il a remporté du succès sous la direction d'anciens propriétaires (tels Louis-Alexandre Bélisle de 1933 à 1960 et Julien Levasseur de 1961 à 1972), c'est sous le leadership de Transcontinental qu'il a pris son essor et qu'il s'est le plus développé.

Fort de la philosophie de gestion décentralisée propre à Transcontinental, le journal a toujours joui d'une politique éditoriale totalement indépendante.

Tandis que sa mission originale était de stimuler l'entrepreneuriat chez les Canadiens français et de publier des conseils de gestion, l'éducation économique et financière de ses lecteurs est devenue beaucoup plus présente au cours des dernières décennies. Cet accent mis sur la vulgarisation de concepts économiques et de notions de finances personnelles a permis au journal d'accroître fortement sa diffusion. Bien qu'il ait été surtout lu par des gens d'affaires, le journal est devenu un outil d'information et d'éducation pour les investisseurs, les professionnels, les enseignants et les employés de l'État et de nombreuses organisations, y compris les syndicats.

C'est tout cela que votre journal continue d'être aujourd'hui.

Pour moi, ce fut la plus belle aventure qu'il m'aura été donné de vivre sur le plan professionnel.

Merci infiniment à tous ceux et à toutes celles qui ont accompagné les équipes de Les Affaires lors de ce voyage et qui continuent de le faire.

jean-paul.gagne@tc.tc

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