Le sport, une nouvelle manne

Publié le 18/02/2012 à 00:00

Le sport, une nouvelle manne

Publié le 18/02/2012 à 00:00

Tournois de hockey, championnats de patinage, marathons... Les événements sportifs valent de l'or en matière de retombées. Plusieurs villes se sont lancées dans la course. Et l'industrie hôtelière s'en porte très bien.

Rivière-du-Loup n'a pas l'habitude de recevoir en plein hiver des congrès attirant 4 500 visiteurs. Ni même en été d'ailleurs. Or, au début du mois de février, plus de 1 500 patineurs, accompagnés de quelque 3 000 parents et entraîneurs, ont débarqué en ville pour la tenue des championnats provinciaux de patinage artistique. Une première dans la région.

Tous les hôtels, de La Pocatière à Trois-Pistoles, en passant par ceux du Témiscouata, affichaient «complet» pour l'occasion : près de 1 200 chambres ont trouvé preneur durant les cinq jours de compétition. Des retombées directes estimées à plus d'un million de dollars (M $) pour les hôteliers. Soit près de 20 % des retombées annuelles de 5 M $ que génère l'ensemble du marché des congrès et événements pour la ville.

«On commence à peine à réaliser que le tourisme sportif est un marché très important à développer. Aussi important que celui des congrès», souligne Monique Dionne, directrice générale de Tourisme Rivière-du-Loup. Son équipe vient d'ailleurs d'ajouter à son guide des planificateurs la liste des différents plateaux sportifs (arénas, gymnases, piscines, etc.) de Rivière-du-Loup.

En fait, enlevez le tourisme sportif à Rivière-du-Loup et vous amputez la ville de plus de 40 % de ses événements de 50 nuitées et plus. Et elle n'est pas la seule dans cette situation où le sport apporte presque autant d'événements que le milieu des affaires. C'est le cas aussi pour Lévis, Saguenay, Shawinigan, Saint-Georges-de-Beauce, Sherbrooke...

«Selon l'analyse des données 2010 de l'Association des bureaux de congrès du Québec (ABCQ), ces destinations doivent entre 42 % et 53 % de leurs retombées totales liées au tourisme d'affaires à des événements relevant du sport», signale Sylvia Bouchard, présidente de l'Association.

Même si le tourisme d'affaires et de congrès reste le marché le plus lucratif, les manifestations sportives ont l'avantage d'être récurrentes. De plus, elles ont lieu à des périodes creuses côté congrès, ce qui est intéressant pour les hôteliers. Elles ont aussi la particularité d'être présentés le week-end, jours de relâche pour le tourisme d'affaires.

Un marché très convoité

Le nouvel engouement pour le tourisme sportif n'est pas un phénomène typique du Québec. Toronto, Ottawa, Edmonton, Calgary, Vancouver, Halifax, toutes ces villes et bien d'autres sont intéressées par cette activité très lucrative qui réunit les événements unisports, multisports et touristico-sportifs comme les Jeux des Policiers, les Masters, les marathons et autres épreuves grand public en pleine croissance.

Laval, qui vient d'annoncer la construction d'un amphithéâtre doté de deux patinoires, dont une de dimension olympique, un projet de 120 M$, se positionne avantageusement dans ce marché.

L'Alliance canadienne du tourisme sportif canadien (ACTS) estime à 3,6 milliards de dollars les retombées des événements sportifs au pays. «Vu l'essor de ce marché, l'organisation canadienne a développé divers outils d'évaluation économique du tourisme sportif pour venir en aide aux communautés intéressées par l'organisation d'événements», explique Denis Paquet, membre du conseil d'administration de l'ACTS.

Des retombées qui vont bien au-delà de la cible économique immédiate. «Les images du Vieux-Québec véhiculées par le Red Bull Crashed Ice dans le monde entier et par la compétition cycliste Pro Tour sur le réseau France 2 aux heures de grande écoute constituent pour Québec une visibilité inestimable en coûts publicitaires», souligne M. Paquet, qui est aussi conseiller spécialisé dans les événements sportifs pour la ville de Québec.

Cependant, une des grandes valeurs ajoutées que rapporte le tourisme sportif touche la population elle-même, insiste M. Paquet. Les événements majeurs ont pour effet de favoriser la mise à niveau des infrastructures sportives d'une ville. Par exemple, à la suite de la présentation de la finale provinciale des Jeux du Québec d'été en 2010, la Ville de Gatineau a hérité d'un complexe sportif de 50 M $ doté d'une palestre et d'un triple gymnase, mais surtout de la première piscine olympique de l'Outaouais. Même si la Ville et le constructeur règlent actuellement un différend sur la facture, la population, les écoles et les clubs sportifs profitent largement du complexe.

Sherbrooke, une pionnière

Sherbrooke, qui sera l'hôtesse des Jeux du Canada d'été en 2013, fait figure de pionnière dans la reconnaissance du tourisme sportif.

Ce secteur est devenu une source de revenus non négligeable. En 1997, l'office de tourisme de la ville a été l'un des précurseurs au Canada, à miser sur le tourisme sportif comme moteur de développement économique. La présence de deux universités et de deux collèges bien équipés ainsi que les résultats d'une étude sur les retombées des nombreux championnats tenus en ville ont incité Sherbrooke à exploiter ce créneau.

Grâce à ses ambassadeurs issus des milieux sportifs civil, collégial et universitaire, la patrie du Vert & Or reçoit, en moyenne, plus d'une soixantaine d'événements sportifs de plus de 50 nuitées par an. Des compétitions provinciales et nationales, auxquelles s'ajoutent de grands rendez-vous internationaux, tels que les Mondiaux Jeunesse de l'athlétisme en 2003 et les Championnats mondiaux junior de patinage de courte piste en 2009.

«Les événements sportifs ainsi que la pratique du sport représentent des retombées directes de 44 M $ pour la ville», fait remarquer Julie Nadeau, coordonnatrice du tourisme sportif à Destination Sherbrooke.

Montréal dans une classe à part

La métropole profite largement de la tenue d'événements sportifs. Le Grand Prix de Formule 1, la plus lucrative des manifestations sportives du Canada, génère des retombées économiques de 100 M $ pour le Grand Montréal. «Ce que de rares congrès (Lions, Rotary) ont été en mesure d'égaler au cours des 20 dernières années», précise Pierre Bellerose, vice-président de Tourisme Montréal.

Pourtant, la métropole pourrait faire encore mieux. Tourisme Montréal vient de créer un comité interne afin d'obtenir davantage d'événements sportifs amateurs. Ce dernier a déjà commencé à cibler des championnats canadiens que Montréal pourrait accueillir.

«En 2010, Montréal a accueilli près de 70 événements sportifs d'envergure nationale ou internationale. Des événements qui ont généré près du double des retombées de la F1.» Et la ville possède les équipements pour en recevoir bien davantage. Il lui manque toutefois la reconnaissance ainsi que l'appui de l'ensemble des milieux touristique et des affaires pour mieux se positionner sur ce marché. Des partenaires essentiels pour mettre en valeur une candidature et remporter une sélection. «Le défi est colossal, puisque la grande majorité des événements du sport amateur évoluent dans l'ombre du sport professionnel, omniprésent à Montréal», explique Pierre Fortier, vice-président du Groupe DAA Stratégies IES, firme de consultants en organisation d'événements touristiques et sportifs de haut niveau.

3,6

Volume d'affaires, en milliard de dollars, généré par le tourisme sportif au pays par année, ce qui en fait le segment de l'industrie touristique canadienne dont la croissance est la plus rapide, soit une moyenne de 8,8 % depuis 2008.

Source : Alliance canadienne du tourisme sportif

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