Le Québec, une pépinière pour les technologies langagières

Publié le 21/05/2011 à 00:00

Le Québec, une pépinière pour les technologies langagières

Publié le 21/05/2011 à 00:00

Par Claudine Hébert

Les cabinets de traduction et les écoles de langues secondes sont les principaux moteurs économiques de l'industrie canadienne de la langue. Or, plusieurs signes permettent de penser que le secteur des technologies langagières pourrait devenir le chef de file de cette industrie d'ici 10 ans.

" On estime à plus de 1 000 le nombre d'entreprises sur la planète qui sont présentes dans au moins 160 pays. Ces multinationales ont d'importants besoins en matière de langues et de gestion des documents. Un marché en or pour les PME québécoises comme Multi-Corpora, Jive, Terminotix, Logosoft et Druide Informatique, qui oeuvrent dans le secteur des logiciels d'aide à la traduction ", rapporte Alan Bernardi, directeur général du Centre de recherche de technologies langagières, à Gatineau.

Selon Wintergreen Research, spécialisée dans les études et les analyses de marché en matière de télécommunications, le marché mondial des logiciels de traduction et d'aide à la traduction s'élevait à 575,5 millions de dollars américains (M $ US) en 2010. Ce marché, en croissance, devrait fracasser les 3 milliards de dollars américains (G $ US) en 2017.

Jouer sur deux langues

" Les entreprises québécoises évoluent dans un environnement qui fait déjà appel à deux langues, un avantage non négligeable sur la concurrence. Cette réalité a pour effet de stimuler les recherches sur le plan multilingue ", souligne M. Bernardi. Pour mieux faire connaître aux traducteurs et aux étudiants en traduction dans les universités les produits destinés à faciliter leur travail, le Centre lancera en septembre une boîte à outils qui regroupera la majorité des logiciels de traduction et d'aide à la traduction conçus ici.

L'accumulation constante d'archives et autres documents au sein des multinationales laisse aussi espérer de vastes débouchés pour les concepteurs de logiciels de gestion de documents. D'après la firme américaine d'analyse NelsonHall, ce marché devrait atteindre les 45 G $ US d'ici deux ans. " Ce marché, dans lequel évoluent les IBM, Xerox et Microsoft de ce monde, compte, lui aussi, plusieurs acteurs québécois comme Irosoft et Cogniva, qui se démarquent sur la scène internationale ", dit M. Bernardi.

Cogniva s'exporte

Le président de Cogniva, Yves Marleau, revient justement d'Europe, où il s'est attelé au développement d'un réseau de distribution. Le logiciel de gestion de documents Isis, sur lequel travaille l'entreprise de Gatineau depuis six ans, est utilisé par le Conseil de l'Europe, une organisation qui doit gérer des documents dans plus de 27 langues. L'entreprise gatinoise, qui a un chiffre d'affaires dans les sept chiffres, a déjà depuis deux mois dépassé ses revenus de l'an dernier. " Et cela devrait quintupler d'ici les deux prochaines années ", soutient le président.

Autre secteur où les PME québécoises axées sur les technologies langagières se positionnent avantageusement : le marché des logiciels de reconnaissance de la parole. La défunte montréalaise Recherche Bell Norton a justement fait figure de pionnière en la matière à la fin des années 1980 avec son logiciel d'assistance annuaire. Depuis, quelques centres de recherche, dont le Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM), et toute une pépinière d'entreprises spécialisées dans la reconnaissance de la parole (Nuance Communications, Perceive Solutions) ont vu le jour au Québec. Et bonne nouvelle, selon le Global Industry Analysts, le marché des technologies de reconnaissance de la parole devrait avoisiner les 21 G $ d'ici 2015.

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