Le Québec drague les Français

Publié le 28/04/2012 à 00:00, mis à jour le 26/04/2012 à 11:45

Le Québec drague les Français

Publié le 28/04/2012 à 00:00, mis à jour le 26/04/2012 à 11:45

Dans certains quartiers de Montréal et de Québec, on n'hésite pas à parler d'invasion française. Ils sont jeunes, et on entend leur accent partout : aux comptoirs des boulangeries, dans les couloirs des grandes entreprises, les centres de conditionnement physique et jusqu'au volant des autobus...

Les immigrants français débarquent en grand nombre au Québec. En 1997, le ministère de l'Immigration leur délivrait 1 982 certificats de sélection, ce document qui permet de s'établir de manière permanente au Québec. En 2010, ce chiffre, qui croît régulièrement d'année en année, s'élevait à 3 835, un peu moins toutefois que le record atteint en 2009, avec plus de 4 000 émules de Jacques Cartier.

Démarches facilitées

Il faut dire que face à une importante pénurie de main-d'oeuvre dans des créneaux stratégiques, les employeurs québécois se tournent volontiers vers la «mère patrie» et, dans une moindre mesure, la Belgique et la Catalogne, pour recruter des employés jeunes, scolarisés et compétents. Une démarche facilitée par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles du Québec, qui multiplie les efforts afin d'accueillir, plus vite et en plus grand nombre, nos cousins.

En juin, une délégation d'entreprises québécoises issues de quatre industries stratégiques (technologies de l'information, aérospatiale, génie-conseil et jeu vidéo) se rendra en France et en Belgique aux «Journées Québec» dirigées par le Ministère avec le concours de Montréal International et Québec International.

Il s'agit de missions de recrutement exclusives, pendant lesquelles les employeurs participants ont accès à un bassin de candidats présélectionnés en fonction de leurs compétences et de leur profil professionnel. Le matin, ils ont des rendez-vous avec ces candidats, et l'après-midi, l'événement se transforme en foire de l'emploi.

C'est la cinquième édition de ces journées, «une initiative unique au Canada», selon la ministre Kathleen Weil. Elles se sont déroulées à Paris, Lyon, Toulouse et Bruxelles. Celles du printemps 2011, où 700 candidats ont été rencontrés, se sont soldées par 140 embauches.

Depuis le début du programme, les employeurs québécois ont rencontré au moins 2 700 ressortissants français, calcule Montréal International. «Ces journées sont très utiles, témoigne Claude Marcoux, vice-président directeur général de la firme CGI, un employeur participant. Parfois, les gens sont embauchés sur place, si le courant passe.»

Une offensive bien orchestrée

Le bureau du MICCQ à Paris joue un rôle de pivot dans cette offensive. Il vient d'ailleurs d'être réorganisé : au lieu de gérer les dossiers d'immigration, son personnel est réaffecté à la prospection de travailleurs et à la promotion des entreprises québécoises. L'effectif affecté à la prospection a été doublé, et est ainsi passé de trois à six personnes. Ce printemps, la campagne Internet intitulée «Vous avez une place au Québec», lancée par l'intermédiaire de Pôle Emploi, l'équivalent français d'Emploi-Québec, a reçu 127 000 visiteurs.

Québec veut ainsi tirer profit de la morosité qui frappe la France, dont le taux de chômage frôle les 10 % et dépasse le cap des 20 % chez les moins de 25 ans. «Il ne faut pas hésiter à recruter des Français, affirme Mme Weil. Nous avons des liens historiques avec eux, et ils s'intègrent plus facilement .»

Cette intégration rapide et le fait qu'ils connaissent le Québec «réduisent le risque pour l'employeur», affirme Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat. De son côté, Louis Arsenault, vice-président attraction de talent et promotion chez Montréal International, souligne que le système d'éducation et les formations des Français sont similaires et leurs compétences, plus faciles à reconnaître. De plus, il y a une forte correspondance entre les industries visées, comme les TI et l'aérospatiale.

Résidence en 20 jours

Quand ces Français ont une certaine expérience du Québec, parce qu'ils ont déjà étudié ou travaillé temporairement ici, c'est encore mieux. Et c'est de plus en plus le cas, grâce à deux initiatives qui ont livré des résultats dépassant les espérances : le Programme de l'expérience québécoise et le Programme vacances-travail du fédéral.

Le PEQ, créé en 2010, permet à un étudiant étranger ou à un travailleur temporaire d'obtenir son certificat de sélection en 20 jours seulement, alors qu'avant, ils devaient l'un et l'autre attendre un an pour le demander.

Quant au PVT, qui permet de bénéficier d'un permis de travail pour une durée d'un an, il s'adresse uniquement aux Français âgés de 18 à 35 ans. Le nombre de participants a doublé en cinq ans, passant de 7 000 à 14 000. La forte majorité d'entre eux se rendent au Québec.

L'offensive française du Québec s'appuie sur des bases porteuses : l'entente France-Québec en matière de reconnaissance professionnelle, signée en 2008, et l'entente relative à la mobilité professionnelle et à l'intégration des migrants, conclue en 2010. Reste maintenant la signature d'ententes entre ordres professionnels et métiers, qui va moins vite. Sur 89 prévues, seulement 22 ententes ont été signées. L'une des plus récentes touche les géologues, dont le Québec a grandement besoin pour son Plan Nord.

Montréal International pousse plus loin sa chasse aux Français : il veut rejoindre les Français travaillant au Royaume-Uni - ils sont environ 300 000, précise M. Arsenault -, de même que les travailleurs français de la région de New York, au nombre de 100 000.

La ministre, de son côté, parle d'attirer des «francotropes», c'est-à-dire des personnes pour qui l'apprentissage du français est plus facile pour des raisons linguistiques. C'est ainsi qu'en janvier dernier, elle s'est rendue à Barcelone, où elle a signé une entente de mobilité. «Le taux de chômage des jeunes en Espagne s'élève à 40 %, fait valoir Mme Weil. Nous voulons leur faire connaître une expérience internationale.» Prochaine destination : le Brésil, qui a aussi l'avantage d'être un futur marché d'exportation pour le Québec.

22,4 % Taux de chômage des jeunes français. 9,8 % taux de chômage en France . Source : INSEE (mars 2012)

LA PART DES COUSINS

Immigrants admis au Québec en 2010 53 982

Immigrants français au Québec en 2010 3 835

6 934 Nombre d'immigrants français au Canada en 2010

18 223 Nombre de Français qui ont immigré au Québec de 2007 à 2011

55 % des immigrants français venus avec le statut de résidents permanents restent au Québec

110 000 Estimation du nombre de Français au Québec

Montréal

47 000 Nombre de Français inscrits au Consulat général de France à Montréal (+ 75 % en 10 ans)

QUÉBEC

10 230 Nombre de Français inscrits au Consulat général de France à Québec (+ 92 % en 10 ans)

Sources : Immigration Canada et MICC

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