Le petit cireur

Publié le 14/09/2013 à 00:00

Le petit cireur

Publié le 14/09/2013 à 00:00

Il s'appelle Harry Klein. Tous les matins, à 8 h 30, il est fidèle au poste, prêt à servir le client. Son métier ? Cireur de chaussures, dans le hall de la Tour IBM à Montréal.

Avec son noeud papillon rouge et son gilet noir, Harry semble tout droit sorti d'un film d'époque. Mais c'est ce qui attire l'oeil et fait son charme.

Harry a 63 ans. Et il a décidé de devenir cireur de chaussures à... 53 ans. «Je vivais une faillite spirituelle et financière», m'explique-t-il dans un excellent français. Un jour, il a eu un flash. «J'étais au salon de coiffure et je me suis rendu compte qu'il y avait de la manucure, du maquillage... mais pas de cirage de chaussures !»

Il a atterri dans la Tour IBM il y a cinq ans, après avoir cogné à la porte de plusieurs tours de bureaux. «Tout le monde pense qu'un cireur n'a pas d'éducation !» s'exclame-t-il, outré.

Harry, lui, n'en manque pas. Il est diplômé en théâtre du Collège John Abbott, a poursuivi des études en journalisme, publicité et relations publiques à l'Université Concordia et a été animateur de radio. Il est capable de faire rire ses clients ou encore de jaser de politique et d'économie

Et ça marche, les affaires ? «Ah, j'ai failli crever de faim cet été», me lance- t-il, en expliquant que tous ses clients couraient alors les terrains de golf. La haute saison, c'est plutôt l'hiver avec les bottes, le sel...

Mais Harry n'est pas découragé pour autant. «Je vais construire un empire !» me dit-il, d'un ton assuré. Son plan ? Franchiser son concept, continuer à courir les cocktails VIP et les expositions (certains de ses clients l'envoient en Europe), vendre ses chaises qui sont fabriquées au Québec et former la relève. Tout un défi, mais «j'ai un très bon réseau», me souligne-t-il avec un sourire malicieux en faisant référence au statut de ses clients : des avocats, des banquiers et des chefs d'entreprise.

Bref, selon Harry, le métier de cireur est loin d'être mort... à condition d'être ingénieux et d'avoir le sens du marketing ! Et c'est peut-être cet aspect du sujet qui vous a attirés. Car rappelons que la manchette de cette semaine, c'est la vôtre. En juin, vous avez été près de 4 000 à décider - par un vote sur lesaffaires.com - du sujet que vous aimeriez voir traiter dans Les Affaires. Votre choix : «Les industries en voie de disparition... en plein essor». C'est ce que nous vous offrons aujourd'hui dans le cadre du 85e anniversaire de Les Affaires. En février, nous avions donné la parole aux grands dirigeants du Québec, en leur offrant l'occasion de nous dire quels sujets ils aimeraient lire dans nos pages. Cette fois-ci, c'est votre tour.

Boulanger, ébéniste, horloger, presseur de vinyle... Nos journalistes vous présentent des industries qui ont su se réinventer. Mais derrière ces métiers, il y a toujours un homme ou une femme avec un brin de folie, prêts à briser les stéréotypes, comme Harry. «La plupart du monde pense que je suis stupide parce que je suis cireur !» dit-il.

Cela fait quatre ans que je passe quotidiennement devant le stand d'Harry. Pour une fois, je me suis arrêtée. Je n'ai pas fait cirer mes chaussures, mais j'ai obtenu une belle leçon de vie d'un entrepreneur pas comme les autres.

Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires

geraldine.martin@tc.tc

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