La stratégie de 4 PME québécoises qui ont percé à l'étranger

Publié le 27/06/2009 à 00:00

La stratégie de 4 PME québécoises qui ont percé à l'étranger

Publié le 27/06/2009 à 00:00

Les médias font régulièrement état du succès de multinationales québécoises comme Bombardier qui décrochent des contrats aux quatre coins du monde, des États-Unis à la Chine en passant par l'Europe. Pourtant, elles ne sont pas les seules à exporter leur savoir-faire à l'étranger.

Ainsi, jour après jour, de nombreuses PME d'ici, méconnues du grand public pour la plupart, réussissent à faire leur marque sur les marchés internationaux, où elles concurrencent aussi bien des entreprises locales que des multinationales asiatiques, européennes ou nord-américaines.

Réussir chez soi est déjà tout un contrat. Imaginez le défi quand il s'agit d'un marché étranger, d'une culture d'affaires différente de la sienne, où tout est à faire, du développement du réseau de distribution à l'établissement de sa crédibilité, cruciale dans le monde des affaires.

Le journal Les Affaires présente quatre de ces PME gagnantes - il y a en plusieurs autres, évidemment - qui se démarquent par leur sens de l'innovation, leur stratégie, et surtout la folle audace de leurs dirigeants qui fait en sorte qu'elles ne craignent pas de croiser le fer avec des poids lourds.

ASIE

TelcoBridges déploie ses plateformes de télécommunication

Les entreprises qui sous-estiment l'importance de la R-D devrait s'intéresser au cas de TelcoBridges. Ses plateformes de télécommunication connaissent un grand succès en Chine en raison de l'efficacité de la technologie qu'elle a mise au point au début de la décennie.

La société ne vend pas de produits finis; elle offre ses solutions pour améliorer la performance d'appareils utilisés par des entreprises, comme des systèmes de conférence téléphonique, ou par des opérateurs en télécommunications pour personnaliser les sonneries de téléphones cellulaires.

Si sa technologie a du succès en Chine, c'est parce qu'elle est efficace. "Elle est conçue pour traiter de gros volumes d'information peu importe le produit", dit Gordon Macfie, directeur de l'exploitation et des finances de TelcoBridges. Cette technologie permet aussi de faire des économies d'énergie importantes : elle peut par exemple réduire de 80 % la facture d'énergie pour certains équipements.

Pour la PME de Boucherville, la Chine (et l'ensemble de l'Asie) est le principal marché pour les systèmes de télécommunication, car la demande y est immense, dit le vice-président au marketing, Danny P. Blouin. "Sur un seul trimestre, China Mobile a accueilli 25 millions de nouveaux abonnés en Chine ! C'est plus que la totalité des abonnés de Bell au Canada..."

Il va sans dire que toute cette effervescence est très bonne pour TelcoBridges. Mais sans ses partenaires locaux, l'entreprise n'aurait pas de succès en Chine, aussi avancée que soit sa technologie, avoue M. Blouin. "Le secret de notre succès, c'est sans contredit nos partenaires. Tout passe par eux."

TelcoBridges ne vend pas sa technologie aux grandes entreprises de télécommunications chinoises, mais l'offre à ses partenaires, des équipementiers qui, eux, insèrent ses plate-formes dans les équipements qu'ils vendent aux China Mobile de ce monde.

PROFIL

Nom: TelcoBridges

Activité: Conception et fabrication de plateformes de télécommunication

Siège social: Boucherville

Effectif: 49 employés

Chiffre d'affaires: 12,4 millions de dollars

Marchés: Asie, États-Unis, Europe

Année de fondation: 2002

Site Web: www.telcobridges.com

EUROPE

Enico fait gagner du temps à ses clients

Mathieu Archambault n'a pas une once d'arrogance. Mais quand il parle de la technologie brevetée de son entreprise, le viscoline, un instrument qui mesure la viscosité des fluides en temps réel, l'entrepreneur déborde de confiance.

"Quand on va chez un client potentiel pour présenter notre produit, on en sort rarement sans un contrat en main", confie le directeur de la R-D du Groupe Enico, une PME de Laval qui offre des solutions pour optimiser les procédés dans plusieurs industries, dont les cosmétiques, le biopharmaceutique et l'agroalimentaire.

Si l'entreprise vise le marché mondial, elle a déjà obtenu des contrats en Europe, avec L'Oréal Paris, en France, et Procter & Gamble, en Allemagne. Il faut dire que sa technologie brevetée - inventée par Olivier Réglat, un ancien de l'École Polytechnique de Montréal, aujourd'hui vice-président d'Enico - fait économiser temps et argent à ses clients.

Prenons l'exemple d'un fabricant de chocolat qui veut vérifier si sa recette est bien respectée. Il devra prélever un échantillon du fluide chocolaté pour le faire analyser, ce qui nécessite du temps. Mais avec la technologie d'Enico (une tube muni de capteurs, inséré à l'intérieur des équipements de production), le fabricant peut faire cette vérification en temps réel.

Quand on lui demande ce qui explique le succès d'Enico en Europe, M. Archambault ne mentionne pas d'abord cette technologie, mais plutôt l'aide des agences de développement économique d'ici, qui font la prospection de clientèle à l'étranger.

"Ils nous ouvrent des portes", dit le jeune entrepreneur, qui précise que les représentants d'une petite entreprise ne peuvent pas solliciter à froid des entreprises à l'étranger pour obtenir un rendez-vous.

Aussi bonne que soit votre technologie, il faut avant tout obtenir un rendez-vous avant de pouvoir décrocher un contrat !

PROFIL

Nom: Groupe Enico

Activité: Services pour automatiser, tester et améliorer la qualité des processus de production

Siège social: Laval

Effectif: 28 employés

Chiffre d'affaires:

5 millions de dollars

Marché: Mondial

Année de fondation: 1990

Site Web: www.enico.com

AMÉRIQUE DU NORD

Thiro s'est implantée aux États-Unis pour décrocher des contrats plus facilement

Les Américains aiment brasser des affaires avec des entreprises américaines ou implantées dans leur pays. Thiro, filiale du groupe québécois CVTech, de Drummondville, qui réalise de grands travaux pour les producteurs d'électricité, l'a bien compris. C'est pour décrocher des contrats aux États-Unis qu'elle y a établi une filiale.

Et sa stratégie donne des résultats : récemment, la PME a obtenu un contrat de 50 millions de dollars sur cinq ans avec United Illuminating Company, un producteur d'énergie, pour construire, entretenir et réparer des lignes de transport et de distribution d'électricité dans le Connecticut.

Et c'est loin d'être une exception, précise Alain Gagné, vice-président de Thiro USA : "Par année, la valeur de nos contrats aux États-Unis peut osciller de 60 à 80 millions de dollars."

Le succès de Thiro tient aussi à sa gestion très serrée de ses coûts. Dans l'industrie de la construction et de l'entretien des lignes de transport et de distribution d'électricité, les entreprises ne peuvent espérer se démarquer par leurs produits : elles ont toutes les mêmes équipements. Tout passe donc par le prix et la qualité du service.

Pour contrôler ses coûts et demeurer concurrentielle, Thiro mise sur la sécurité du travail pour éviter que ses monteurs de lignes se blessent. "Nous sommes très prudents", dit Guy Aubert, vice-président, électricité, de CVTech.

Une entreprise dont les employés ont souvent des accidents de travail verra bondir ses primes d'assurance, surchage qu'elle devra refiler, en totalité ou en partie, à ses clients. Résultat ? Ses soumissions sont moins concurrentielles et elle risque de perdre des contrats.

Thiro doit bien gérer ses coûts, car elle se frotte à des concurrents de taille comme PAR Electric Contractors, du Missouri, ou M.J. Electric, du Michigan, deux grandes entreprises qui réalisent des contrats dans l'ensemble des États-Unis. Thiro, elle, se concentre sur le marché de la Nouvelle-Angleterre.

PROFIL

Nom: Thiro

Activité: Entrepreneur général spécialisé dans les grands travaux électriques

Siège social: Victoriaville

Effectif: 515 employés (y compris aux États-Unis)

Chiffre d'affaires: 123 millions

Marché: Amérique du Nord

Année de fondation: 2002

Site Web: www.thiro.com

AMÉRIQUE DU NORD

Ludia a remporté la mise avec la version vidéo de The Price Is Right

Aux échecs, prévoir deux ou trois coups à l'avance les mouvements de l'adversaire est crucial pour maximiser vos chances de l'emporter. Dans les affaires, c'est un peu la même chose : il faut savoir devancer ses concurrents pour les mettre hors d'état de vous nuire.

C'est grosso modo l'histoire de Ludia, une PME de Montréal qui développe et édite des jeux vidéo vendus dans le monde entier, mais surtout sur le très concurrentiel marché américain. Ses jeux sont offerts sur plusieurs plateformes, dont les ordinateurs (PC, Macintosh) et les consoles Nintendo (Wii et DS).

Aux États-Unis, Ludia a un beau succès avec son jeu The Price Is Right, une adaptation vidéo de la célèbre émission de télévision américaine, qui en est à sa 37e saison. La PME a lancé ce jeu en mars 2008. Et à ce jour, elle en a vendu un million d'exemplaires dans le monde, dont la plupart aux États-Unis.

Pour Alexandre Thabet, président fondateur de Ludia, les succès de l'entreprise au sud de la frontière tiennent à deux éléments.

D'une part, la vitesse d'exécution : la PME essaie d'acheter avant ses concurrentes les droits de propriété intellectuelle sur des séries télévisées pour en faire des jeux. "Nous sommes très agressifs, c'est ce qui nous distingue des autres", affirme M. Thabet. C'est exactement ce qu'elle a fait avec The Price Is Right.

D'autre part, le succès de la PME de 80 employés s'explique par la qualité de son réseau de distribution : elle peut compter sur la multinationale française du jeu vidéo Ubisoft - l'ex-employeur de M. Thabet - pour distribuer ses jeux dans des magasins aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Ludia s'occupe toutefois de la distribution de ses jeux pour les commandes en ligne.

PROFIL

Nom: Ludia

Activités: Création et distribution de jeux vidéo multiplateformes

Siège social: Montréal

Effectif: 80 employés

Chiffre d'affaires: Environ 5 millions de dollars

Marché: Mondial, mais surtout les États-Unis

Année de fondation: 2007

Site Web: www.ludia.com

francois.normand@transcontinental.ca

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