C'était au début des années 1990. Jeune journaliste au quotidien Le Soleil, on découvrait la ville de Québec. Et son grand pessimisme collectif.

Chaque investissement projeté était critiqué et attaqué. «Injustifiable et somptueux», disaient les uns. «À quoi bon, ça ne marchera pas. On est trop petit», disaient les autres.

Le maire Jean-Paul L'Allier venait de dévoiler son premier projet pour relancer Saint-Roch. Un jardin public de 6 millions de dollars, qui, sans trop jouer sur les mots, lui attirait nombre de tomates.

Toutes les étapes du développement de Saint-Roch (le projet Méduse, l'installation de l'ENAP, etc.) furent critiquées. Et lorsque vint le moment, un peu plus tard, de présenter une candidature olympique, la région n'était plus très loin de la guerre civile.

Et soudain, la lumière fut

Puis un jour, l'humeur changea.

La ville de Québec souhaite aujourd'hui, avec une nette majorité, avoir les Olympiques. Elle qui voulait le départ des Nordiques est en train de bâtir un nouvel amphithéâtre pour les ramener.

La population rêve en parallèle d'une multiplication de grands événements culturels et sportifs. Et l'agglomération commence à apparaître en tête de liste dans différents classements mondiaux (dernièrement, au quatrième rang des villes d'avenir, selon le Financial Times).

Pendant ce temps, le taux de chômage affiche le plus bas niveau de la province.

Les choses vont à ce point bien que le plus gros souci du maire Régis Labeaume est aujourd'hui de manquer de main-d'oeuvre.

Que s'est-il passé ?

«Notre estime collective était basse. Le monde est fier à Québec ; ça ne prenait qu'un coup de fouet. On a eu un bon timing», dit le maire, en entrevue.

Le succès des fêtes du 400e anniversaire a été la bougie d'allumage. L'élan s'est poursuivi avec des projets d'envergure comme celui de l'amphithéâtre, mais aussi avec de plus petits, comme ce dernier-né, La Ruche, un carrefour Internet qui permet aux citoyens de Québec qui ont des idées de trouver du financement par dons du public.

En parallèle, les graines semées dans le passé ont porté leurs fruits. Les entreprises technologiques qui étaient, à nos débuts, à peine sur l'écran radar des sections économiques (Beenox, Frima, etc.) sont aujourd'hui devenues des repères et créent de l'émulation.

Où s'en va Québec ?

À l'heure de l'internationalisation, M. Labeaume ne croit guère à l'arrivée de gros acteurs internationaux sur le territoire. Il voit plutôt le développement de sa ville se poursuivre à partir d'initiatives locales qui, elles, donneront des résultats avec le temps.

La main-d'oeuvre est la clef du développement futur de la capitale, dit-il.

Et, pour l'attirer, le maire mise sur une recette assez simple : investir dans la qualité de vie.

C'est pourquoi, même si la Ville de Québec est déjà l'agglomération la plus Wi-Fi du Canada, elle continue d'ajouter des bornes.

L'administration veut cependant accentuer ses démarches pour obtenir plus de grandes manifestations culturelles et sportives. Après le Red Bull Crashed Ice, le Grand Prix cycliste et la Coupe du monde de ski de fond, elle veut accueillir d'autres événements qui, en plus de rendre fiers ses citoyens, seraient susceptibles de donner plus de visibilité internationale.

«Quand Clinton est venu, il y a quelques années, il nous a dit que, si les Américains connaissaient Québec, nous aurions des millions de touristes additionnels», lance le maire.

Il y a 15 ans, la plupart auraient souri. Aujourd'hui, tout le monde y croit.

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