Arrestation du maire Michael Applebaum, collusion dans l'attribution des contrats publics, commission Charbonneau... Quel est l'effet sur l'image de Montréal à l'étranger ?
Je vais peut-être vous choquer, mais elle est plutôt positive. Dans l'imaginaire des gens vivant à l'extérieur du Québec, ce qui se passe à Montréal est une bonne chose. Cela démontre que le problème de la corruption a été reconnu, et qu'on prend les mesures pour y mettre un terme. Cela témoigne d'une prise de conscience, d'une volonté des Québécois de faire le ménage dans leur métropole. En revanche, l'image d'une ville corrompue est vraiment ternie lorsque rien n'est fait pour remédier à la situation. Les citoyens n'ont alors aucun recours contre les gens aux commandes, qui maintiennent le système en place. Ce n'est pas du tout le cas à Montréal. La ville montre à la face du monde qu'il y a un réveil démocratique et un État de droit exerçant pleinement ses pouvoirs. Une telle approche ne peut que renforcer son image. Une ville projette, du reste, toujours deux images : la réelle et la rêvée, ou celle idéalisée par les étrangers. La lutte contre la corruption à Montréal ne fait que renforcer l'image rêvée de la métropole du Québec à l'étranger.
Les entreprises étrangères bouderont-elles Montréal ou seront-elles tentées d'y venir ?
Si j'étais à la tête d'une entreprise, la lutte contre la corruption à Montréal m'inciterait m'y établir ou à y investir, pas le contraire ! Encore une fois, le ménage que les autorités font dans la métropole québécoise montre qu'il y a un État de droit fort. On peut donc s'y installer. Il y a des balises contre les abus de pouvoir ou les expropriations arbitraires. En fin de compte, c'est ça qui intéresse une entreprise qui s'implante dans une ville à l'étranger : comment puis-je y faire des affaires sans problème, tout en pouvant y réaliser des activités rentables. En tant qu'entreprise, je me sentirais protégé si je m'installais à Montréal.
Quel rôle doit maintenant jouer Montréal dans la lutte contre la corruption ?
Montréal se trouve dans une position clé pour engager un débat sur les réformes nécessaires à la lutte contre la corruption. La démocratie n'est pas un rempart contre la corruption. Il faut donc un cadre plus rigoureux pour exercer un contrôle sur les finances publiques. Montréal doit s'inspirer des meilleures pratiques en vigueur dans le monde. Elle doit ensuite faire savoir à la planète qu'elle est maintenant une ville avec les plus hauts standards pour combattre la corruption.
CV
Nom : Laurent Maruani
Titre : Professeur au Département Marketing à HEC Paris
Avant de devenir professeur à HEC Paris en 1979, Laurent Maruani a été conseiller ministériel du gouvernement français, en plus d'être expert du gouvernement auprès de l'Union européenne.
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Une recherche des mots «Montreal» et «corruption» dans Eureka (sur les 8 500 sources recensées par ce service d'information en ligne, excepté celles du Canada) donne 751 résultats pour les six derniers mois. À titre de comparaison, le mot «Cahuzac» (ministre français accusé de fraude) a généré 21 480 résultats, rien que dans la presse francophone en Europe.
