La gestion des contrats en TI par le gouvernement plus que jamais sous la loupe

Publié le 02/02/2013 à 00:00

La gestion des contrats en TI par le gouvernement plus que jamais sous la loupe

Publié le 02/02/2013 à 00:00

La pression sur le gouvernement dans la gestion des contrats en TI s'accentue. Les relations entre les ministères et les grandes firmes du secteur soulèvent des interrogations.

Aussi, après les dénonciations du syndicat des fonctionnaires et du Vérificateur général l'automne dernier, une commission parlementaire, initiée par la Coalition Avenir Québec, s'est penchée le 30 janvier sur les lacunes menant à des retards de livraison et à des dépassements de coûts importants. Un pas vers une plus saine gestion, espère le député caquiste de Lévis Christian Dubé, ex v.-p. de Cascades, qui fait de ce dossier une priorité en 2013.

L'automne dernier, Les Affaires démontrait que le Québec dépense deux fois et demie plus que l'Ontario pour ses services en TI - encore que les dépenses québécoises, estimées à 2,6 milliards de dollars, sont imprécises, car le Conseil du Trésor se montre toujours incapable de spécifier la somme des services achetés aux firmes privées par les réseaux de la santé et de l'éducation.

La dépendance à l'égard du secteur privé s'est accentuée au fil des ans. De plus, le syndicat des fonctionnaires s'interroge sur les risques de collusion, car seules quelques grandes firmes peuvent se conformer aux critères des appels d'offres et se partagent les contrats.

D'autre part, le travail se fait souvent selon une approche d'intégration classique qui nécessite de rebâtir les connexions informatiques toutes les fois qu'une nouvelle application est souhaitée. C'est une méthode fastidieuse, dont la nécessité est défendue par CGI, mais que beaucoup d'experts remettent en question, en préconisant plutôt des approches plus flexibles et moins coûteuses, comme les services Web. Ceux-ci permettent une interopérabilité des applications, sans rebâtir les systèmes.

«Vous n'avez pas le choix de faire de l'intégration classique, répond Serge Godin, président du CA de CGI. Nous travaillons avec des systèmes qui peuvent absorber des volumes complexes de gestion interne. On ne parle pas d'interroger des données, on parle d'émettre des chèques, de gérer des comptes de banque et des fonds de pension, et ça demande une précision extrêmement poussée.»

Pour le dirigeant, les dépassements de coûts s'expliquent plutôt par des changements d'orientation en cours de réalisation de projets. M. Godin voit les services Web comme une porte d'entrée sur des systèmes sécurisés très complexes qui peuvent nécessiter 100 millions de lignes de codes informatiques.

Guy Bégin, professeur au Département d'informatique de l'UQAM, spécialisé dans la sécurité informatique, a une lecture différente : «Ça se défend comme raisonnement lorsqu'un système doit enregistrer des informations à la seconde ou qu'on doit vérifier qu'un dossier patient n'est pas confondu avec un autre, mais il ne faut pas repousser toutes les approches non traditionnelles.»

Morceler les projets à la faveur des PME

M. Bégin préconise le développement de systèmes informatiques par modules indépendants qu'on peut ensuite relier ensemble par les services Web.

«C'est plus avantageux que d'avoir un gros bloc qu'il faut changer complètement toutes les fois qu'on veut une amélioration», précise-t-il.

Morceler les projets permettrait aussi d'établir une vraie concurrence parmi les soumissionnaires, car ils nécessiteraient de plus petites équipes. Les PME pourraient ainsi solliciter des contrats gouvernementaux. À l'avantage d'une concurrence plus vive, on ajouterait celui de la productivité. Car, en informatique, note le professeur Louis Martin de l'UQAM (Chaire de logiciel libre), diverses études montrent que la productivité est de trois à cinq fois plus élevée avec des équipes réduites.

«Mais le système actuel est sécurisant. Jamais un directeur informatique n'a perdu son job pour avoir recommandé CGI, souligne-t-il. Le poids des grands cabinets a ralenti le développement de l'informatique au Québec par rapport à ce qui se fait ailleurs. Ils font travailler des milliers de personnes, et s'ils devenaient plus productifs, il leur faudrait trouver plus de contrats.»

La politique mise en cause

La résistance au changement, estime M. Martin, vient aussi du gouvernement même, prisonnier de sa politique du plus bas soumissionnaire.

«À vouloir gérer serré, ça coûte plus cher. Le Conseil du Trésor veut des cotations à coûts fixes. Plus le système informatique est gros, plus il est difficile de définir ce qu'on met dedans. Tous les bureaux connaissent la recette : ils cotent bas et, tôt ou tard, des modifications au système sont demandées et on facture des extras», remarque Louis Martin. Enfin, il ajoute qu'il est grand temps d'adopter les méthodes du développement agile, qui prévoient notamment un suivi régulier tous les mois pour vérifier que les projets avancent selon les besoins du client, et de procéder rapidement à des ajustements dans le cas contraire.

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