La Caisse de dépôt a perdu 23 milliards sur la vente de placements en 2008

Publié le 30/05/2009 à 00:00

La Caisse de dépôt a perdu 23 milliards sur la vente de placements en 2008

Publié le 30/05/2009 à 00:00

La Caisse de dépôt et placement du Québec a subi des pertes sur la vente de placements de 23,2 milliards de dollars en 2008, soit beaucoup plus que les grandes caisses de retraite canadiennes auxquelles on la compare.

Au cours de la commission parlementaire qui vient de se terminer, les dirigeants et ex-dirigeants de la Caisse ont tenté de minimiser les pertes subies par l'institution l'an dernier, en faisant valoir qu'elles ne s'étaient pas matérialisées.

Or, ces 23 milliards sont réellement perdus, contrairement aux pertes non matérialisées. Quoi qu'il advienne de la Bourse au cours des prochains mois, l'argent n'est plus dans la tirelire et les déposants ne peuvent espérer récupérer une partie de ces pertes.

Teachers déclare des pertes réelles de 6,2 milliards pour 2008, et OMERS, de 3 milliards. C'est respectivement trois fois moins et huit fois moins que la Caisse.

Les pertes de la Caisse de dépôt ont été réalisées en grande partie (22,8 milliards) dans les actions et les valeurs convertibles, précise le rapport annuel.

Pourquoi la Caisse a tant vendu à perte ?

La Caisse explique sa contre-performance de 2008 (rendement négatif de 25 % et pertes totales de 39,8 milliards) par le papier commercial adossé à des actifs (PCAA) et les conventions comptables qui la désavantagent par rapport à Teachers et à OMERS en l'obligeant à évaluer ses actifs à leur juste valeur.

C'est vrai dans le cas des pertes non matérialisées. Mais les conventions comptables (liées à son statut de société de placement) et le PCAA n'ont rien à voir avec les 23 milliards perdus dans des transactions en 2008. Pourquoi la Caisse a-t-elle vendu davantage d'actions à perte que les autres gestionnaires de caisses de retraite ? La Caisse n'a pas pu nous répondre avant de mettre sous presse.

" Peut-être que la Caisse a été obligée de vendre plus de placements parce qu'elle avait besoin de liquidités ", avance Michel Magnan, professeur à l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia.

La Caisse reconnaît avoir vendu des actions en octobre 2008 à un moment où la Bourse chutait. " La Caisse a notamment vendu des actions, fermé des contrats à terme et réduit sa couverture contre le risque de change ", lit-on dans le communiqué de presse du 25 février annonçant ses résultats de 2008. La Caisse cherchait ainsi à accroître ses liquidités et à réduire son exposition à la Bourse. L'institution avait pour 12,8 milliards de liquidités immobilisées dans le PCAA.

" La Caisse a été obligée de répondre à d'importants rappels de marge à l'automne [liés à la baisse subite du dollar canadien], explique l'historien Mario Pelletier, qui relate les événements dans son livre La Caisse dans tous ses états, paru récemment. Elle a dû vendre de très bonnes actions pour avoir des liquidités. "

En moins bonne position pour profiter d'un rebond

L'avenir dira quelles sont les conséquences à long terme pour les déposants de ces pertes de 23 milliards.

Une perte réalisée est-elle plus dommageable qu'une perte latente ? " Tout dépendra où la Caisse a mis son argent du comportement des marchés ", dit M. Magnan.

Au 31 décembre 2008, la Caisse n'avait plus que 22,4 % de son portefeuille investi en Bourse. Elle vise à terme une pondération de 34,5 %.

À titre de comparaison, les placements boursiers comptaient pour 42,2 % du portefeuille d'OMERS, et pour 41 % de celui de Teachers. Pour sa part, l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada (RPC) avait 44 % de son portefeuille investi en actions au 31 mars 2009.

Cela signifie qu'OMERS, Teachers et RPC profiteront beaucoup plus d'un rebond boursier que les déposants de la Caisse de dépôt.

andre.dubuc@transcontinental.ca

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