L'improbable réussite de Bijoux Caroline Néron

Publié le 23/07/2011 à 00:00

L'improbable réussite de Bijoux Caroline Néron

Publié le 23/07/2011 à 00:00

Par Marie-Eve Fournier

Caroline Néron caresse de grands rêves et elle ne craint pas de le dire. D'ailleurs, qu'elle ait peur ou non, elle fonce. Jusqu'ici, cette spontanéité l'a bien servie : six ans après avoir créé - en trois semaines - son entreprise, elle vend pour plus de 10 millions de dollars (M$) de bijoux par année.

Avant d'atteindre 45 ans, Caroline Néron aimerait possèder 1 000 boutiques partout dans le monde et réaliser un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars. Ce serait tout un exploit et elle en est bien consciente, puisque aujourd'hui, à 38 ans, elle exploite 10 commerces. Mais la jeune femme ne craint pas d'affirmer son ambition. "Mille boutiques, un milliard, ce sont des chiffres que j'aime !" dit l'unique actionnaire de Bijoux Caroline Néron. Si Aldo Bensadoun a conquis la planète avec ses souliers, pourquoi pas moi ? demande-t-elle, sur un ton aussi candide qu'assuré. Caroline Néron a déjà l'habitude des chiffres spectaculaires. En deux ans, ses ventes sont passées de 900 000 $ à plus de 10 M $. Auparavant, les hausses de 300 % étaient fréquentes. Ces chiffres sont "exactement ceux que je prévoyais", jure-t-elle.

Son entreprise, qui emploie une centaine de personnes, se trouve dans le quartier Griffintown, à Montréal. Tous les bijoux y sont dessinés et près de 30 % y sont fabriqués. Le reste provient de la Chine, de l'Inde et des États-Unis. Ces créations sont vendues dans les 10 boutiques de la marque, en ligne (un site pour le Canada, un autre pour l'Europe) et dans 120 autres points de vente.

Briser les préjugés

Artiste jusqu'au bout des ongles, passionnée par la création et portée par son intuition, Caroline Néron a eu l'idée de créer son emploi lors d'un voyage à Las Vegas, en 2004. "J'avais envie d'être indépendante. Dans le milieu du cinéma, de la télé ou de la chanson, trop de gens décident à ta place si ta carrière fonctionnera ou pas."

Deux semaines plus tard, elle appelait les Ailes de la Mode afin d'obtenir le droit d'y installer un présentoir pour sa première collection, composée de 30 modèles. Le soir même, on décidait de l'endroit où il serait installé. Le lendemain, le détaillant lui passait sa première commande, de 25 000 unités. "J'ai travaillé 20 heures par jour pendant un bon bout de temps", raconte-t-elle.

Comme on peut se l'imaginer, Caroline Néron a été forcée de composer avec une multitude de préjugés à son égard. Novice dans le milieu des affaires, elle est de surcroît actrice, chanteuse, femme, jolie, blonde et sexy. Encore aujourd'hui, autour d'une table avec un groupe d'hommes d'affaires, "je vois bien qu'ils pensent que je ne suis pas à ma place". De plus, on lui demande souvent qui sont les hommes qui gèrent "véritablement" l'entreprise, en présumant à tort qu'elle n'en est que l'image.

Ironiquement, des chambres de commerce lui demandent désormais de donner des conférences. Des expériences qu'elle dit adorer et qui lui permettent d'encourager les gens à ne pas laisser leurs peurs les freiner, dit-elle. Sa recette du succès ? "Si tu te lances en affaires seulement pour faire de l'argent et que ce n'est pas une passion, oublie ça, ça ne fonctionnera jamais. Ou alors, tu vas faire partie des 5 % de chanceux. Il faut de l'acharnement, de la confiance, du pouvoir de persuasion."

Un monde de requins

Six ans après des débuts difficiles, un apprentissage accéléré du métier d'entrepreneur, une croissance si rapide qu'elle fut parfois difficile à gérer, et quelques déceptions, les affaires roulent. Mais on sent un peu d'amertume quand elle évoque ses premiers pas.

"C'est une embûche après l'autre. Il y a plein de requins qui rôdent autour de toi quand tu as de bonnes idées et que tu ne connais rien en affaires. Beaucoup de gens qui t'entourent prennent ton énergie sans trop s'investir, et c'est toi qui finis par payer. J'ai rencontré des personnes que je voyais comme des associés de rêve ; je leur ai cédé des parts que, finalement, j'ai rachetées trois fois. Je me suis fait avoir, mais j'ai beaucoup appris."

Le succès des bijoux de Caroline Néron est maintenant tel qu'il sont copiés. Toutefois, elle ne veut pas perdre de temps à regarder ce que font ses concurrents. Elle préfère concrétiser ses rêves. "Au début, je n'avais pas fait de plan d'affaires, je ne savais même pas ce que c'était. J'ai élaboré le premier au bout de trois ans, pour faire une demande d'aide financière auprès d'une banque. Depuis, j'en rédige régulièrement. Le soir, quand ma fille [âgée d'un an et demi] est couchée, j'écris toutes mes idées, je mets ma vision sur papier."

120 $ Prix moyen des bijoux vendus par Caroline Néron. Chaque collection compte 400 modèles. Le prix des bijoux à diamants vont de 700 à 1 600 $, tandis que celui des montres varie de 245 à 500 $.

marie-eve.fournier@transcontinental.ca

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