L'éducation universitaire est un investissement, non un droit

Publié le 25/02/2012 à 00:00

L'éducation universitaire est un investissement, non un droit

Publié le 25/02/2012 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Il est pleinement justifié que le gouvernement du Québec hausse les droits de scolarité des étudiants universitaires. S'il y a un reproche à faire à l'État, c'est aux gouvernements précédents qui n'ont pas indexé les droits de scolarité depuis 1968 qu'il faut l'adresser.

Avec les hausses prévues de 325 $ par année (moins de 1 $ par jour), les droits de scolarité universitaires pour les études de premier cycle passeront de 2 168 $ (pour 30 crédits) par année en 2011-2012 à 3 793 $ en 2016-2017. Ce dernier montant représente les droits de 1968 (environ 500 $) indexés au coût de la vie. En d'autres termes, les étudiants paieront en 2016-2017 les mêmes droits en dollars constants que les étudiants de 1968, alors que le niveau de vie des étudiants d'aujourd'hui est beaucoup plus élevé.

Pour preuve, les automobiles, les téléphones mobiles et les voyages que beaucoup d'étudiants se paient, quoique certains se les procurent à crédit ou avec l'aide financière dont ils bénéficient. La grande majorité d'entre eux ne sont pas à plaindre, ce qui ne veut pas dire que l'État ne doive pas se préoccuper de ceux dont les moyens sont vraiment limités. Ce sera fait, puisque 35 % de la hausse des droits sera consacrée à l'amélioration de l'aide.

Plusieurs raisons militent en faveur du programme de hausse des droits proposé par le gouvernement :

1. Les études universitaires ne sont pas un droit, puisqu'on peut très bien gagner sa vie avec un diplôme d'études collégiales dans les disciplines techniques. Il y a des raretés de techniciens dans de nombreux secteurs, ce qui poussera à la hausse leur rémunération.

2. Les études universitaires doivent être considérées comme un investissement, car elles ouvrent la porte à une rémunération supérieure. Il est très payant d'étudier en sciences médicales, en génie, en gestion, en finances, en comptabilité, en droit, en actuariat ; et cela l'est d'autant plus pour ceux qui accèdent à la maîtrise et au doctorat.

3. C'est au Québec que les droits de scolarité pour les études de premier cycle sont les plus bas. Selon Statistique Canada, ils s'élevaient en moyenne au Québec à 2 519 $ (y compris les droits payés par les résidents des autres provinces qui étudient au Québec) en 2011-2012, comparativement à 5 366 $ dans l'ensemble du pays et à 6 640 $ en Ontario.

4. La relation que les partisans de la gratuité ou du gel des droits font valoir entre leur niveau et l'accessibilité aux études est non fondée, comme le démontre le taux élevé de fréquentation des universités en Nouvelle-Écosse (42,2 % des 18-24 ans en 2009), comparativement à celui de 28,8 % au Québec.

5. Le faible niveau des droits au Québec nuit au financement des universités québécoises. Selon la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec, leur sous-financement global était en 2010 de 620 millions de dollars par rapport à celui des autres universités canadiennes comparables.

6. Le gouvernement du Québec paie plus pour l'éducation universitaire par étudiant que les autres provinces. Ce sont les étudiants qui ne paient pas leur juste part. Faire payer encore davantage l'ensemble des contribuables pour les études d'une minorité de personnes serait inéquitable.

7. Les premiers perdants d'un déclin de la qualité de l'éducation en raison du sous-financement des universités seraient les étudiants eux-mêmes. On sait aussi que l'un des plus importants moteurs de développement d'un État est la qualité de ses universités.

Les étudiants minent leur crédibilité

Les leaders des grandes associations étudiantes ont obtenu des mandats de grève de plusieurs groupes d'étudiants, mais cet appui est loin de faire l'unanimité. Alors que les étudiants de plusieurs facultés refusent de suivre la parade, certaines voix se lèvent en faveur des droits de scolarité pour des raisons d'équité, de protection de la qualité de l'éducation et de pragmatisme (terminer leur année universitaire ou leurs études). Ceux-ci ne veulent pas non plus s'associer aux illuminés et aux voyous comme ceux qui ont occupé le cégep du Vieux Montréal récemment et qui ont élevé des barricades autour de cet établissement, autant de gestes qui accroîtront l'appui de la population à la position du gouvernement.

Enfin, les leaders étudiants auraient intérêt à se rappeler la stratégie suicidaire des moyens de pression musclés de la FTQ lors du débat entourant la loi 33 sur le placement dans la construction.

MON COMMENTAIRE

J'aime

Selon une étude faite par QS Best Student Cities, un organisme qui étudie les meilleures villes universitaires du monde, Montréal arrive au 10e rang à ce titre. Elle devance Toronto qui figure au 26e rang. L'étude tient compte de quatre ensembles de critères : la mixité du corps étudiant, la qualité de vie, le marché du travail et le coût de la vie.

Je n'aime pas

Alors que les lockoutés de l'aluminerie d'Alma continuent de se battre pour obtenir un plancher d'emploi, Rio Tinto vient de prendre une radiation de 8,9 milliards de dollars (G$) sur la valeur des actifs obtenus lors de l'achat d'Alcan en 2007. Les employés de Rio Tinto Alcan peuvent bien se dire que ce n'est pas leur problème si Rio Tinto a payé Alcan trop cher, il serait dans l'ordre des choses qu'ils contribuent à accroître la santé financière de l'ex-Alcan. Rio Tinto a payé Alcan 38 G$, et les actifs acquis ne valent plus que 22 G$. Une entreprise est l'affaire de deux partenaires, les actionnaires et les employés. Il est légitime que Rio Tinto recherche la flexibilité de la sous-traitance pour rentabiliser son investissement.

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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