«L'économie profitera d'une baisse des impôts et d'une hausse des taxes» - Claude Montmarquette, du CIRANO

Publié le 07/09/2013 à 00:00

«L'économie profitera d'une baisse des impôts et d'une hausse des taxes» - Claude Montmarquette, du CIRANO

Publié le 07/09/2013 à 00:00

Le chef libéral Philippe Couillard a-t-il raison de vouloir hausser les taxes à la consommation et de réduire les impôts sur le revenu ?

Ça fait longtemps que je préconise une telle mesure. Tous les économistes vous diront qu'elle est efficace. Quand on augmente les impôts, il y a un arbitrage qui se fait entre le travail et les loisirs ; et le risque est de réduire le temps de travail, parce qu'au-delà d'un certain seuil, il n'est plus rentable. Dans la situation actuelle au Québec, où nous ferons bientôt face à une pénurie de main-d'oeuvre pour des raisons démographiques, on veut que les gens travaillent plus, alors on ne voit pas comment on passerait à côté. Si on garde les impôts élevés, les gens vont considérer que ça ne vaut pas la peine de travailler plus.

Que répondez-vous à l'argument selon lequel les taxes sont régressives et pénalisent les plus pauvres ?

C'est un argument populiste, qui ne va pas au bout de la logique. Par définition, une taxe est régressive. Mais l'idée est de hausser les taxes et de baisser les impôts pour que l'État gagne les mêmes revenus. C'est neutre. Pas pour tout le monde, car il y aura des gagnants et des perdants, mais globalement l'économie en profitera et cela aidera à améliorer la situation de groupes précis touchés négativement par les changements. Il y a moyen de rendre ça équitable et rentable pour tout le monde, par des crédits d'impôt pour les familles ou les personnes à faible revenu. Et si on veut, on peut aussi choisir de taxer davantage les produits de luxe, une manière de taxer les riches, mais l'effet n'est pas neutre. Les études du ministère des Finances corroborent celles de l'OCDE : augmenter de 1 milliard de dollars les impôts sur le revenu des particuliers diminue de 0,8 G$ le PIB réel. Cette diminution est réduite à 0,3 G$ si on va plutôt chercher le milliard de dollars du côté des taxes à la consommation. Or, la croissance économique est fondamentale pour soutenir l'équilibre budgétaire de l'État. Si elle n'augmente pas plus qu'aux niveaux actuels, on manquera de revenus et il faudra sabrer les dépenses.

Est-ce vraiment une tendance mondiale ?

Je n'irais pas jusqu'à dire ça, mais les pays européens taxent la consommation plus que le revenu. Les pays qui ont un filet de sécurité sociale très large ont tendance à davantage taxer la consommation, parce que, sinon, les gens s'en remettent à l'État pour un certain nombre de choses et ils travaillent moins. Aux États-Unis, où le filet est mince, les gens travaillent beaucoup même si l'impôt est élevé (il y a nécessité). Mais au Québec, on a un système de politiques sociales à la française avec un système fiscal à l'américaine. Il n'y a aucune cohérence !

CV

Nom : Claude Montmarquette

Titre : Pdg et v.-p. politiques publiques du Cirano (Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations)

Économiste et professeur émérite à l'Université de Montréal, M. Montmarquette était membre du Comité consultatif sur l'économie et les finances publiques mis sur pied par le ministre des Finances Raymond Bachand, en 2009.

1,37 G$

La diminution du PIB réel pour toute hausse de 1 milliard de dollars d'impôt sur le capital s'élève à 1,37 G$.

Source : Ministère des Finances du Québec

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