L'autre mystère de Québec

Publié le 26/11/2011 à 00:00

L'autre mystère de Québec

Publié le 26/11/2011 à 00:00

Québec était déjà un mystère avec ses votes de droite, mais depuis quelque temps, ce ne sont plus les politologues, mais les économistes qui la scrutent afin de percer un autre mystère, celui de son succès économique.

La capitale nationale a presque échappé à la récession de 2009, sa croissance économique est soutenue depuis une dizaine d'années et son taux de chômage vogue sous la moyenne nationale depuis 2002 ; il était même le plus bas du pays au troisième trimestre, à 4,4 %. De plus, en septembre, Québec créait 10 000 emplois, tandis que la province en perdait 2 200.

Québec est devenue synonyme de réussite, et sa beauté rajeunie en témoigne. La promenade Samuel-De Champlain lui a valu des éloges et, auparavant, la relance du quartier Saint-Roch au centre-ville, le réaménagement de l'autoroute Dufferin, le succès de son parc technologique, où de nombreux bâtiments verts abritent des entreprises innovantes, et enfin le Festival d'été, dont la popularité est immense.

Mois après mois, le dynamisme économique de la région de Québec s'affiche, se gonfle, donne confiance. La moyenne de la croissance économique de Québec de 2001 à 2008 a été de 2,75 %, comparativement à 1,8 % à Montréal. Le PIB de la région de la Capitale-Nationale atteindra 26 milliards de dollars (G$) cette année.

«Il n'y a pas d'explosion comme à Calgary, remarque l'économiste Mario Lefebvre, du Conference Board, mais c'est une économie à la Ottawa-Gatineau : petit train va loin.»

Le taux d'inoccupation des espaces commerciaux est, à 4,8 %, l'un des plus bas du pays, alors qu'il est de 8,6 % à Montréal, soit l'un des plus élevés du Canada. Depuis quelques années, il se construit autant de locaux pour bureaux dans la capitale que dans la métropole, même si la première est cinq fois plus petite que la deuxième. La valeur des permis de bâtir est en hausse constante depuis 2006 à Québec : elle a atteint 1,7 G$ en 2010.

Le populaire maire de Québec, Régis Labeaume, porte lui-même une image de vitalité. Il a annoncé la construction de deux écoquartiers d'envergure (2 700 logements), la densification et le réaménagement urbain du boulevard Laurier et des environs, ainsi qu'un plan de mobilité durable avec en vedette un tramway qui reliera Québec et Lévis et stimulera l'activité économique le long du boulevard Charest. C'est sans compter le très médiatisé amphithéâtre (400 millions de dollars), l'agrandissement du PEPS de l'Université Laval et l'agrandissement du Musée national des beaux-arts. Au total, 8 G$ sont engagés dans 160 projets de la région métropolitaine en ce moment (dont 5,5 G$ investis par le privé).

L'investissement de la Ville dans Le moulin à images de Robert Lepage et dans un spectacle gratuit du Cirque du Soleil a par ailleurs permis à Québec d'assez bien soutenir son industrie touristique, malgré la hausse du dollar.

L'aéroport international Jean-Lesage de Québec a connu une augmentation d'achalandage de 95,7 % depuis 10 ans, dont 52 % au cours des quatre dernières années seulement - c'est la plus forte croissance du pays. Et, cela va de soi, là aussi, on agrandit...

POPULATION : QUÉBEC S'APPROCHE DU MILLION¹

Québec : 754 000

Montréal : 3,8 millions

¹ Population des régions métropolitaines Source : Statistique Canada 2010

28 159 $

Revenu disponible par habitant à Québec en 2009, selon Statistique Canada. Il était de 26 729 $ à Montréal.

LA «DÉFONCTIONNARISATION» A FAVORISÉ LA CROISSANCE

La clé du «miracle» économique de Québec se trouve dans le déclin du poids de la fonction publique et, par ricochet, dans l'évolution du marché du travail devenu plus concurrentiel. C'est l'hypothèse du professeur et chercheur Mario Polèse, spécialiste en économie urbaine à l'INRS.

M. Polèse vient de compléter l'étude «L'autre mystère de Québec. Regard sur une mutation économique étonnante», dans laquelle il attribue le penchant à droite de la région à sa prospérité économique. Surtout, il tente d'identifier les raisons de cette prospérité... sans être satisfait de ses explications. «Ça reste un peu un mystère, cette croissance exceptionnelle», dit-il en entrevue.

Comme les autres observateurs, il note le dynamisme des maires de Québec et la réussite des fusions municipales. Mais il trouve d'autre explications dans l'évolution du secteur de l'emploi. La fonction publique, qui représentait 18 % des emplois de l'économie de Québec en 1971, a chuté à 11 % en 2006.

«Tout a commencé dans les années 1990 sous le gouvernement de Lucien Bouchard, qui a coupé dans la fonction publique pour atteindre le déficit zéro, remarque l'économiste. Cela a causé un choc à l'économie locale, le niveau de rémunération a chuté par rapport à celui des autres villes canadiennes, et la région est devenue plus concurrentielle sur le plan des salaires.»

Ces derniers sont en effet tombés à 15 % sous la moyenne urbaine canadienne en 1995. Et tandis que le secteur manufacturier a diminué à Montréal, il a progressé à Québec, sauf pendant la récession de 2007-2009.

C'est une tendance observée ailleurs : les métropoles se désindustrialisent au profit des villes moyennes, où les coûts sont plus avantageux. Comme les villes de la Beauce, de la Côte-du-Sud, du Bas-Saint-Laurent et des Bois-Francs, Québec bénéficie de la désindustrialisation de Montréal. Et doublement, car son secteur des services est stimulé par le dynamisme des régions qui l'entourent. «La nouvelle base économique de Québec ne repose pas sur un avantage de savoir ou de créativité artistique, mais sur un avantage de coûts», écrit Mario Polèse.

Un avantage qui pourrait ne pas durer

Une étude de KPMG de 2010 appuie la remarque : dans dix secteurs (dont la transformation de métaux et d'aliments, la fabrication de composantes de précision et de pièces d'auto), Québec est la ville la moins chère en Amérique du Nord. Elle possède un avantage de 20 à 27 % sur les coûts de R-D et de 20 à 22 % quant au développement de contenu Web, multimédia et de logiciels de pointe.

Au chapitre des salaires toutefois, l'avantage pourrait ne pas durer, car la région métropolitaine de Québec a dépassé celle de Montréal : l'écart de revenu disponible était de 1 500 $ en 2009.

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