Industrie de la métallurgie: Innover pour survivre à la concurrence


Édition du 23 Novembre 2013

Industrie de la métallurgie: Innover pour survivre à la concurrence


Édition du 23 Novembre 2013

[Photo : Bloomberg]

Coûts de l'énergie et concurrence internationale en hausse, renouvellement de la main-d'oeuvre difficile : l'industrie métallurgique québécoise a bien des défis à relever. Pour assurer sa croissance, elle mise sur l'innovation, la promotion et le soutien des décideurs politiques.

En avril, la fonderie Horne de Xstrata Cuivre, à Rouyn-Noranda, dévoilait un investissement de 150 millions de dollars visant à tripler sa capacité de traitement de recyclage de déchets électroniques (de 50 000 à 150 000 tonnes par année). À cette occasion, le directeur général Claude Bélanger rappelait combien la concurrence chinoise était vive, obligeant la firme à innover sans cesse. Plus qu'une initiative commerciale, la capacité de cette fonderie à recycler les matériaux complexes est une véritable question de survie.

La Chine fait aussi grimacer les producteurs d'aluminium. «Elle produit environ 43 % de l'aluminium mondial, mais la dirige toute vers son marché intérieur, lance Jean Simard, pdg de l'Association de l'aluminium du Canada. Toutefois, la demande intérieure faiblit. Imaginez le choc lorsque ce géant écoulera sa production sur les marchés mondiaux !»

Pour Gilles L'Espérance, professeur en génie des matériaux à l'École Polytechnique de Montréal, cette angoisse de l'industrie tient à deux facteurs principaux : la hausse du dollar canadien, qui a fait perdre environ 30 % de productivité aux installations québécoises, et la chute des coûts de l'énergie chez nos concurrents, notamment liée au gaz de schiste aux États-Unis et au gaz naturel dans les pays du Golfe. Il ajoute à cela les critères environnementaux beaucoup plus sévères dans nos contrées que chez certains concurrents.

Certains secteurs s'en tirent mieux que d'autres, comme l'industrie de la poudre métallique. «L'industrie de l'automobile est très friande de cette poudre, qui lui permet de fabriquer des pièces à un coût avantageux. La reprise de cette industrie tient donc les producteurs de poudre très occupés», note le professeur. Mais pour d'autres secteurs, comme l'aluminium, la période est plus difficile.

La menace du Moyen-Orient

Pour l'instant, le principal rival des alumineries québécoises, qui produisent 8 % de l'aluminium mondial, n'est pas la Chine, mais le Moyen-Orient. La production y est en augmentation constante. «Une seule usine y produit autant que tout le Québec, précise Jean Simard. Ironiquement, cette région s'est approprié notre modèle d'affaires, en utilisant une énergie captive, le gaz résiduel des plateformes pétrolières en mer, pour créer une nouvelle industrie.»

C'est ce que le Québec a fait en offrant aux alumineries des tarifs fondés sur le partage de risque, c'est-à-dire variant en fonction du taux de change ou du prix de la matière. Ces ententes arrivent à échéance, et les menaces d'Alcoa de fermer ses trois installations québécoises montrent bien que le passage vers le tarif standard ne se fera pas en douceur, s'il se fait.

«Le monde a changé, plaide Nicolas Dalmau, président de la Table de concertation de l'industrie métallurgique du Québec et vice-président énergie et développement des affaires chez Alcoa Canada. La marche vers le tarif standard est trop haute.»

Transformer plus au Québec

Au fil des ans, le même discours revient : il faut augmenter la proportion des métaux transformés au Québec. En 2012, selon la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, 56 entreprises fondaient et affinaient des métaux au Québec. Seulement 11 % des minéraux ferreux comme le fer, l'ilménite ou le niobium sont transformés chez nous, et le nickel québécois l'est entièrement en Ontario. Toutefois, le Québec importe du titane, du zinc et du cuivre pour alimenter son industrie de transformation. Le Québec transforme 130 % du titane qu'il extrait, 271 % du zinc et 733 % du cuivre.

S'il est souhaitable de vouloir en faire plus, il ne faut pas non plus exagérer, selon Nicolas Dalmau. Il estime à 24 % les quantités d'aluminium transformées au Québec. «Demande-t-on à la Saskatchewan de transformer un quart de son blé en pain, ou à l'Alberta de raffiner un quart de son pétrole brut ?» demande-t-il.

La voie du salut résiderait plutôt dans une meilleure promotion de l'industrie, notamment auprès des jeunes, dans une collaboration avec le gouvernement pour bien choisir les créneaux à développer et dans un maillage plus serré des industries québécoises. «La concurrence, elle n'est pas entre nous, elle est mondiale. Les entreprises québécoises ont intérêt à se serrer les coudes», soutient-il.

48,8 % - Le Québec représente 44,8 % du PIB de l'industrie canadienne de transformation des métaux. Source : Diagnostic sectoriel, CSMO-M, 2013

 

Les mines en chiffres

Les concentrés extraits au Québec en 2012

Minéraux ferreux (fer, ilménite, niobium) : 27,5 millions de tonnes

Titane : 1 million de tonnes

Zinc : 190 000 tonnes

Cuivre : 105 000 tonnes

Nickel : 27 000 tonnes

Source : Chambre de commerce du Montréal métropolitain, étude de KPMG-Secor

 

L'industrie en un coup d'oeil

Sidérurgie: 29 établissements, 3 787 emplois

Production et transformation d'alumine et d'aluminium: 31 établissements, 8 226 emplois

Production et transformation de métaux non ferreux (sauf l'aluminium): 15 établissements, 4 869 emplois

Fonderies: 49 établissements: 3 562 emplois

Source : Diagnostic sectoriel, CSMO-M, 2013

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