Exportation : la grande braderie d'Hydro-Québec

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Exportation : la grande braderie d'Hydro-Québec

Publié le 05/05/2012 à 00:00

Le lock-out à l'aluminerie d'Alma et le temps doux et pluvieux qu'a connu la province forcent Hydro-Québec à exporter plus que jamais, à des prix... plus bas que jamais.

«C'est clair qu'avec une consommation plus basse au Québec, conjuguée au rachat d'énergie de Rio Tinto Alcan, on a des approvisionnements additionnels, convient son pdg Thierry Vandal. Si bien qu'on a augmenté nos ventes, et ce dans des périodes durant lesquelles on l'aurait moins fait dans le passé : les fins de semaine, les périodes hors pointe...»

Hydro-Québec a signé un contrat la forçant à racheter l'énergie produite par les centrales de Rio Tinto Alcan quand l'entreprise a des surplus. En raison du lock-out à la plus grande aluminerie de la multinationale, à Alma, Hydro-Québec a dû racheter 814 millions de kilowattheures depuis janvier. C'est l'équivalent de la consommation de près de 200 000 foyers québécois.

Alors que les crues du printemps remplissent les barrages, Hydro-Québec doit se débarrasser de cette énergie en la vendant aux États-Unis, à un moment où les prix atteignent des creux historiques, selon les sites Internet de ses principaux réseaux clients, ISO New England et New York ISO. Le prix du kWh descend actuellement jusqu'à 1,2 ¢ en dehors des heures de pointe aux plus importantes interconnexions de la province avec l'État de New York et celui du Maine. Pendant les meilleures périodes, il ne dépasse guère les 3,7 ¢ le kWh. L'an dernier, à la même période, le prix a fluctué d'environ 2,9 ¢ à 6,7 ¢ aux mêmes interconnexions.

Or, Hydro-Québec rachète les kWh de RTA à 4,7 ¢. En moyenne, elle paye 2,1 ¢ par kWh pour l'ensemble de son énergie. Et les nouveaux kWh produits à La Romaine coûteront au moins 6,5 ¢, selon Hydro-Québec. Beaucoup plus, d'après plusieurs spécialistes de l'énergie, qui accusent Hydro de s'adonner à des acrobaties comptables. «Selon nos calculs, le vrai coût, c'est 8,6 ¢», dit Jean-Thomas Bernard, de l'Université d'Ottawa.

Autrement dit, les exportations, ce n'est pas le Pérou pour Hydro-Québec, par les temps qui courent. Mais la société d'État est en partie protégée contre ces baisses de prix, assure Thierry Vandal. «Ça ne veut pas dire que le prix indiqué aux interconnexions est celui que nous recevons, explique-t-il. Si vous avez un instrument financier qui a verrouillé un prix différent, le prix net que vous obtenez est plus élevé. Il est clair que, cette année, ces instruments financiers sont avantageux pour Hydro-Québec», dit-il. Par exemple, ces instruments ont permis à Hydro d'obtenir 5,1 ¢ en moyenne sur ses kWh exportés sur le marché au dernier trimestre de 2011, alors que l'indice moyen du marché était de 4,4 ¢, selon la société d'État.

Confiance à long terme

Et les barrages s'amortissent sur des décennies, ajoute Thierry Vandal. «Les prix sont plus bas aujourd'hui qu'ils ne l'étaient il y a trois ans. Mais un projet de production auquel on s'intéresserait aujourd'hui ne serait pas en service avant la deuxième moitié de la prochaine décennie. Et le projet serait en exploitation pendant au moins 100 ans, dit-il. Je n'ai aucun doute quant à la capacité d'Hydro-Québec de rentabiliser ses grands investissements, pourvu qu'on les fasse en phase avec l'évolution des besoins, au Québec et hors Québec.»

Pour le pdg, les coûts de l'énergie ne peuvent que grimper à long terme. «La valeur de l'hydroélectricité, comme celle d'autres énergies renouvelables, croît avec le temps. Considérant les besoins, les prix de l'énergie vont augmenter à long terme. La planète aura besoin de plus d'énergie et cette énergie, qu'elle vienne du gaz naturel ou d'autres sources, sera produite dans un contexte de prix qui augmentent.»

UNE LIGNE D'EXPORTATION QUÉBEC-NEW YORK DANS LA MIRE

Une entreprise canado-américaine veut construire une nouvelle ligne de 2,2 milliards de dollars pour exporter de l'électricité du Québec vers New York. D'abord sceptique face au projet, Hydro-Québec n'exclut pas aujourd'hui la possibilité d'investir directement dans l'infrastructure, même dans la partie américaine de la ligne de 530 km qui passerait sous le lac Champlain. «Il est trop tôt» pour se prononcer sur cette possibilité, dit Thierry Vandal. Ce n'est pas qu'on l'exclue ou qu'on l'imagine : on n'en est pas là.»

Le promoteur de la ligne, Transmission Developers, refuse de commenter. «Il y a beaucoup de discussions en ce moment avec Hydro-Québec, mais je ne peux pas en parler, elles sont confidentielles», dit le pdg, Donald Jessome. Détenu par le fonds d'investissement Blackstone Group, le promoteur dit ne pas avoir absolument besoin d'un partenaire pour construire la ligne, baptisée Champlain Hudson Power Express. «Mais si une entreprise pouvait apporter une certaine expertise, nous pourrions considérer de l'inclure dans le capital-actions, explique M. Jessome. Ça pourrait être une compagnie d'énergie ou une compagnie de construction qui serait responsable du chantier.» Hydro-Québec a ces deux profils.

Selon nos informations, Hydro-Québec étudie cette possibilité. Le pdg s'est rendu à New York récemment pour discuter avec le gouverneur de l'État et Transmission Developers.

Chose certaine, le promoteur souhaite réserver 75 % de la capacité de cette ligne commerciale à un fournisseur sous contrat. «On a des discussions avancées avec eux pour réserver et utiliser une partie importante de la capacité de transport», dit Thierry Vandal. H.J.

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