Dix titres à dividende solide pour rebâtir son portefeuille

Publié le 11/04/2009 à 00:00

Dix titres à dividende solide pour rebâtir son portefeuille

Publié le 11/04/2009 à 00:00

La force du rebond boursier depuis le plancher du 9 mars vous donne envie de réinvestir dans des actions, mais la récession refroidit votre élan ?

Dans une conjoncture encore incertaine, des titres qui versent des dividendes solides constituent un excellent moyen de revenir progressivement en Bourse sans craindre d'y laisser sa chemise.

" L'investisseur peut ainsi se bâtir un portefeuille où les dividendes procurent un rendement de départ de 5 %, tout en offrant un potentiel d'appréciation intéressant lors d'une reprise économique ", dit David Tremblay, gestionnaire du Fonds de dividendes Omega.

Les dividendes augmentent le rendement à long terme d'un placement dans les actions, en procurant un revenu régulier année après année. De plus, ces titres reculent habituellement moins que les indices boursiers lors d'un mouvement baissier, car leur dividende est une source de rendement.

Entre 1926 et 2004, les dividendes ont compté pour 40 % du rendement total de l'indice américain S&P 500, et pour 75 % dans l'hypothèse où les dividendes ont été réinvestis.

Voici 10 titres canadiens recommandés par quatre gestionnaires de portefeuilles. Ils jugent que ces sociétés sont suffisamment solides financièrement pour pouvoir maintenir ou augmenter leur dividende.

1 Banque Royale, pour sa force de frappe

La plus importante banque canadienne est en bonne situation financière pour maintenir son dividende, juge Carl Simard, de Medici.

Il souligne que la Royale est passée maître dans l'art de la vente croisée de produits financiers et qu'elle a réussi une belle percée dans le secteur de l'assurance. En quatre ans, de 2004 à 2008, la banque a d'ailleurs fait passer de 26 à 29 % sa part du marché canadien des services bancaires aux particuliers.

M. Simard croit que la Royale est bien capitalisée, mais n'écarte par la possibilité qu'elle émette d'autres actions au cours des prochains mois afin de solidifier son bilan. Cela représenterait donc un risque de dilution pour les actionnaires actuels.

Selon M. Simard, la Royale serait malvenue de diminuer son dividende, et fera donc tout pour éviter ce scénario. Par ailleurs, les prêts consentis par sa division américaine, qui représentent environ 15 % de son portefeuille de prêts, constituent un des plus importants risques qui planent sur la Banque Royale.

2 Banque TD, pour miser sur la reprise du crédit

Il faudrait que la récession s'aggrave sérieusement pour que la Banque TD réduise son dividende en 2009. Il ne faut toutefois pas s'attendre à ce qu'elle l'augmente, car ses pertes sur prêts font baisser ses bénéfices.

Les pertes sur prêts, qui augmentent avec le chômage et les difficultés des entreprises, continueront de croître jusqu'au quatrième trimestre de 2009, prévoit Raquel Castiel, d'Investissements Standard Life.

C'est pourquoi elle garde sa banque préférée à l'oeil, sans être pressée d'acheter le titre même après son rebond de 42 % depuis le 20 février.

La Banque TD dispose d'un capital suffisant pour absorber les pertes sur prêts, croit-elle, et son bilan est peu exposé aux hypothèques à haut risque et aux actifs les plus toxiques.

Sa meilleure situation financière en fait donc un bon un pari sur le rétablissement du marché du crédit aux États-Unis après 2010, selon Mme Castiel. La moitié de ses succursales, soit 1 000, sont établies aux États-Unis.

3 BCE, pour de meilleurs dividendes après 2009

L'action de BCE a perdu sa valeur d'aubaine, mais elle peut s'apprécier d'ici deux ans grâce à ses efforts de réduction de coûts, au repositionnement de la filiale de sans-fil et à la conception de meilleurs forfaits de services.

" L'achat du titre est un pari sur la réussite du plan de match du nouveau président George Cope ", indique Richard Nield, gestionnaire chez Invesco Trimark.

Ce pari est toutefois plus intéressant lorsque le cours de l'action de BCE est plus bas qu'actuellement, soit autour de 24-25 $, selon lui.

BCE offre aussi le potentiel de meilleurs dividendes puisqu'elle terminera cette année ses investissements dans la modernisation de son réseau de télécommunications, dit Mme Castiel. Ses dépenses en capital de 2,9 milliards de dollars (G$) représentent 16 % de ses revenus cette année.

BCE a aisément les moyens financiers de maintenir son dividende de 1,54 $ par action puisqu'il représente 21 % de ses flux de trésorerie. BCE possède une situation financière enviable, car elle est moins endettée que la plupart de ses rivales (câblodistributeurs et sociétés de télécommunications).

Son bénéfice croîtra peu au cours des deux prochaines années, mais BCE demeurera rentable malgré la récession.

4 Emera, pour ses activités réglementées

Emera, fournisseur d'électricité des Maritimes, du Maine et des Caraïbes, offre un bon refuge en ces temps incertains, selon David Tremblay, gestionnaire du Fonds de dividendes Omega. À preuve, son action n'a baissé que de 11 % depuis 12 mois, tandis que l'indice torontois S&P/TSX a chuté de 33 %.

" Le rendement financier d'Emera est solide puisque 80 % de ses activités sont régies par des organismes gouvernementaux qui approuvent ses hausses de tarifs ", dit M. Tremblay.

Environ 70 % des revenus de ses activités réglementées proviennent de clients résidentiels et commerciaux qui assurent une grande stabilité à ses flux de trésorerie.

Son dividende est sûr puisqu'il équivaut seulement au tiers de ses flux de trésorerie.

Son profil financier s'améliorera en 2009 puisque Emera terminera la construction d'un pipeline de 146 kilomètres servant au transport de gaz naturel liquide au Nouveau-Brunswick.

5 George Weston, pour son coussin financier

George Weston, principal actionnaire de l'épicier Loblaw, convient surtout aux investisseurs frileux qui recherchent un dividende sûr et un titre peu susceptible de chuter si l'économie se détériore.

Puisque l'alimentation est une industrie essentielle dont les revenus dépendent peu de l'activité économique, Weston offrirait une certaine protection si la Bourse flanchait de nouveau, explique M. Tremblay.

Son rendement de dividende de 2,5 % est modeste mais solide, car le bénéfice et les flux de trésorerie de l'entreprise le couvrent amplement, dit l'expert.

Le versement du dividende de 1,44 $ lui coûtera 188 millions de dollars (M$) en 2009, alors que l'entreprise dégagera des flux de 985 M$ de son exploitation.

De plus, la société de portefeuille de la famille Weston dispose de liquidités de 5 G$. Ses dirigeants estiment que la récession offrira de belles occasions d'acquisition au Canada ou à l'étranger, dans ses domaines d'activité.

6 North West Company, pour sa spécialisation régionale

Puisque plus de 70 % de ses revenus proviennent de la vente de produits alimentaires, la fiducie de revenu North West oeuvre elle aussi dans un créneau assez bien protégé de la récession, estime Carl Simard.

North West exploite 221 magasins généraux, dont plus des deux tiers sont établis dans des régions rurales du nord du Canada. La hausse du chômage a un effet relativement limité sur les résultats de l'entreprise, puisque la plupart de ses magasins sont situés dans des régions où une grande partie de la population reçoit des prestations de l'État, dit M. Simard.

North West affiche un rendement élevé sur le capital investi, dégage d'abondantes liquidités et dispose d'un solide bilan. M. Simard juge aussi le titre raisonnablement évalué.

Un des principaux risques associés au titre est le changement prochain de son statut juridique. Comme les autres fiducies de revenu, elle sera imposée comme une société par actions dès 2011, ce qui pourrait avoir un effet sur le maintien de sa distribution.

7 Power Corp., pour sa solidité

Le bénéfice et le dividende de Power Corp. ne croissent plus au rythme élevé d'antan, mais la société de portefeuille de la famille Desmarais reste un des meilleurs titres financiers, soutient M. Nield.

Son dividende équivaut à 44 % de son bénéfice et à 13 % de ses flux de trésorerie, une proportion nettement inférieure à celle des banques.

Deux de ses filiales, l'assureur vie Great-West et le fournisseur de fonds communs Société financière IGM, profiteraient d'une reprise boursière, sans toutefois trop souffrir si cette reprise tardait.

La rentabilité de Great-West est moins sensible aux fluctuations boursières que celle des rivales Financière Manuvie et Financière Sun Life. Son bilan est aussi moins exposé aux actifs douteux que celui d'autres institutions financières, malgré ses importantes activités de rentes en Grande-Bretagne.

L'assureur vie a tout de même senti le besoin d'émettre pour 1 G$ d'actions en novembre dernier afin de renflouer son capital.

Quant à IGM, la société dégage des flux de trésorerie excédentaires et préserve sa rentabilité, même si les investisseurs boudent ses fonds communs.

8 Reitmans Canada, pour son bilan exemplaire

Le principal détaillant pour femmes au pays vise principalement le créneau des vêtements mode bon marché, ce qui lui permet de mieux résister à la récession que de nombreux autres détaillants, estime Carl Simard.

Reitmans a réussi à améliorer son rendement du capital investi au cours de la dernière année malgré le fait que le ralentissement économique était déjà amorcé au Canada, souligne M. Simard.

Reitmans possède un solide bilan et dégage d'abondantes liquidités, deux facteurs qui placent le dividende à l'abri, indique M. Simard. Ses liquidités nettes de 3,13 $ par action équivalent au quart du cours de l'action.

Le dividende qu'elle verse représente la moitié de son bénéfice net, ce qui lui laisse une grande marge de manoeuvre.

Après avoir chuté de moitié en 12 mois, son titre est bon marché, estime M. Simard.

À court terme, ses marges bénéficiaires souffriront du recul du dollar canadien, car Reitmans effectue la plupart de ses achats en dollars américains.

9 Shoppers Drug Mart, pour sa croissance rentable

La croissance de Shoppers Drug Mart ralentit, mais le pharmacien peut continuer d'enrichir ses actionnaires, car il gagne des parts de marché dans les prescriptions et les cosmétiques, dit M. Nield.

Sa taille lui permet de négocier de meilleurs prix avec ses fournisseurs pour contrer l'effet de la chute du dollar canadien, qui rend les marchandises importées plus coûteuses.

Afin de préserver ses marges, Shoppers mise davantage sur les produits de marque maison.

" Shoppers a des avantages concurrentiels dont ses rivales ne bénéficient pas et qui l'aideront à traverser la récession ", dit M. Nield.

Son dividende est modeste par rapport à son bénéfice, ce qui donne la possibilité de l'augmenter quand la récession sera finie.

10 SNC-Lavalin, pour les infrastructures

L'ingénieur-conseil SNC-Lavalin verse un dividende encore modeste, mais l'a augmenté en moyenne de 22 % par année depuis 10 ans. La firme l'a d'ailleurs accru de 25 % en mars.

Son dividende représente 29 % de ses flux de trésorerie, ce qui lui donne la latitude voulue pour l'augmenter encore, croit Raquel Castiel.

SNC-Lavalin mise sur une clientèle très diversifiée. C'est pourquoi elle devrait augmenter son bénéfice de 5 à 10 % cette année, même si des producteurs de ressources naturelles annulent ou reportent certains projets, affirme Mme Castiel.

L'action a perdu la moitié de sa valeur depuis juin 2008, et tient donc déjà compte de la perte potentielle de contrats et de la révision des bénéfices à des niveaux plus réalistes, estime Mme Castiel.

Mme Castiel et M. Tremblay croient que les dépenses en infrastructures prévues dans les plans de relance des gouvernements prendront le relais du secteur privé au cours des prochaines années et soutiendront la rentabilité de SNC-Lavalin.

SACHEZ ÉVITER LES DIVIDENDES FRAGILES

Vous êtes alléché par le dividende que verse une entreprise ? Avant d'acheter le titre, assurez-vous que cette société a les moyens financiers de maintenir son dividende.

Voici quatre conseils pour éviter les dividendes fragiles. Dans chaque cas, il est important de comparer les données de l'entreprise par rapport à l'ensemble de son secteur.

> Évitez les rendements élevés

Un titre dont le rendement de dividende est nettement supérieur à celui de son industrie recèle souvent un piège pour l'investisseur.

Ce rendement se calcule en divisant le dividende annuel par le cours actuel de l'action. " Dès qu'un dividende dépasse 8 %, il faut s'interroger sur sa solidité. Un rendement élevé reflète un cours affaibli, ce qui signale que les investisseurs prévoient déjà que le dividende sera réduit ", explique David Tremblay, gestionnaire du Fonds de dividendes Omega.

> Comparez les dividendes aux bénéfices

Un autre bon moyen est de comparer le dividende au bénéfice de l'entreprise.

Pour établir le ratio de distribution, soit la proportion du bénéfice qui sera distribuée en dividende, le mieux est de regarder comment la rentabilité de l'entreprise a évolué depuis plusieurs années, recommande M. Tremblay.

Plus ce ratio est faible, meilleures sont les chances que le dividende soit maintenu.

Par exemple, la Banque TD souhaite distribuer de 35 à 45 % de son bénéfice sous forme de dividendes. Or, ce ratio atteindra 50 % cette année, car son bénéfice décroît. La TD maintiendra son dividende si elle juge que la faiblesse de sa rentabilité est temporaire, a indiqué récemment son président, Ed Clark.

> Comparez les dividendes aux flux de trésorerie

Afin d'évaluer encore plus précisément la capacité des entreprises de maintenir leur dividende, les gestionnaires comparent les dividendes à verser aux flux de trésorerie que les entreprises dégagent de leur exploitation.

Il est possible qu'un dividende soit solide même s'il est élevé par rapport au bénéfice, car la nature des activités de l'entreprise a pour effet de diminuer son bénéfice comptable.

Par exemple, Emera, un fournisseur d'électricité des provinces maritimes, dégage des flux de trésorerie supérieurs à son bénéfice, car l'amortissement de ses éléments d'actif est une dépense comptable qui n'exige aucune sortie de fonds, explique Steve Bélisle, analyste chez Investissements Standard Life.

Ce calcul se fait en soustrayant les dépenses en capital et les frais d'intérêt des flux dégagés par l'exploitation, dit-il.

> Évitez les entreprises surendettées

Si une entreprise est très endettée, il lui en coûte plus cher pour emprunter, ce qui peut aussi menacer les dividendes. De plus, les créanciers peuvent faire pression sur l'entreprise pour qu'elle réduise son dividende, afin de constituer un coussin financier pour payer les intérêts en période de récession.

Les investisseurs devraient éviter les entreprises dont l'endettement est nettement supérieur à celui de leur industrie. D.B.

dominique.beauchamp@transcontinental.ca; yannick.clerouin@transcontinental.ca

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