Deux siècles d'histoire

Publié le 15/10/2011 à 00:00

Deux siècles d'histoire

Publié le 15/10/2011 à 00:00

Par Claudine Hébert

De la viande avant la bière

Lorsqu'il est arrivé d'Angleterre en 1782, John Molson s'est d'abord lancé dans le commerce de la viande. Il achetait du bétail pour ensuite revendre les carcasses de viande. Il a aussi investi dans le commerce de l'import-export. Mais le jeune Molson s'en est vite retiré, parce qu'il jugeait le retour sur l'investissement beaucoup trop long.

Un bon boss

À l'époque, les entrepreneurs payaient leurs employés en leur fournissant le logis et la nourriture. John Molson aurait été l'un des premiers à payer son maître brasseur en espèces sonnantes et trébuchantes, en 1788.

Brasser des affaires

En Angleterre à la fin du 18e siècle, l'industrie brassicole et le monde financier ne font souvent qu'un. Ainsi, les banques Barclays et Perkins ont leur brasserie. De ce côté-ci de l'Atlantique, la famille Molson participe à la création de la Banque de Montréal en 1825, puis fonde sa propre banque en 1853. L'institution, qui a compté jusqu'à 125 succursales au Québec et en Ontario, fusionne avec la Banque de Montréal en 1925. Aujourd'hui encore, le bâtiment qui a abrité le siège social de l'ancienne Banque Molson a pignon sur la rue Saint-Jacques, à l'angle de la rue Saint-Pierre.

John Molson, précurseur de l'intégration verticale...

Exercer ses activités hors des fortifications de la ville en 1786 fait bien l'affaire du jeune John Molson. En plus de bénéficier d'importantes réserves d'eau potable et de la proximité du port, la brasserie se trouve tout près de nombreuses terres agricoles où poussent l'orge et le houblon nécessaires à la fabrication de la bière. D'ailleurs, John Molson offre gratuitement aux fermiers les semences qu'il achète en Angleterre. Au fil des ans, il se dote aussi d'une fonderie, d'une meunerie et d'un clos de bois.

... et du développement durable ?

John Molson consignait déjà, en 1808, les bouteilles en verre. Importés d'Angleterre, ces contenants coûtaient cher. Ce qu'on verrait aujourd'hui comme un geste écologique était, en fait, une décision très économique.

Une relève prometteuse

La première relève entrepreneuriale de la famille Molson a lieu le 1er décembre 1816. C'est ainsi que naît la société connue sous la raison sociale de John Molson and Sons. En déléguant des responsabilités à ses fils John Jr, Thomas et William, John Molson peut s'adonner à la politique active. Il sera d'ailleurs élu à la Chambre d'Assemblée du Bas-Canada pour représenter la circonscription de Montréal-Est.

Le sportif de la famille

Bien avant que les frères Hartland et Tom Molson achètent le Forum et le Canadien de Montréal en 1957, un membre de la famille brassicole s'était déjà illustré sur la patinoire : Percival Molson. L'arrière-petit-fils de John Molson senior aurait aidé les Victorias de Montréal à remporter la Coupe Stanley en décembre 1896. Il n'était âgé que de 16 ans. Nommé athlète de l'année à l'Université McGill à trois reprises consécutives (aucun autre athlète n'a répété l'exploit jusqu'à ce jour), Percival a été champion d'athlétisme en saut en longueur et joueur de football. Il est décédé en 1917, durant la Première Guerre mondiale. Dans son testament, il léguait 75 000 $ pour le tout nouveau stade de l'université montréalaise. D'où le nom Stade Percival-Molson.

Préserver les emplois

En pleine crise économique au début des années 1930, le dirigeant de la brasserie Molson, Herbert, réduit les heures de ses employés plutôt que de les licencier.

Fin tragique

Un des membres de la famille Molson, Harry Markland Molson, a péri dans la tragédie du Titanic en avril 1912.

1786 Tout ça pour une dette

La brasserie achetée par John Molson en 1785 comptait déjà trois ans d'existence. Le jeune Molson, âgé de 22 ans, a mis la main sur l'entreprise en rachetant les dettes de l'ex-propriétaire, Thomas Lloyd. Peu après son retour d'Angleterre, où il a été acheter de l'équipement et des semences, il démarre officiellement sa brasserie, en 1786.

5¢ Prix de la première bière, en 1786

Des tonnes d'archives

John Molson avait l'habitude de tout noter. Tout, tout, tout : recettes, expériences, ingrédients... sans oublier les comptes et les dépenses. Une façon de faire qu'il a léguée à ses descendants. Les documents du Fonds Molson que l'on trouve aujourd'hui à Bibliothèque et Archives Canada s'entassent sur plus de 1,2 km de hauteur.

Le transport vu par les Molson

Au début du 19e siècle, la famille Molson a contribué à l'évolution du transport. D'abord maritime. En 1809, elle inaugure le premier bateau à vapeur de construction canadienne. La famille Molson possédera jusqu'à 36 bateaux à vapeur, une flotte qui, à l'époque, était plus imposante que celle des Américains. Les bateaux servent au transport de la bière, de passagers... et de soldats pendant la guerre anglo-américaine de 1812. Les Molson sont également à l'origine de la construction du tout premier chemin de fer au Canada. En association avec 73 autres hommes d'affaires, ils forment la Compagnie des propriétaires du chemin à lisses de Champlain et du Saint-Laurent. En 1836, le tronçon qui relie La Prairie et Saint-Jean-sur-Richelieu facilite le transport de la bière vers le marché américain.

Premier théâtre

On doit à la famille Molson la création du tout premier théâtre sur le sol canadien : le Théâtre Royal, en 1825. La salle de 1 500 places, qui aurait coûté 30 000 $ à l'époque, est alors devenue la première salle du Canada consacrée exclusivement aux arts d'interprétation, surtout au théâtre. Charles Dickens est même venu y présenter une pièce en 1842. Le théâtre est déménagé Place Jacques-Cartier en 1844. L'édifice qui l'abritait a été démoli pour faire place au Marché Bonsecours.

Bienvenue aux dames !

Au début des années 1870, bien avant les efforts de guerre, la brasserie Molson figure parmi les premières entreprises à embaucher des femmes, pour l'embouteillage des bières.

Sources : Stéphane Morin, sommelier, éditeur d'Effervescence.ca et historien de la bière, Encyclopédie canadienne et Dictionnaire biographique du Canada

À la une

Gains en capital: le chaos

Il y a 33 minutes | Dany Provost

EXPERT INVITÉ. La confusion règne depuis l'annonce de la hausse des impôts sur les gains en capital. Ne paniquez pas.

Le gain en capital devient inéquitable

EXPERT INVITÉ. C'est un pari risqué de refroidir l'appétit des investisseurs pour le marché immobilier canadien.

Budget fédéral 2024: la moitié des Canadiens sont insatisfaits

Il y a 17 minutes | La Presse Canadienne

Logement et défense nationale divisent; les impôts sur gains en capital suscitent des critiques.