Des travailleurs autonomes par choix ou par défaut ?

Publié le 12/01/2013 à 00:00, mis à jour le 10/01/2013 à 10:06

Des travailleurs autonomes par choix ou par défaut ?

Publié le 12/01/2013 à 00:00, mis à jour le 10/01/2013 à 10:06

L'économie canadienne s'est enrichie de 312 000 emplois en 2012, une année pourtant calamiteuse concernant le marché du travail ailleurs sur la planète. La France, par exemple, vient d'en perdre en décembre, pour un 18e mois consécutif. Et les espoirs y demeurent bien modestes pour 2013.

En ce sens, la performance canadienne est remarquable, d'autant plus que la locomotive du continent, les États-Unis, en est encore au stade de la convalescence. Le Canada a dû se débrouiller avec ses propres moyens.

Le Québec s'en est lui aussi relativement bien sorti, surtout vers la fin de l'année, alors qu'il a mis fin à une vilaine séquence durant laquelle il voyait surtout apparaître des emplois à temps partiel. Le marché du travail a fini par se raffermir, semble-t-il, puisque les emplois à temps plein ont pris le dessus à partir de l'automne. Au final, le nombre de salariés québécois a augmenté de 60 000 en 2012, une hausse encourageante, même si elle est inférieure au poids relatif de la population québécoise dans l'ensemble canadien (sur 312 000 nouveaux emplois, 75 000 auraient dû théoriquement atterrir ici). Mais ce n'est après tout pas si mal.

Les jeunes, une situation préoccupante

Voilà pour les bonnes nouvelles. Une donnée demeure cependant préoccupante : la faiblesse récurrente de l'emploi chez les 16 à 24 ans.

Eux n'auront pas eu de quoi se réjouir. Ils forment le seul groupe à avoir vu leur volume d'emplois décliner en 2012. La perte n'est pas énorme, environ 9 000 postes, mais dans le contexte, c'est douloureux, et même doublement, puisque les portes du marché du travail devaient commencer à s'ouvrir toutes grandes.

On annonce depuis quelques années que les baby-boomers s'apprêtent à partir à la retraite, créant ainsi des tonnes d'occasions. Il faut croire qu'ils ont décidé de reporter leurs adieux, ne serait-ce que temporairement, parce que les ouvertures ont été bien plus minces qu'on ne l'avait prévu.

Résultat : le taux de chômage chez les jeunes est resté obstinément élevé tout au long de l'année qui vient de se terminer, culminant à 14 % en décembre, un taux deux fois plus élevé que la moyenne nationale de 7,1 %.

On est encore loin des chiffres désastreux de la Grèce et de l'Espagne, où ce taux frôle les 60 % et où l'horizon risque de rester sombre pendant encore plusieurs années. Sauf que, dans le contexte canadien où on est porté à bomber le torse face au reste de la planète, cette frilosité des employeurs à embaucher des jeunes est gênante.

C'est peut-être ce qui explique la progression du travail autonome au pays. Selon l'Institut de la statistique du Québec, l'emploi autonome a augmenté plus rapidement que l'emploi salarié entre 1976 et 2011. L'élan a ralenti en 2011, mais semble avoir repris de la vigueur en 2012, surtout chez les jeunes. En fait, selon le site newcomersinfo.ca, au Canada, «parmi les jeunes de 19 à 34 ans, les travailleurs autonomes constituent le segment du marché du travail qui affiche le plus haut taux de croissance».

En principe, c'est le signe d'une économie vaillante. Les travailleurs autonomes sont de réels entrepreneurs. Ils travaillent à leur propre compte, ouvrent des marchés là où ils perçoivent des occasions d'affaires. Ce sont des fonceurs... ou bien des gens qui n'ont simplement pas le choix.

C'est certainement vrai pour bon nombre de ces travailleurs qui décident de se mettre à leur compte. Mais réussir en affaires n'est pas donné à tout le monde. La plupart du temps, ces travailleurs dits autonomes doivent se contenter de boulots à la pièce. Ce n'est pas tant de l'entrepreneuriat que de la survivance.

Par contre, on note une progression réelle des intentions entrepreneuriales au Québec, c'est-à-dire une volonté claire de se lancer en affaires, non pas par défaut, mais bien par choix. C'est ce que démontre le récent «Indice entrepreneurial 2012» de la Fondation de l'entrepreneurship du Québec. Le Québec est encore à la traîne du reste du pays, mais il est en voie de combler l'écart.

L'espoir est en partie là : ces jeunes qui restent sur les lignes de côté par manque de travail constituent un formidable bassin d'entrepreneurs potentiels, mais on ne peut raisonnablement leur suggérer de foncer par eux-mêmes. Sans direction, ils vont plutôt foncer dans un mur. Un Québec véritablement entrepreneurial doit être un Québec en mesure d'accompagner ses candidats entrepreneurs.

DE MON BLOGUE

Retour du hockey

Meilleur pour le moral que pour l'économie

Les partisans purs et durs du hockey ne vont pas au ballet, mais ils fréquentent peut-être davantage les cinémas. Dans l'ensemble, l'économie se réajuste. L'impact psychologique sera probablement plus fort. Le hockey est rassembleur, chez nous. On aime ou on n'aime pas, mais il fait oublier bien des tourments.

Vos réactions

«Je suis d'accord à 90 %. Dans le cas du sport professionnel, il y a une proportion de l'argent qui vient de l'extérieur. Ce n'est donc pas des vases communicants dans ce cas.»

- sceptique

«Effectivement, ce sont surtout les commerces autour des arénas qui profiteront du retour du hockey. Mais même si tous souhaitent que les propriétaires et les joueurs subissent les contrecoups du lock-out, je doute que ce conflit fasse mal au hockey, même dans les villes situées au sud. L'entente conclue vise justement à améliorer les revenus des équipes qui peinent à attirer des spectateurs.»

- Dynastie

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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