Des hydroliennes québécoises à la conquête du marché nord-américain

Publié le 17/09/2011 à 00:00, mis à jour le 19/09/2011 à 11:35

Des hydroliennes québécoises à la conquête du marché nord-américain

Publié le 17/09/2011 à 00:00, mis à jour le 19/09/2011 à 11:35

Alors que plusieurs ne jurent que par le solaire et d'autres par l'éolien, Imad Hamad, lui, prêche pour l'hydrolien. Son meilleur argument : un prototype d'hydrolienne que son entreprise, RER, a déposé dans le lit du fleuve Saint-Laurent. Et c'est convaincant. L'entreprise montréalaise a signé une entente avec Hydro-Québec, une autre avec la torontoise Northland Power, et compte en annoncer une troisième cet automne avec une société américaine.

Des contrats décrochés grâce à la fiabilité de la technologie, assure le premier vice-président et directeur général de RER (Recherche en énergie renouvelable) : "Nous avons déposé notre première hydrolienne dans le fleuve Saint-Laurent en août 2010, et le bilan est extrêmement positif. Il n'y a eu aucune défaillance, et nous avons pu établir la fiabilité de notre technologie."

Imad Hamad estime que RER devrait produire de 4 000 à 5 000 hydroliennes au cours des prochaines années. "Cette année, 10 emplois seront créés. D'ici deux ans, le chiffre devrait atteindre 350", dit Imad Hamad. L'entreprise emploie 30 personnes, des chercheurs. Le directeur général assure que toute la production se fera au Québec.

RER compte bien profiter des occasions qu'offre le Plan Nord du gouvernement du Québec. Celui-ci prévoit l'ajout 3500 MW d'énergie propre et renouvelable : 3000 MW d'hydroélectricité, 300 MW d'éolien et 200 MW provenant d'autres sources, dont l'énergie de cours d'eau.

Toutefois, comme la puissance optimale est tributaire du débit des rivières, RER compte se lancer à l'assaut du marché britanno- colombien. "Le Québec possède 3 % du potentiel hydrolien du pays, alors que la Colombie-Britannique en a près 97 % !" note-t-il, ajoutant que le débit des rivières québécoises est considérablement moins élevé en raison de son terrain peu accidenté. "Dans l'Ouest canadien, les cours d'eau sont beaucoup plus rapides. Nous n'avons qu'à penser aux fleuves Columbia, Fraser ou Peace."

Selon le dirigeant, le marché potentiel des hydroliennes fluviales se chiffre à 150 milliards de dollars au Canada et à 500 milliards aux États-Unis. Et, comme ce marché est peu développé, RER compte s'en tailler une belle part. "Nous n'avons aucun réel concurrent à l'heure actuelle, souligne Imad Hamad. Dans le secteur des hydroliennes fluviales, nous avons trois ans d'avance sur nos plus proches concurrents [tels que Verdant Power] et notre modèle est deux fois plus puissant."

En Europe, on a surtout développé des hydroliennes qui exploitent les courants marins. "Leur taille est beaucoup plus grande, et elles doivent être installées à 10 ou 15 kilomètres des côtes à des profondeurs de 30 ou 40 mètres." L'exemple le plus connu : un prototype installé dans le détroit écossais de Pentland Firth. On y trouve un appareil composé de quatre turbines de 20 mètres de diamètre pouvant produire jusqu'à 4 MW.

Avantages des hydroliennes fluviales

En comparaison des autres énergies renouvelables, les avantages des hydroliennes fluviales sont notables, estime Imad Hamad : "Le solaire est tributaire de la présence du soleil, tandis que l'éolien dépend de la force des vents." Les hydroliennes fluviales, elles, peuvent bénéficier du débit constant qu'offrent les cours d'eau où elles sont déposées et qui reste essentiellement le même tout le long de l'année.

Toutefois, certaines critiques font état de l'impact potentiel d'une telle technologie sur la faune et la flore des rivières. Ainsi, Greenpeace Canada écrivait sur son site Internet que l'organisation voyait "d'un mauvais oeil" le développement de la filière hydrolienne au Québec : "Avant d'aller vers le développement de l'énergie hydraulique, il faut d'abord faire en sorte qu'il n'y a pas d'impacts négatifs sur les espèces et les écosystèmes fluviaux. Fait à noter : en raison de l'envergure de certains projets d'hydroliennes, ceux-ci pourraient s'apparenter à des barrages."

Imad Hamad défend sa technologie : "Nous n'utilisons qu'une infime partie des fonds d'une rivière." Reprenant l'exemple du fleuve Saint-Laurent, il rappelle qu'à des fins d'efficacité, seulement 8 % de la largeur du lit du cours d'eau pourrait accueillir ses hydroliennes. Il assure qu'à l'instar des éoliennes, les pales des hélices tournent lentement sur elles-mêmes sans danger pour l'écosystème marin.

150 Marché potentiel, en milliards de dollars, des hydroliennes au Canada. Aux États-Unis, ce potentiel grimpe à 500 milliards, selon Imad Hamad, président de RER.

LA PUISSANCE DE L'HYDROLIENNE FLUVIALE DÉPEND DU DÉBIT DU COURS D'EAU

100 kW

DÉBIT

3,0 m3/s

250 kW

DÉBIT

4,1 m3/s

340 kW

DÉBIT

4,5 m3/s

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