De belles années à l'horizon

Publié le 26/11/2011 à 00:00

De belles années à l'horizon

Publié le 26/11/2011 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Le déballage de nouveaux projets ne ment pas. La métallurgie au Québec se dirige vers une belle remontée, alimentée par les prévisions de croissance de la demande des métaux. Mais des défis demeurent, et ils ne seront pas faciles à relever.

«C'est le moment d'investir, parce que la croissance va être soutenue durant les 10 prochaines années, sinon plus», lance Serge Bergeron, président de la Table de concertation sur la métallurgie et responsable du développement stratégique des opérations chez Rio Tinto Fer et Titane.

Cette société a récemment annoncé un investissement de près de 600 millions de dollars (M $) pour l'expansion de son usine de poudres métalliques à Sorel-Tracy, à la suite de l'augmentation de 40 % de la capacité de production à sa mine d'ilménite à Havre-Saint-Pierre.

Dans le secteur de l'aluminium, Alcoa vient de dévoiler 2,1 milliards de dollars de dépenses d'ici cinq ans pour moderniser ses installations de Baie-Comeau, Deschambault et Bécancour.

Alouette s'apprête à officialiser la phase 3 de son aluminerie, pour laquelle elle vient de sécuriser un approvisionnement de 500 MW d'électricité auprès d'Hydro-Québec.

Ces quelques projets - il y en d'autres - démontrent que l'industrie mise sur la modernisation pour traverser les 10 ou 20 années à venir.

Le fait que ces investissements de multinationales aient été faits ici, au Québec, constitue une «reconnaissance», ajoute Jean Simard, président de l'Association de l'aluminium du Canada. Une usine modernisée ne serait pas la première à fermer si se produisait un cataclysme, comme une réduction soudaine de la demande chinoise ou une crise du crédit dans la zone euro.

Dans le but de conserver ses acquis et d'attirer d'autres projets métallurgiques, le gouvernement du Québec est en train de fondre plusieurs programmes en un seul, qui s'appellera Essor, a appris Les Affaires.

Transformer ici... ou pas

Mais en cette période de forte volatilité, les bonnes nouvelles côtoient l'incertitude et les écueils.

Ainsi, dans l'acier, le projet de doubler la capacité de bouletage d'Arcelor Mittal Mines Canada à Port-Cartier, à la suite de l'expansion de la mine de fer à Fermont, a été remis en étude : on ne sait plus combien de boulettes supplémentaires on veut fabriquer au Québec ni la quantité de concentré que l'on préférera expédier sans d'autres transformations. Une décision devrait être prise d'ici Noël.

Dans le secteur du cuivre, la seule fonderie qui reste au Canada, la fonderie Horn de Xstrata à Rouyn-Noranda, subit le prix élevé du cuivre. La hausse d'intrant augmente ses coûts de production, car elle doit payer pour le stockage, explique Louis-Philippe Gariepy, directeur, Affaires Corporatives, chez Xstrata Copper et Xstrata Zinc Canada.

La fonderie l'a échappé belle lors de la dernière récession, parce qu'elle avait procédé à une rationalisation. Ayant fermé son site à Timmins, en Ontario, elle a pu réduire de moitié ses coûts de stockage, signale M. Gariépy. Mais elle ne prévoit pas prendre de l'expansion dans le cuivre. Elle entend toutefois augmenter sa capacité de recyclage, un marché en croissance.

L'usine de zinc de Xstrata, elle, risque de perdre un client : le nouveau propriétaire de la mine Langlois, Nyrstar, a ses propres fonderies.

Énergie coûteuse

Un autre facteur d'inquiétude est le coût de l'énergie. Le Québec a longtemps été reconnu comme une des juridictions les moins chères à cet égard, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui : d'abord parce qu'ailleurs, en Chine et au Moyen-Orient notamment, on peut produire de l'électricité à moindre coût (à partir de sources fossiles, comme le charbon et le gaz naturel) et ensuite parce que les tarifs à risques partagés négociés dans les années 1980 arriveront à échéance un à un à compter de 2014 et qu'ils ne seront vraisemblablement pas reconduits. Dorénavant, les industries métallurgiques &#339uvrant au Québec auront le tarif L, qui se situe dans le deuxième quartile des moins chers.

«Dès le troisième quartile, vous allez vers le désinvestissement», avertit Jean Simard, de l'Association de l'aluminium du Canada.

Le Québec est donc mis au défi de conserver ses acquis - et d'essayer d'en tirer le maximum. Comment ? En cultivant ses forces : l'excellence opérationnelle, l'innovation, la rapidité de livraison, la fiabilité de son réseau électrique, ses très bons résultats en santé et sécurité, et sa flexibilité. Telles sont les clés pour se distinguer des pays émergents.

MESURES ENVIRONNEMENTALES : UN ACCUEIL DIVERSIFIÉ

Côté environnement, la décision du gouvernement québécois de se joindre au marché du carbone de la Western Climate Initiative divise l'industrie.

Pour l'industrie de l'aluminium, qui a réussi à réduire de 80 % ses émissions de gaz à effet de serre tout en doublant sa capacité de production, la réglementation est une bonne nouvelle, si les contraintes tiennent compte de ce qui a déjà été fait.

Pour les aciéries ou les fonderies, la décision pourrait diminuer la compétitivité du Québec. Des efforts - et des investissements - importants sont toutefois faits dans des usines québécoises pour réduire l'empreinte écologique. Rio Tinto Fer et Titane, notamment, a prévu plus de 100 millions de dollars pour se conformer aux nouvelles normes environnementales.

30 G $US Les projets d'aluminerie en cours dans le Golfe persique totalisent 30 milliards de dollars américains. | Source : Alumium Dubai, mai 2011

PROPORTION DES ALUMINERIES DU MONDE CONSTRUITES EN CHINE ENTRE 2000 ET 2010

9 % en 2000

40 % en 2010

Source : Association de l'aluminium du Canada

L'EMPLOI EN CHIFFRES

Où travaillent-ils ?

50 % Alumineries : 12 600 travailleurs

17% Sidérurgie : 4440

15% Fonderies : 3828

10 % Métaux non ferreux : 2624

6 % Fabrication de produit en acier : 1612

Total des travailleurs : 25 104

Source : Comité sectoriel de main-d'&#339uvre de la métallurgie du Québec (2008)

Et dans quelles régions ?

Montérégie 30%

Saguenay-Lac-Saint-Jean 17%

Montréal 15%

Centre-du-Québec 8 %

Côte-Nord 8 %

Mauricie 5 %

Autres 17 %

suzanne.dansereau@transcontinental.ca

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