Courir un marathon de deux ans

Publié le 19/01/2013 à 00:00

Courir un marathon de deux ans

Publié le 19/01/2013 à 00:00

Pendant deux ans, Stéphanie Hamelin, 41 ans, a mené de front son rôle de mère de deux jeunes enfants, son emploi de directrice stratégie et développement des affaires au Mouvement Desjardins à Lévis et ses études de MBA, qu'elle a obtenu en juillet dernier à l'Université Laval.

Toute la semaine, elle s'est levée à 5 h 30 et s'est couchée vers minuit, profitant du sommeil de ses garçons pour étudier. La journée était consacrée au travail, la soirée, aux enfants, et la nuit et le petit matin, aux études...

Elle garde néanmoins un bon souvenir de cette période, surtout grâce «à la camaraderie» très marquée dans son équipe. Elle y a trouvé un soutien essentiel, dit-elle.

«On occupait tous des postes de responsabilité, beaucoup d'entre nous étaient des parents et on avait tous fait le même choix de préparer un MBA. Donc, on se comprenait et on s'épaulait», raconte-t-elle.

Cette agronome-agroéconomiste voulait donner un deuxième souffle à sa carrière et diversifier son expertise en affaires. Qualifiée de «cadre relève gestionnaire» par son employeur, elle a bénéficié de son soutien durant ses études. Il a payé une partie de ses frais de formation et lui a aménagé un horaire flexible pour lui permettre de réaliser ses travaux. La nouvelle diplômée s'attend d'ailleurs à recevoir une promotion prochainement.

Stéphanie Hamelin devait se rendre au campus deux samedis par mois, en plus du travail personnel à fournir. En moyenne, les étudiants du MBA doivent consacrer hebdomadairement de 20 à 25 heures de travail personnel, tout en continuant à travailler.

Deux temps pleins

Pour arriver à fournir l'effort nécessaire, chacun développe sa propre méthode. Martin Cossette, conseiller juridique chez Bell, passait ses dimanches à plancher pour pouvoir s'occuper de ses deux enfants en bas âge (dont un nourrisson !) la semaine.

Karl Desbiens, directeur des approvisionnements et de la mise en marché chez Canac, s'octroyait des moments de liberté les vendredis et les samedis soirs de même que les dimanches, mais s'enfermait chez lui pour étudier le samedi et pendant trois heures en rentrant du travail, tous les jours. «J'avais deux temps pleins», plaisante-t-il.

Quant à Bernard Truong, directeur des relations d'affaires stratégiques pour les opérations imparties et le soutien technique à la Banque Nationale, il avait prévenu ses amis de ne pas trop le solliciter pour éviter les tentations... et il a arrêté de jouer au bridge.

À chacun sa technique, mais tous le reconnaissent : ce sont des années difficiles. Les nerfs sont d'autant plus mis à rude épreuve que le cursus dure plus longtemps que pour un MBA à temps plein : de deux à trois ans généralement.

«C'est particulièrement dur la deuxième année quand on rate les sorties en famille depuis déjà un an», dit Martin Cossette.

Un cheminement bien connu des responsables de formation. «C'est comme un marathon. Au début, on a l'impression d'avoir des ailes. Mais après un an et demi d'études, c'est le mur. On s'essouffle. La famille aussi», décrit Alain Tremblay, directeur adjoint du Centre Laurent-Beaudoin de l'Université de Sherbrooke à Longueuil.

Les abandons sont malgré tout très rares. Un ou deux par cohorte tout au plus, et souvent pour des causes de maladie, de mutation professionnelle ou de promotion inopinée.

L'attention portée par les responsables de ces formations pour cadres en exercice à leurs étudiants explique en partie ce bon taux de rétention. «On suit beaucoup nos participants. On est en classe avec eux dans tous les modules», explique Alain Pinsonneault, codirecteur de l'EMBA McGill-HEC.

Rythme effréné

Mais le plus important réside dans le processus de sélection, très poussé. La plupart des universités demandent une lettre attestant le soutien de l'employeur. Elles posent des questions sur l'adhésion du conjoint et sur l'organisation familiale prévue pendant les études.

Sans l'appui du conjoint, c'est impossible, assurent les diplômés qui sont passés par là. Car il faut tout mener de front : les études et la famille, mais aussi le travail. Et être performant partout ! Bernard Truong a trouvé la solution. Il a intégré son équipe de travail à ses travaux pour le MBA et a choisi des problèmes affrontés dans son emploi comme sujets de devoirs et de présentations. Puis, il a appliqué ses apprentissages au sein de son entreprise.

«J'aurais dû faire ces analyses dans le cadre de mon travail de toute façon. Le faire pour le MBA me permettait d'économiser du temps tout en restant performant au boulot.»

Les enseignants de la plupart des universités utilisent le plus possible les problématiques auxquelles les étudiants font face dans leur entreprise comme cas d'étude. Un moyen de s'assurer du soutien des employeurs.

LES MEILLEURS CONSEILS DE TROIS DIPLÔMÉS

Stéphanie Hamelin

«C'est extrêmement exigeant, même physiquement, mais on en ressort avec une très grande fierté.»

Son emploi : Directrice stratégie et développement des affaires au Mouvement Desjardins à Lévis.

Ses motivations : Diversifier son expertise en affaires et atteindre un poste doté de plus grandes responsabilités.

Son objectif : Diriger une équipe de haut savoir dans son domaine d'activité.

Ses trois conseils : Ne pas sous-estimer la tâche. Être rigoureux. Être entouré et encouragé.

Karl Desbiens

«En faisant mon MBA, j'avais l'impression de partir en mission.»

Son emploi :Directeur des approvisionnements et de la mise en marché chez Canac, qui se spécialise dans la vente de produits de quincaillerie et de matériaux de construction.

Ses motivations : Il a choisi de faire un MBA, en 2010, pour actualiser ses connaissances et se positionner le plus haut possible dans l'organisation.

Son objectif : Devenir directeur général de son entreprise ou, si c'est impossible, obtenir un poste similaire dans une autre firme.

Ses trois conseils : Ne pas réduire ses heures de sommeil. Garder du temps libre. Être discipliné.

Bernard Truong

«Dans ce parcours, l'orgueil n'a pas sa place.»

Son emploi : Directeur des relations d'affaires stratégiques pour les opérations imparties et le soutien technique, depuis trois ans, à la Banque Nationale.

Ses motivations : Grandir dans l'entreprise et travailler à des niveaux plus stratégiques.

Son objectif : Poursuivre sa carrière en continuant de contribuer au succès de la Banque et en mettant pleinement à profit ses compétences et habiletés.

Ses trois conseils : Faire un MBA pour soi, pas pour les trois lettres. Avoir le soutien de son réseau d'amis. Se préparer psychologiquement à un rythme soutenu.

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