Comment l'élection américaine touchera votre entreprise

Publié le 27/10/2012 à 00:00, mis à jour le 29/10/2012 à 15:08

Comment l'élection américaine touchera votre entreprise

Publié le 27/10/2012 à 00:00, mis à jour le 29/10/2012 à 15:08

Bien malin qui peut prédire avec précision qui de Barack Obama ou de Mitt Romney l'emportera le 6 novembre. Mais ce qui est certain, en revanche, c'est que le résultat de l'élection présidentielle américaine aura un effet sur les exportateurs canadiens et les entreprises d'ici implantées aux États-Unis.

INFRASTRUCTURES

OBAMA veut investir 210 milliards de dollars américains sur six ans pour reconstruire les routes, les ponts et les chemins de fer dans l'ensemble des États-Unis.

ROMNEY veut réduire de 5 % les dépenses publiques (y compris celles d'infrastructures) pour réduire le déficit et la dette publique.

Effet sur nos entreprises

La victoire d'Obama serait favorable aux entreprises canadiennes, qui peuvent fournir des biens et des services pour revamper ces infrastructures. Carl Grenier, professeur en sciences politiques à l'Université Laval et à l'École nationale d'administration publique, met toutefois les entreprises en garde contre les politiques d'achat local, inspirées des clauses du Buy American. Les sociétés canadiennes implantées aux États-Unis, elles, ne sont pas touchées par ces politiques.

ÉNERGIE

OBAMA veut continuer à favoriser les énergies renouvelables, sans pour autant tourner le dos aux hydrocarbures.

ROMNEY prévoit favoriser l'importation et la production d'hydrocarbures aux États-Unis. Il approuverait aussi rapidement le projet d'oléoduc Keystone XL de TransCanada (suspendu par l'administration Obama) pour acheminer le pétrole de l'Alberta vers des raffineries au Texas. Les énergies vertes ne sont pas une priorité pour lui.

Effet sur nos entreprises

«Une défaite de Barack Obama pourrait réduire l'intérêt des États-Unis pour les énergies vertes», dit Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins. Par contre, sa réélection donnerait un second souffle aux producteurs d'énergies renouvelables, d'autant plus qu'Obama continuerait de soutenir la R-D dans ce domaine, selon une source à Washington.

Il renouvellerait le crédit d'impôt à la production d'énergie éolienne de 2,2 cents américains le kilowattheure, qui vient à échéance le 31 décembre, selon Jean-François Nolet, vice-président, politiques et affaires gouvernementales, à l'Association canadienne de l'énergie éolienne.

«Sa réélection augmenterait les chances queZ le crédit soit prolongé, mais reste à voir à quoi ressemblera la composition du Congrès», dit-il. Lors de l'élection du 6 novembre, le tiers des sièges du Congrès (formé du Sénat et de la Chambre des représentants) seront renouvelés. Si les démocrates devaient perdre leur majorité au Sénat (les républicains contrôlent la Chambre des représentants), il serait plus difficile alors pour le président Obama de discuter avec le Congrès pour reconduire le crédit d'impôt.

Cela dit, une victoire de Romney stimulerait les investissements pour accroître les capacités de transmission d'électricité aux États-Unis, car il souhaite intégrer davantage les marchés énergétiques dans l'ALENA. Une telle politique créerait des occasions d'affaires pour les producteurs canadiens d'électricité, comme Hydro-Québec, et pour les entreprises canadiennes (équipementiers, firmes d'ingénierie, etc.) qui ont des solutions pour aider les États-Unis à renforcer leur réseau de transmission.

DÉPENSES MILITAIRES

OBAMA veut réduire de 487 G$ US les dépenses militaires aux États-Unis durant la prochaine décennie, en vertu du Budget Control Act en vigueur depuis janvier.

ROMNEY compte augmenter les dépenses militaires et les porter à 4 % du produit intérieur brut des États-Unis. Depuis 20 ans, elles se sont établies en moyenne à 3,3 % du PIB, selon The Economist.

Effet sur nos entreprises

Plusieurs sociétés québécoises vendent leurs biens et leurs services au secteur militaire des États-Unis, comme CAE (simulateurs de vols), Héroux-Devtek (trains d'atterrissage et aérostructures), Hélicoptères canadiens ou Alta Précision (composants de trains d'atterrissage). La victoire de Romney serait favorable à ces entreprises, tandis que la réélection d'Obama pourrait se traduire par une réduction des contrats de l'armée américaine. Les fournisseurs de matériel ou de services en aérospatiale qui ont diversifié leurs marchés en vendant au secteur civil pourront réduire l'impact des réductions des dépenses militaires.

LES IMPÔTS

OBAMA veut ramener le taux fédéral d'imposition des entreprises à 28 % (au Canada, il est de 15 %). Quant aux particuliers, il propose d'augmenter l'impôt de ceux qui gagnent plus de 200 000 $ en faisant passer leur taux d'imposition de 35 à 39,6 %.

ROMNEY veut faire passer de 35 à 25 % le taux fédéral d'imposition des entreprises et réduire l'impôt des particuliers de 20 %.

Effet sur nos entreprises

En réduisant l'impôt des sociétés, les deux candidats les rendront plus concurrentielles. «Je crois que tout le monde y gagnerait», dit Jean-Michel Laurin, vice-président des Manufacturiers et exportateurs du Canada. Des entreprises moins imposées peuvent, par exemple, importer plus de composants du Canada. Les baisses de l'impôt des particuliers peuvent stimuler l'économie américaine.

Christian Deblock, économiste au centre d'études sur l'intégration et la mondialisation à l'UQAM, prévient que la lutte au déficit proposée par Romney risque de tuer dans l'oeuf la reprise. «La demande globale s'effondrera.» Selon lui, la lutte au déficit proposée par Obama est plus équilibrée, car elle mise sur une réduction des dépenses et une hausse des revenus du gouvernement.

LE CANADA PROFITE DAVANTAGE DES DÉMOCRATES

Voilà un mythe qui vole en éclats. Le Canada et ses entreprises se portent mieux quand les États-Unis sont gouvernés par des administrations démocrates plutôt que républicaines.

C'est ce que montre une analyse réalisée par Pierre Martin, professeur en sciences politiques à l'Université de Montréal et titulaire de la Chaire d'études politiques et économiques américaines, dans un article récent du périodique canadien International Journal.

Pourtant, une majorité de gens d'affaires au Canada sont convaincus que ce sont les républicains qui sont leurs véritables alliés aux États-Unis. Or, selon les données colligées depuis 50 ans par Pierre Martin, cette perception est fausse.

Depuis 1961, la croissance annuelle du PIB réel par habitant au Canada a été de 2,02 % en moyenne. Quand le locataire de la Maison-Blanche était un démocrate, le PIB par habitant au Canada a progressé de 2,92 % comparativement à 1,34 % lorsque c'était un républicain. En outre, un meilleur niveau de vie des Américains augmente la demande intérieure, ce qui favorise les exportateurs canadiens.

Selon Pierre Martin, les administrations démocrates favorisent aussi l'enrichissement de l'ensemble des citoyens canadiens.

Ainsi, les années de croissance du PIB par habitant les plus fastes au Canada coïncident avec les administrations démocrates de John F. Kennedy/Lyndon B. Johnson (1961-1969) et de Bill Clinton (1993-2001). En revanche, la croissance du PIB a connu ses plus bas taux sous les présidences républicaines de George Bush père (1989-1993) et de George W. Bush (2001-2009).

Dans un entretien avec Les Affaires, Pierre Martin a indiqué que l'influence positive des administrations démocrates sur le Canada et ses entreprises tient essentiellement au fait que leurs politiques visent surtout à stimuler la demande interne aux États-Unis.

«Cela fait augmenter la demande de biens et de services, notamment ceux qui proviennent du Canada.»

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