Comment Cora Tsouflidou a réussi le transfert de son entreprise à son fils

Publié le 23/05/2009 à 00:00

Comment Cora Tsouflidou a réussi le transfert de son entreprise à son fils

Publié le 23/05/2009 à 00:00

Par Claudine Hébert

Plus de 20 ans après avoir créé l'une des adresses matinales les plus courues au Québec (et maintenant presque partout au pays), Cora Tsouflidou demeure toujours la principale actionnaire de Chez Cora Déjeuners. Elle préside encore le conseil d'administration du groupe d'une centaine de franchisés, dont le nombre devrait doubler d'ici cinq ans.

Mais prenez-en note : c'est son fils Nicholas qui tient désormais les rênes de la société. " C'est lui, le grand patron ", souligne fièrement Mme Tsouflidou, qui a légué la direction de l'entreprise à son fils benjamin, en 2006. Il avait alors 34 ans.

Une offre qui bouleverse tout

Qu'est-ce qui a motivé la reine québécoise des petits-déjeuners à céder subitement son trône ? Une offre d'achat. " Depuis l'ouverture du premier restaurant sur Côte-Vertu, j'ai toujours consulté mes trois enfants avant de prendre des décisions pour Chez Cora. Lorsque je leur ai dit qu'une entreprise voulait nous acheter, Nicholas a fait part de son intérêt à la diriger un jour ", raconte Mme Tsouflidou. Nicholas a occupé presque tous les postes imaginables depuis le début de l'aventure de Chez Cora, de balayeur de planchers à pdg.

Touchée par les intentions de son fils, la femme d'affaires d'origine gaspésienne, qui disait vouloir mener sa barque aussi longtemps que la Providence lui en donnerait la capacité, n'a pas hésité. Du jour au lendemain, elle a offert le poste de direction à son fils.

Selon elle, il s'agissait d'une occasion en or de laisser Nicholas prendre le contrôle. De lui donner la chance de développer et d'approfondir ses compétences de direction avant que la société ne prenne de l'expansion. Une fois de plus, son instinct de femmes d'affaires, sa petite voix intérieure, celle qui la guide depuis ses débuts de son entreprise, ne l'a pas trompé.

" Au départ, j'avoue que je craignais de devoir faire le deuil de mon pouvoir. Je considérais cette transition comme un grand sacrifice. J'ai eu peur d'avoir peur... C'est l'une de mes meilleures décisions ", dit celle qui célèbre cette année son 62e anniversaire de naissance.

Avant d'annoncer officiellement la nouvelle aux franchisés, en 2007, Cora Tsouflidou a attendu un an, période durant laquelle son fils a pu s'habituer à occuper le fauteuil de sa mère. Pour faciliter le transfert et assurer la réussite du projet, Mme Tsouflidou a fait appel à un ami et conseiller, Robert Sherreck, qui lui avait déjà donné un coup de main lors de la création des premières franchises en 1994. Le changement de garde a été bien accueilli par les employés et les franchisés.

" À la suite de l'annonce officielle de mon départ, j'étais préparée à faire mes adieux à la société, à devoir me retirer, à passer à autre chose. Et non ! Mon fils a insisté pour que je reste auprès de lui. ''Maman, me dit-il régulièrement, tu demeures mon meilleur outil'' ", raconte celle qui continue de participer activement à l'expansion de l'entreprise.

En fait, la situation actuelle plaît énormément à Cora Tsouflidou. Délestée des lourdes fonctions administratives et opérationnelles qui font le bonheur de son fils, la fondatrice de Chez Cora se consacre désormais corps et âme à ses tâches favorites : la création de recettes et le marketing. " Je suis avant tout une créative, pas une administratrice. Mon plaisir a toujours résidé dans la préparation de bonnes assiettes qui ravissent les clients. C'est ce qui m'anime ", insiste-t-elle.

En plus, Cora Tsouflidou a la chance de voyager dans tout le pays, un privilège qu'elle n'avait pas auparavant. " En d'autres mots, je fais ce que j'adore et je continue de récolter les compliments ! "

DES ACTIONS EN HÉRITAGE

Cora Tsouflidou n'en démord pas : il n'est pas question qu'elle vende ses actions à ses enfants. " Je vais les leur léguer en parts égales à mon décès ", souligne-t-elle. Nicholas héritera toutefois de toutes ses actions avec droit de vote. Ses deux autres enfants, Théo et Gesthimani, avec lesquels Cora a longuement discuté de ses intentions, l'appuient sans réserve. " Un seul patron pour le bien de l'entreprise ", ont dit ses deux enfants, qui ne sont plus à l'emploi de la société depuis plusieurs années.

Bien que la notion de legs ait fait sourciller son comptable, personne ne fera changer d'idée la sexagénaire. " Si je n'avais pas eu l'aide de mes enfants, qui étaient tous trois adolescents à l'époque, jamais Chez Cora Déjeuners ne serait devenue l'entreprise qu'elle est aujourd'hui. Ils ont souvent travaillé bénévolement. Mes enfants font partie intégrante du succès de l'entreprise ", mentionne-t-elle.

Divorcée (son mari l'a quittée pour retourner en Grèce), sans emploi, Mme Tsouflidou, alors dans la quarantaine, n'oubliera jamais les moments durs qu'elle a traversés. Pour se sortir de la misère, elle a vendu sa maison (avant que la banque ne la saisisse, avoue-t-elle) pour acheter un petit casse-croûte de 29 places dans l'Ouest de Montréal. C'était en 1987. " Nous sommes passés d'une maison de quatre chambres à un quatre et demi ", se souvient-elle.

Un parcours difficile qui explique que Cora Tsouflidou préfère léguer ses actions plutôt que de les vendre. " Je suis parvenue à changer le karma de pauvreté qui régnait dans ma famille depuis des générations. De savoir que mes petits-enfants n'auront pas de soucis financiers me réconforte. " C.H.

dossiers@transcontinental.ca

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